Ruine, incendie, censure : le Théâtre des Nouveautés a connu une histoire tumultueuse sans jamais s’éteindre ! Retour sur l’histoire d’un lieu immortel qui n’a rien perdu de son souffle créateur originel.
Le premier Théâtre des Nouveautés s’ouvre dans un contexte de démocratisation du spectacle vivant : si le théâtre conserve alors un rôle d’instruction et de divertissement d’une élite, l’esprit qui suit la Révolution française contribue néanmoins à en élargir de plus en plus le public.
Le Théâtre des Nouveautés est ouvert à cette époque par Cyprien Bérard, qui, à la suite d’un arrêté ministériel perd la direction du Théâtre du Vaudeville. En dédommagement, le ministre de l’Intérieur, lui accorde le privilège d’exploiter un nouveau théâtre sous le titre de Théâtre des Nouveautés qu’il ouvre le 1er mars 1827 au 27 rue Vivienne.
Sur la scène du Théâtre des Nouveautés cohabitent alors des comédies, des vaudevilles, des drames lyriques et des pantomimes, puis à partir de 1829, des opéras-comiques. Ces derniers sont le nouveau genre à la mode et ce qui compte alors pour les directeurs de théâtre est d’attirer en leurs murs des compositeurs à succès. Ce sera chose faite entre 1829 et 1831 aux Nouveautés où l’on joue notamment Le Barbier de Séville de Rossini. Malheureusement, les théâtres privés de l’époque ont une programmation semblable pour un public encore réduit : la compétition est rude et les frais d’orchestre sont élevés. Ces conditions poussent le premier Théâtre des Nouveautés à déposer le bilan en février 1831.
À l’ouverture du second Théâtre des Nouveautés, la capitale est en pleine mutation. Sous l’impulsion d’Haussmann, les Grands Boulevards naissent et supplantent le quartier du Palais-Royal qui concentrait au début du siècle toute l’animation de la capitale.
C’est l’endroit rêvé pour installer un théâtre : le second Théâtre des Nouveautés ouvre au 60 boulevard Poissonnière, dans un bâtiment dessiné par Charles Delalande en 1865. Détruite par un incendie le 3 décembre 1866, la salle est reconstruite à l’identique et ouvre à nouveau le 28 janvier 1867.
Période de mutation urbaine, le Second Empire est aussi une période de recomposition pour les théâtres : beaucoup de salles disparaissent, emportées par le percement de voies nouvelles. D’autres, dotées de locaux modernes et flambants neufs, s’imposent et attirent la majorité du public. Ainsi, les publics populaires et aisés, qui se croisaient jusque-là, choisissent de plus en plus leurs salles et finissent par se côtoyer de moins en moins. La fréquentation des théâtres dont le modèle consistait à attirer ces deux publics est alors mise à mal et l’équilibre se fragilise. C’est le cas au Théâtre des Nouveautés où se succèdent entre 1867 et 1869 pas moins de 5 directeurs. La salle est définitivement fermée en 1873.
Jules Dumont (dit Brasseur) décide en 1878 d’ouvrir un nouveau théâtre au 26 boulevard des Italiens, pour lequel il engage Charles Delalande, l’architecte ayant déjà commis le second Théâtre des Nouveautés. Ancienne vedette du Palais-royal, il apporte le succès à cette nouvelle adresse jusqu’à sa mort en 1890.
Il est remplacé par Henri Michaux qui en devient le nouveau directeur et fait entrer le théâtre dans un âge d’or jusqu’en 1911, date à laquelle le théâtre est malheureusement fermé pour permettre le percement de la rue des Italiens. De son inauguration à sa fermeture, la ligne artistique est la même : celle de la comédie et en particulier du vaudeville. Le 30 juin 1911, le rideau se ferme sur la 1032e de Champignol malgré lui, un vaudeville en trois actes de Georges Feydeau.
La construction de la dernière et actuelle salle des Nouveautés est voulue en 1920 par Benoît-Léon Deutsch, jeune dramaturge cherchant à s’établir. Il ressuscite les Nouveautés, cette fois au 24 boulevard Poissonnière, son adresse actuelle. C’est Adolphe Thiers, architecte « art déco » qui conçoit alors un plan moderne. Rare pour l’époque, le théâtre n’est pas édifié en hauteur, mais de manière descendante, sous terre (la scène est sous le niveau de la rue). Un schéma qui bouscule les habitudes des spectateurs qui ont l’habitude de monter des marches pour atteindre balcons et corbeilles ! Cette disposition participe encore aujourd’hui à l’impression d’un édifice à taille humaine, chaleureux et intimiste.
Benoît-Léon Deutsch choisit d’inaugurer sa nouvelle adresse avec La Journée de surprises de Jean Bouchor et propose ensuite principalement des opéras-bouffe et des opérettes.
L’année 1933 marque ensuite le début des grandes revues, avec Ici Paris et Tout va trop bien en 1936, de Rip (Georges Gabriel Tenon). En août 1939 le théâtre est fermé en raison de la mobilisation de son directeur mais peut ré-ouvrir en novembre et présente successivement jusqu’en mai 1940 des revues comme Juste et durable, Soyons parisiens et Occupons-nous.
Le mois de novembre 1947 marque le premier grand succès d’André Roussin avec La petite Hutte, une pièce aux accents vaudevillesques qui met en scène le triangle « mari-femme-amant ». Le fait qu’André Roussin ait connu la gloire aux Nouveautés n’est pas anodin : déjà à son époque il passe pour l’héritier des grands auteurs de Boulevard.
En 1961, Benoît-Léon Deutsch reprend en main le Théâtre de la Madeleine et laisse son collaborateur Gilbert Dupré seul à la direction des Nouveautés.
En septembre 1973, c’est Denise Moreau-Chantegris, rejointe par son mari Maurice, qui prend la direction du Théâtre des Nouveautés et monte la même année Nid d’embrouille de Claude Magnier. Le couple cultive autant les pièces de création comme Les deux vierges de Bricaire et Lasaygues ou Apprends-moi Céline de Maria Pacôme avec Daniel Auteuil, que des pièces réactualisées, à l’instar de La petite Hutte d’André Roussin, dans une mise en scène contemporaine ou Gigi de Colette avec Danielle Darrieux. Dans les années 2000, on note la nomination aux Molières de l’un de ses spectacles, La Valse des Pingouins de Patrick Haudecœur.
En juillet 2010, le théâtre change de direction. Pascal Legros réinvestit les lieux, après huit mois de rénovation et un renouvellement de programmation qui mise sur des comédies contemporaines portées par des têtes d’affiches. Le genre comique demeure maitre. En 2010, on joue Le Gai Mariage, une pièce de Gérard Bitton et Michel Munz, (scénaristes de La Vérité si je mens). L’année suivante Jean-Luc Moreau met en scène Un Stylo dans la Tête. On joue par ailleurs de nombreuses pièces de Francis Veber comme Cher Trésor ou Le placard.
Si le théâtre mise sur des scénaristes à la plume déjà aiguisée, il s’appuie aussi sur de grands noms de la scène française. En 2012, Michel Bouquet, monstre sacré de l’art dramatique, honore le Théâtre des Nouveautés en interprétant pour la dernière fois sur ces planches l’un de ses rôles les plus emblématiques : Le roi se meurt d’Eugène Ionesco.
À partir de 2018, Pascal Legros invite Isabelle Mergault, en tant qu’autrice et comédienne, à monter plusieurs de ses pièces : Elle & Lui, La raison d’Aymé avec Gérard Jugnot et Adieu je reste avec Chantal Ladesou. De la même manière, il offre la scène du Théâtre des Nouveautés à Josiane Balasko, autrice, metteuse en scène et comédienne pour sa comédie Un chalet à Gstaad.
Depuis la reprise du théâtre, Pascal Legros créé et réunit sur scène des duos d’artistes inédits comme Thierry Lhermitte et Bernard Campan pour Le syndrome de l’écossais, Michel Leeb et Pierre Arditi pour Compromis ou encore Michel Leeb et Francis Huster pour Les Pigeons. Tous participent à la nouvelle reconnaissance du théâtre sur la scène parisienne.
Ainsi, Pascal Legros, de par ses choix artistiques, réaffirme le Théâtre des Nouveautés comme le théâtre incontournable du Boulevard.
Ladislas Chollat met en scène la pièce d'Alan Ayckbourn, auteur anglais le plus joué dans son pays après Shakespeare. Une comédie avec une distribution alléchante : Gérard Darmon, Clotilde Courau, Max Boublil et Elsa Rozenknop.
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24, boulevard Poissonnière 75009 Paris