Blonde et belge d’abord, éclectique et électrique ensuite, amusante et battante aussi, ou bien ravageuse et originale… Au premier regard, plus d’un poncif conviendraient à Zoé. Elle a su s’en accommoder, en faire des atouts et en sourire aujourd’hui, d’un second degré qui n’appartient qu’à elle.
Une fille de plus dans le paysage français de la rime féminine ? Désolé de bousculer vos certitudes mais dès les premières notes, une évidence : Zoé ne ressemble à personne. Choriste de Maurane, elle brûle les planches et séduit les membres d’Europacorp, la société de production de Luc Besson, qui produisent son premier album Tout va bien. Mêlant humour grinçant et désarmante sincérité, Zoé n’aime pas les droits chemins, préfère le charme à la beauté et les claques à la béatitude.
Pour sa nouvelle tournée, Zoé vous reçoit dans sa cuisine, c’est dire qu’il n’est pas question de mondanités ! Car c’est dans sa cuisine intérieure qu’elle développe un art particulier des chansons paradoxales avec ses textes drôles qui bouleversent, ses réflexions qui décapent. Elle va rapidement vous saisir, vous laisser doucement mijoter, vous flamber sans hésiter et vous servir à point.
De réminiscences Beatles en guitares sixties, de rythmique swing en trip hop ternaire, de boucles électro en riffs jazzy, elle déploie ses atours sur des chansons délicieusement indisciplinées. Auteur compositeur, Zoé a signé la majeure partie des textes de son album mais ne s’est jamais refusée de belles rencontres.
Ainsi, Xavier Lacouture a su écrire sur une émotion enfouie (Maman) et mêler ses mots à ceux de la chanteuse pour l’ironique et incisif À vendre où elle se met dans la peau de son propre disque, usant de tous les charmes pour appâter l’auditeur. Un titre coup de poing joyeusement d’actualité qui a le mérite de mettre les pieds dans le plat d’une industrie phonographique où l’on ne parle plus que de morosité et de piratage à défaut de création… la seule chose qui intéresse véritablement Zoé !
Pourtant, ne voir en elle qu’une amuseuse de galerie serait se tromper de personnage. Le rire fait souvent place à des drames bruts disséqués au scalpel comme ce Je porte un toast où elle signe une chanson sur l’alcoolisme avec le regard de ceux qui souffrent auprès de ceux qui vivent l’addiction sur une musique mimétique où les harmonies tombent comme l’on se noie dans l’alcool. Un tango argentin déstructuré (Tout va bien) dissimule le jeu des apparences et la tristesse d’une vie hypocrite de “bourgeoisomane”. Ce premier album est celui d’une fille puzzle dont les couleurs dessinent, une fois réunies, les traits d’une artiste singulière qui a choisi de ne pas choisir entre le masculin et le féminin, la douceur et la tyrannie.
Parvis des Arts 94140 Alfortville