Dans ses trois dernières pièces, Yasmine Hugonnet s’était consacrée au solo. Elle a voulu cette fois se lancer dans une pièce de groupe à partir des mêmes préoccupations : comment concilier un engagement et un abandon intenses dans le même corps et dans le même temps, comment jouer sur les pôles passif et actif, visible et invisible, afin d’observer la métamorphose à l’oeuvre, le voyage du mouvement.
Elle a choisi pour cela de revisiter la figure de la ronde, cette forme de danse immémoriale qu’on retrouve dans de très nombreuses cultures, l’ambition étant ici de transformer la structure commune, l’architecture elle-même, autant que chaque corps. Dans le silence, qui crée une densité particulière et un espace tactile, les danseurs évoluent selon un principe de réciprocité : chacun est à la fois soutien et soutenu, réceptif et producteur. Quelque chose se déplace entre les corps, même lorsqu’ils sont immobiles ; un espace de résonance s’ouvre. La dimension rituelle de la ronde est ainsi activée simplement par l’attention, la patience et l’engagement réclamés aux danseurs comme aux spectateurs.
Dans ce quatuor, un carré dans une ronde, il y a toujours quelque chose qui tourne : l’intention, le geste, le regard, la voix… La ronde se resserre et s’éloigne, devient en partie invisible, mais poursuit son déroulement, le même objet se changeant en un autre. Le corps s’affirme et se fait oublier et permet le surgissement des images, la naissance de « l’idée d’un corps ». « Mais ce corps n’est pas celui des danseurs, c’est un corps symbolique, archétypal, social, un corps qui est le lieu de la communication » souligne la chorégraphe.
Compagnie : Arts Mouvementés.
1 rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen