La chapelle Saint Louis et la place de la Rougemare
Il était une fois … La Pie Rouge !
La chapelle Saint Louis et la place de la Rougemare
Aujourd’hui, la Chapelle Saint-Louis, place de la Rougemare à Rouen est un lieu culturel où compagnies régionales, nationales et internationales viennent faire vibrer le public. Mais il faut savoir que son histoire s’inscrit dans celle de la ville de Rouen et qu’elle fait parler d’elle depuis déjà bien longtemps. Les vieux platanes et les pierres taillées nous racontent leurs aventures et parfois même leurs péripéties.
Au Xème siècle, la place de la Rougemare n’est alors qu’un vaste champ situé en dehors de l’enceinte fortifiée de Rouen. Un affrontement sanglant entre Français et Allemands la marque à tout jamais.
Au XIIIème siècle, elle se trouve dans l’enceinte de la ville et prend le nom de Rougemare en mémoire de cet événement meurtrier. Elle devient en 1450 un grand marché de chevaux qui est transféré au XVIIIème siècle place du Boulingrin. Notre chère place reste affectée à la vente des veaux, volailles et produits de la ferme.
Un couvent édifié à la fin du XVIIème siècle est occupé par la communauté des Bénédictines de Saint-Louis. Mme Elisabeth Colbert, proche parente de l’illustre ministre et abbesse de la communauté depuis 1675 l’avait acheté. En 1683, la première pierre est posée. Le monument qui subsiste toujours est l’œuvre de Charles Chamois (vers 1610 – après 1684), conseiller ingénieur ordinaire du roi Louis XIV et architecte de ses bâtiments.
A la Révolution, le couvent est supprimé, la gendarmerie reprend les locaux en 1796. L’ancienne église sert de magasin aux fourrages et l’ancien chœur particulier des dames de magasin de distribution.
En 1818, elle est mise à la disposition de la société pour l’encouragement de l’instruction élémentaire, méthode d’enseignement inventé par l’abbé Gauthier. L’école Saint-Louis est affectée à l’enseignement simultané, en application de la loi Guizot, puis est nommée école Théodore Bachelet. La ville était déjà propriétaire de la chapelle et de la cour en 1858. De plus, en 1879, l’Administration a acquis un immeuble, rue du Vert Buisson, dans lequel trois classes sont aménagées. La chapelle sert alors d’annexe avec une classe.
Mais la chapelle menace ruine et son état fait craindre des accidents. De nouvelles acquisitions (rue du Vert Buisson, rue des Carmélites) sont opérées, toutes les classes s’installent hors de la chapelle.
Abandonnée, elle reçoit l’affectation d’exposition d’hygiène urbaine. Le musicien Albert Dupré la loue pour y donner des concerts, ce qui fait retarder sa démolition votée en 1894 par le Conseil Municipal. Finalement de 1895 à 1930 elle devient dépôt pour le matériel dépendant du service de la Voirie de la Ville de Rouen.
La chapelle est restaurée, à l’intérieur, de 1930 à 1935 et sert alors de lieu de réunion et d’entraînement aux sociétés sportives de la ville, en tant que gymnase municipal. En 1957 elle est classée au titre des Monuments Historiques. Ensuite, la municipalité la fait débarrasser pour la remettre en état et lui donner une affectation plus décente.
En 1977, après l’inauguration des travaux, elle sert de lieu culturel en accueillant plusieurs expositions mais n’est pas utilisée régulièrement. En 1991, elle est équipée afin de devenir un théâtre semi-permanent où plusieurs compagnies régionales donnent leurs représentations. Enfin, en janvier 1999, une gestion de la chapelle, selon les termes d’une convention 3 ans renouvelable une fois, est accordée au Théâtre de la Pie Rouge. Aujourd’hui vous connaissez ce lieu chaleureux et pleins d’histoires, nouvelles et passées ; sinon venez le découvrir et écouter les pierres et les platanes !
Il était une fois … La Pie Rouge !
A la Pie Rouge, « il s’agit de montrer ce qu’on sait faire, d’avoir plus d’une ficelle dans son sac, c’est comme ça que les comédiens de la Pie ont appris à chanter, « musiquer », jongler, « échasser », cracher, éructer, péter, guincher, faire rire et faire pleurer et même jouer ». Oui, la Pie Rouge est une troupe de théâtre, mais pas n’importe quelle troupe ! Elle est proche du public et veut faire rêver.
Guy Faucon et Sylvie Habault fondent en 1970 la Compagnie de la Pie Rouge. Depuis elle explore les modes d’expression dits « populaires », non pas dans un but folklorique ou nostalgique mais comme matériaux vivants de création théâtrale.
Ses spectacles empruntent aux genres : théâtre forain, music-hall, arts de la rue, farce, rock, opérette, grand guignol, chanson, jazz … mais aussi à des genres plus littéraires : le mélodrame Blaise (1983), l’exercice de style Recettes de théâtre (1984), le cadavre exquis Miracle domestique, décor de Pierre Garcette (1982), le conte philosophique Rosa d’après Maurice Pons (1986). Elle touche à différentes formes d’art comme le cinéma Le jardin des veuves (1989), l’opéra Jeanne au bûcher de Honegger et Claudel, mise en scène de Michaël Lonsdale, direction d’orchestre de Laurent Petitgirard (1991). La Pie Rouge a monté des cabarets littéraires Oulipiporouge (1991) d’après les auteurs de l’Oulipo (Noël Arnaud, Paul Fournel, Harry Mathews, Jacques Roubaud, François Caradec, Jacques Jouet, Marcel Bénabou…), En sortant de l’école – Cabaret Prévert (1995). Elle s’intéresse également au grand spectacle en plein air avec Le mystère du Caillou Marais (1992), Don Quichotte de la Seine d’après Cervantès (1998) mais aussi aux textes classiques, Roméo et Juliette, Britannicus et contemporains comme Mère Courage de Brecht, Les Trompettes de la mort de Tilly…
Le but de ces recherches est de faire jouer les modes les uns avec ou contre les autres en une alchimie irrespectueuse qui doit provoquer le rire et l’émotion ; mais aussi donner naissance à de nouvelles formes théâtrales, participer à l’élaboration d’un nouveau langage.
De part ses choix esthétiques, la Pie Rouge se devait faire l’expérience de la rue. Tout naturellement elle en a joué sous ses divers aspects : de la parade pour annoncer un spectacle au feuilleton ambulant qui théâtralise une ville ; elle s’est « taillée » une solide réputation dans ce domaine (en France et à l’étranger).
De Andé à Florence en passant par le centre Georges Pompidou, Berlin, San Francisco et bientôt Le Caire, elle aime sentir les réactions du public. Elle crée un théâtre drôle, émotionnel et qui donne à réfléchir. Les jeux de mots, les jeux de scènes, les chansons, les costumes trouvent leur place dans un tourbillon de messages que le spectateur est invité à saisir. La Pie Rouge attend une réaction, une réaction qui lui permette d’avancer encore et encore pour son plaisir et pour votre plaisir !
Cette pratique a conforté sa vocation itinérante et sa volonté de faire du théâtre partout, dans les villes et les campagnes.
Son ambition est de jouer et de chanter un théâtre ouvert.
Elle se veut conviviale et solidaire. La Pie Rouge est une troupe de création ; elle écrit, compose, réalise ses spectacles. Elle travaille aussi avec les écrivains, plasticiens, musiciens contemporains vivants. Derrière toutes ses représentations se cachent tout un travail d’équipe, une équipe dynamique qui s’attribue le nom de tribu.
La Pie Rouge s’est aussi des comédiens qui travaillent avec des bénévoles et des publics en difficulté. Sylvie HABAULT anime depuis 6 ans des ateliers théâtre/cinéma avec les détenus de la prison du Val de Reuil. En 2000, la compagnie a tourné un film (Le Petit Cirque Alchimique) et un spectacle en plein air (Don Quichotte) avec de nombreux bénévoles. Depuis octobre 2000, cette comédienne a créé et anime un atelier théâtre avec un public varié.
Depuis son installation à la Chapelle Saint-Louis (Rouen) en janvier 1999, le Théâtre de la Pie Rouge a offert au public normand des saisons théâtrales pleines de réjouissances. Il a découvert ou redécouvert ce lieu magique qu’est la Chapelle Saint-Louis et il est venu applaudir des artistes nationaux, internationaux et régionaux.
QUELQUES LIEUX : Le Moulin d’Andé, le Festival d’Avignon, l’île de Bréhat, la Cartoucherie de Vincennes, le Carnaval des Ténèbres (St Quentin en Yvelines), le Centre Pompidou, Cergy (Pontoise), Dieppe (CAC), Freibourg (Festival), le Havre, Fête de l’Humanité, IFCA (Aix en Provence), San Francisco (USA), Berlin, Almeidera (Portugal), la Pépinière Opéra (Paris), Les villages de l’Eure et de la Seine Maritime, Suisse (Festival) et bientôt Le Caire…
place de la Rougemare 76000 Rouen