«Si je proposais un jeu consistant à montrer dix personnes dans un avion en perdition, équipé de seulement neuf parachutes, je trouverais des candidats» affirme John de Mol, apôtre de la soi-disant «télé-réalité» et créateur de nombreuses émissions de ce genre télévisuel en plein développement.
Plutôt que d'afficher un sourire complaisant à la pensée des centaines de candidats qui se presseraient au portillon pour participer à un jeu dont le prix à payer pourrait être la mort, Yan Duyvendak décide d'être l'un deux, déterminé à obtenir lui aussi son «quart d'heure de célébrité mondiale».
Le voilà, ce parcours dérisoire et désespéré de ceux à qui on promet que leurs rêves peuvent devenir réalité. Au milieu de ces illusions qui tournent parfois au cauchemar, Yan Duyvendak s'agite cocassement, essayant consciencieusement d'intégrer les solutions décousues de ceux qui veulent lui apprendre à être une star.
Au détour des espoirs impossibles de ces postadolescents, Yan Duyvendak, bien trop réel pour cette prétendue téléréalité, démonte la machinerie de cette déshumanisante compétition et dresse le portrait des icônes que notre société crée et consomme impitoyablement.
Nicole Borgeat
Continuant son exploration des relations entre le spectacle vivant et le cinéma, Yan Duyvendak investigue avec Self-service les rapports du texte et de l'image : comment le texte invente-t-il les images ? Qui, des images ou des textes, engendre le sens ? Comment le sens se réinvente-t-il lors d'assemblages hétérogènes, ironiques, voire comiques ? Loin de la démonstration attendue d'une préséance du textuel sur le visuel, la performance nous entraîne vers des fictions qui paraissent se démultiplier jusqu'au vertige. Ces « voix off », par définition destinées au hors champ, investissent singulièrement le champ, s'incarnent dans la figure de l'artiste, deviennent « contes » et créent une singulière intimité avec les personnages et lieux que l'on visite. Il y a du bonheur à se laisser berner. Il y a du bonheur à se laisser emporter.
Coproduction Centre pour l’Image Contemporaine (sgg*) Saint-Gervais Genève
Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (fmac)
Nuit de la Science, Musée d’Histoire des Sciences Genève
Continuant son exploration des nouvelles icônes que nous offre la société de consommation, Yan Duyvendak, vêtements militaires et mitrailleuse au poing, s’incarne en un personnage de jeu vidéo. Mélangeant différents niveaux de réalité, il passe imperceptiblement du rôle du joueur à celui du soldat sur l’écran pour finir en véritable soldat. Lorsque les mots de celui qui se trouve devant sa console de jeu deviennent ceux d'un soldat pris de panique sur le champ de bataille, lorsque les images du jeu sont rapportées par le soldat Duyvendak comme une réalité militaire, lorsque le langage informatique croise le verbe guerrier, un vertige nauséeux s’installe. Questionnant le lien entre représentation de la violence et violence réelle, l'artiste dénonce dans un même geste l’impossible légèreté des jeux de guerre et la terreur de la réalité qui les a inspirés.
12, rue Léchevin 75011 Paris