Accueil du public
Les écritures poétiques contemporaines
Le projet artistique : Ouverture-s
L’atelier, outil et programme d’action
Histoire
La Maison de la poésie dispose de deux salles de spectacles : la grande salle (156 places) est un théâtre à l'italienne, la petite salle (30 places) est de disposition frontale et le public est installé sur de petits gradins.
Seule la grande salle est accessible aux personnes à mobilité réduite, merci de le préciser avant votre commande au 01 40 13 84 65 (pour vérification des disponibilités). D'autre part, des programmes et guides en gros caractères sont à votre disposition.
Un espace librairie vous accueille aux horaires des spectacles.
Le retrait des places peut s'effectuer 1h avant le début du spectacle.
Elle a pour vocation première de défendre les écritures poétiques contemporaines. Elle s’intéresse aux poètes vivants, aux talents de la scène actuelle et à toutes les formes poétiques, en programmant les spectacles de son directeur et d’autres metteurs en scène invités.
Elle se veut un lieu de création, d’expérimentation et de débat. Désireuse de nourrir les échanges et de partager les expériences, la Maison de la Poésie s’adresse aux publics les plus variés.
La Maison de la Poésie est subventionnée par la Ville de Paris.
Me voici directeur de la Maison de la Poésie, moi qui dit volontiers que la poésie n’aime pas vivre à la maison, moi qui écris sur les murs : « Courir les rues, fendre les flots, battre la campagne ! » Moi qui aime réfléchir en marchant, écrire dans les trains et mêler sur les plateaux du monde entier poésie et musique.
Alors, la Maison de la Poésie, pour y faire quoi ? Je ferai en sorte que, dans ce lieu unique à Paris, en France et même dans le monde, vous puissiez découvrir la poésie à sa meilleure place dans le spectacle vivant d’aujourd’hui. Je la défendrai. Ainsi la Maison de la Poésie affirmera encore la nature de sa fondation : un hommage sera d’ailleurs rendu à Pierre Seghers, qui en est à l’origine. Je dis volontiers que j’hérite de cet homme de la Résistance et de la renaissance, écrivain et poète, éditeur essentiel, fondateur de l’incontournable revue Poésie.
Ma nomination à la direction de cette maison confirme que son Conseil d’Administration souhaite une impulsion nouvelle. Cette Maison, je la désire lumineuse, essentielle, ouverte aux vents de la terre et aux courants de la poésie. Je souhaite que tous les spectacles de la Maison de la Poésie soient tissés de rencontres. Repas de joie et de sens que de voir s’affronter au travail auteurs et diseurs ! Cet espace public vise à promouvoir la vie artistique et littéraire. C’est aussi un espace civique d'échanges, de débats, de réflexion, autour de la poésie, par une mise en relation des auteurs, des artistes, des penseurs et du public.
Réaffirmant ma passion pour l’écriture contemporaine, la programmation fera la part belle à l’écriture vive, active, présente au monde et à sa représentation dans tous les courants de la poésie. La Maison de la Poésie doit recevoir les poètes du monde. Elle mettra en œuvre des spectacles dont la poésie est la partition, la poésie seule et toutes les poésies !
Le texte des poètes sera porté jusqu’au public par les acteurs dans un travail de scène fondamental, les spectacles mettront en avant le verbe haut de la poésie et l’art de la dire, la proférer, la chanter…
Nous disons : voici le monde et que la poésie le réenchante ! Alors la Maison de la Poésie fait miroir : que vive ici le ré-enchantement du monde ! Que s’y rassemblent poètes et comédiens, musiciens, penseurs, professeurs, étudiants, amateurs éclairés et curieux enthousiastes, désireux d’apprendre, réfléchir, s’émouvoir…
La Maison de la Poésie s’offre à vous dans ses habits neufs : bienvenue ! Voici le grand plateau ouvert sur la rue Quincampoix ! Les passants plongent l’œil dans le ventre de la baleine. Venez découvrir le programme de la Maison de la Poésie pour la saison nouvelle. Arc-boutée sur le temps présent, la poésie qui se dira ici livre au public des représentations du monde en train de convulser : le 11 septembre 2001 ; la Shoah brûlant le siècle dernier et nouveau ; les voix vivantes immémoriales de Bauchau, Pizarnick, Juliet ; les voix des exclus ; les voix des slammeurs en joute avec les poètes ; et pour débuter, la poésie des rues et de la marche, selon Laurence Vielle. Entrez salle Pierre-Seghers ! Assistez au « beau débit des mots » de Jacques Rebotier. Dans la salle Lautréamont, découvrez la poésie de Luc Boltanski, sociologue et penseur.
Voici encore le nouvel espace virtuel de la Maison sur internet ! Tout à chacun peut préparer ou prolonger sa visite. Voici enfin un atelier d’expérimentation et de réflexion. Cet atelier va s’inventer chez nous en forme de laboratoire de recherche mais aussi en une sorte de forum de rencontre. Pour commencer, nous avons des questions à poser sur l’oralité. Ici, en présence de poètes, de critiques et théoriciens, de comédiens et metteurs en scène, de musiciens d’écriture et d’improvisation, d’artistes de toutes disciplines (arts plastiques, vidéo, photo…), se créera une praxis nouvelle entre la réflexion théorique, de la poésie et la pratique expérimentale de la scène, poésie à la main, poésie en bouche. Sous la forme d’un colloque actif, cet atelier courra en permanence dans nos murs et pourra revêtir d’autres formes au cours des prochaines années.
La Maison de la Poésie, c’est un palais laïc, amical et frugal que nous allons, vous et nous, habiter ensemble quelques saisons, car nous avons de nombreux projets : d’autres spectacles, rencontres, ateliers, débats ; une scène pour la chanson ; des partenariats renforcés… Page à page, pièce à pièce, dans la nouvelle Maison de la Poésie, fleuriront nos rêves.
Claude Guerre
Cet atelier d’expérimentation et de réflexion qui s’ouvre en octobre sous la forme d’un colloque actif est un outil. C’est aussi le programme d’action d’un travail permanent qui ne peut pas se passer d’un laboratoire d’expérimentation.
Avant de prendre la route pour l’aventure nouvelle de la Maison de la Poésie, nous souhaitons poser des questions à la poésie, esquisser les lignes souterraines profondes du désir général d’oralité.
Dans nos pays, la poésie s’écrit dans les livres. On la récite à l’école. Chacun porte dans sa mémoire secrète ses trésors qui parfois paraissent au grand jour. Alors, la poésie se dévoile, elle fait sa cérémonie, elle se dit. L’acte de dire la poésie n’est pas de nature. La poésie est une affaire intime. Dans le fameux for intérieur, disputent ensemble l’extraordinaire exigence, la folie lyrique, le goût du dévoilement et le goût du secret. La poésie est un bijou qu’on porte dans les grandes occasions.
Alors, comment se fait-il qu’on assiste depuis vingt ans à un renouveau de la lecture publique ? Un désir de participer à la scène théâtrale ? Une tentation de prosélytisme de la part des poètes ? Je n’y crois guère. Une intuition chez eux que, dans la grande catastrophe annoncée de la fin du monde, leur parole trouve une légitimité qui s’était enfouie dans les solitudes ? La croyance que le travail poétique transcende le chaos ?
Quand elle monte au front, la poésie, tous les lieux sont bons à prendre et elle les prend : salles des fêtes et théâtres, rues, métros, marchés. Radio. Petits cirques et stades de meeting. Elle prend le micro que personne ne lui tend. Elle s’érige en jambes, la bouche grande ouverte, elle beugle, elle susurre, elle chante.
Je dis volontiers que la poésie constitue une théorie du théâtre. Sa parole nomme. Sa facture hors-fiction exalte un lieu humain pur de tous les naturalismes. La poésie laïque dispute avec la parole religieuse, elle croise les engagements politiques, elle participe des utopies, elle fréquente assidûment l’apologie, elle tisse des rêves nouveaux d’humanisme, elle aime croiser le fer avec les autres arts de la scène, la musique au tout premier chef.
La Maison de la Poésie, créée en 1983 à l’initiative du Maire de Paris, est une conception de Pierre Seghers et Pierre Emmanuel, le poète, passeur de toute la poésie de l’après-guerre, éditeur de la mythique collection des « Poètes d’Aujourd’hui ». Située initialement sur la Terrasse du Forum des Halles, cette institution, unique en France, a depuis 1995, élu domicile dans l’ancien Théâtre Molière, créé en 1791 au cœur d’un Paris révolutionnaire dont ses murs ont gardé mémoire.
Le théâtre Molière fut édifié par Jean-François Boursault-Malherbe sur l’emplacement d’un « bureau des nourrices », situé dans l’étroit passage du même nom reliant la rue Saint-Martin et la rue Quincampoix. Cet ancien avocat, un singulier personnage devenu comédien, directeur des théâtres de Marseille et de Palerme, parfois auteur dramatique, très habile homme d’affaires, saisit l’opportunité d’un nouveau décret qui permettait à tout citoyen d’élever « un théâtre public et d’y faire représenter des pièces de tout genre ». Il plaça l’inauguration de « son » théâtre sous le haut patronage de Molière et présenta Le Misanthrope. Ainsi le passage, jusqu’alors surnommé « passage des Nourrices », devint le passage Molière.
L’édifice, engagé dans les maisons environnantes avait son entrée rue Saint-Martin. « La salle, de forme ronde, décorée de marbre jaune, pourvue de trois rangs de loges ornées de glaces réfléchissant décor et spectateurs » stupéfia Paris par son agencement et la richesse de sa décoration.
Le tout début de l’histoire du théâtre Molière fut brillant. Ce décret de janvier 1791 avait bien sûr pour objet de faire jouer des pièces de circonstance : Boursault n’afficha que des comédies et tragédies de type révolutionnaire et patriotique. Certes des pièces assez médiocres (à une exception près signée du marquis de Sade) mais dans l’air du temps et propres à influencer l’opinion publique entre 1791 et 1792.
Toutefois la situation politique, jour après jour plus tendue, ne favorisait guère la vie des spectacles. Dès 1792, les autorités firent fermer tous les théâtres. S’ensuivit une période très mouvementée : Boursault resta propriétaire de l’immeuble, mais les directeurs se succédèrent ; l’insuccès s’installa ; le théâtre changea souvent de nom : Théâtre des Sans-culottes, Théâtre de la rue Saint-Martin, Théâtre des Artistes en Société ou Théâtre des Amis des arts et de l’Opéra-Comique, Théâtre des Variétés Nationales et Etrangères, qui fut en 1806, grâce à la renommée internationale des auteurs qui y étaient joués (Sheridan et Goldoni entre autres), le moment le plus glorieux de ce théâtre.
En 1807, un décret napoléonien supprima de nombreux théâtres parisiens et le lieu, désormais interdit de théâtre, devient salle de culture physique, d’armes, de concerts, de banquets, de bals… Trois ans plus tard, Boursault vend son théâtre. La salle est coupée en deux dans sa hauteur, le bas devenant magasin de papier, le haut restant salle de bal, plutôt bien fréquentée « si quelques femmes éhontées de la rue aux Ours ne venaient s’y mêler ».
En 1831, l’exploitation du théâtre fut à nouveau autorisée mais, en raison de son état de délabrement total, des travaux durent être entrepris. La façade rue Saint-Martin ayant été détruite, une nouvelle entrée fut ouverte sur la rue Quincampoix. Le « Molière » put ressusciter, mais ne connut aucun succès. D’une faillite à l’autre, les directeurs se sont à nouveau succédés. Seul repère notable : le passage de Rachel, jeune « apprentie » comédienne, dans un cours de déclamation. Après des années de désaffection, la salle retrouva ses destinées révolutionnaires : elle fut utilisée en 1848 par le Club Patriotique du VIIe arrondissement, puis lors des élections de 1869, pour de nombreuses réunions politiques. Finalement vint l’abandon complet et l’oubli total pendant plus d’un siècle. Des commerçants en tout genre louèrent les locaux qu’ils finirent de démanteler. Le vandalisme fit le reste.
Enfin en 1974, après l’intervention auprès des pouvoirs publics de quelques nostalgiques des théâtres disparus, le théâtre Molière fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Ne restaient plus que le magnifique escalier qui conduisait à la salle de bal, les colonnes de pierre aux têtes couronnées, un pan de l’arc doubleau, une inscription sur un mur : « On est prié de laisser au vestiaire, armes et parapluies ». La Ville acquit le bâtiment et, après de très importants travaux de restauration - en fait une reconstruction totale - le rendit à sa vocation de théâtre en 1995 pour y installer la Maison de la Poésie qui, jusqu’alors, étouffait dans l’une des alvéoles du Forum des Halles.
Lorsque les architectes, J.F. Jambry et D. Milojevic, ont entrepris les travaux, il restait bien peu de choses de ce beau théâtre à l’italienne : « une mémoire tenace, inscrite dans les lieux, et quelques détails dissimulés (une structure de loge d'avant scène, des colonnettes en bois calcinées, une forme générale des balcons apparaissant après démolition des rajouts, un volume parallélépipédique encombré de colonnes comme une salle hypostyle), l'ensemble étant entouré, surmonté, écrasé par des immeubles d'habitation occupés et ne lui laissant aucune façade ».
Malgré l’absence de cage de scène, les surfaces manquantes et les contraintes de l’environnement, le défi architectural a été relevé. La salle Pierre-Seghers, d’une capacité d’accueil de 180 places, restitue le volume et l’architecture originale de XVIIIe siècle : « combinaison de formes géométriques pures ou savantes (le cercle, l'ellipse, la courbe parabolique) ; étagement des galeries ; enserrement de la scène par les spectateurs et des spectateurs par l'espace ; présence d'une coupole ». Les belles caves voûtées, oubliées, ont été remises en valeur et dynamisées. Elles abritent la salle Lautréamont, dont la capacité d’accueil est d’une trentaine de personnes. Dans l’une et l’autre salle, le travail sur les formes et les couleurs créent une intimité toute particulière, propice à la diffusion de la poésie.
Michel de Maulne a dirigé cette maison de 1991 à 2006. Pour des spectacles ou des lectures, il y a accueilli les poètes : Tahar Ben Jelloun, Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Georges-Emmanuel Clancier, Claude-Michel Cluny, Jacques Darras, Michel Deguy, Roland Dubillard, Jacques Dupin, Louis-René des Forêts, Jean Grosjean, Eugène Guillevic, Seamus Heaney, Alain Jouffroy, Robert Marteau, Yves Peyret, Henri Pichette, Marcelin Pleynet, Kathleen Raine, Pierre Jean Rémy, Jean-Claude Renard, Jude Stefan, Jean Tardieu, Claude Vigée...
Ainsi que des comédiens et metteurs en scène comme : Catherine Arditi, Jacques Bonnaffé, Marcel Bozonnet, François Chaumette, Christiane Cohendy, Jean-Claude Dreyfus, André Dussolier, Brigitte Fossey, Daniel Gélin, Angélique Ionatos, Jean-Pierre Kalfon, Denis Lavant, Michaël Lonsdale, Fabrice Lucchini, Judith Magre, François Marthouret, Daniel Mesguich, Ludmilla Mikaël, Jean-Pierre Miquel, Redjep Mitrovitsa, Jean Négroni, Emmanuelle Riva, Jean-Paul Roussillon, Dominique Sanda, Didier Sandre, Sapho, Laurent Terzieff, Tilly, Anatoli Vassiliev, Jean-Marie Villégier, Jean-Pierre Vincent...
Depuis mars 2006, Claude Guerre dirige la Maison de la Poésie.
Passage Molière - 157, rue Saint Martin 75003 Paris