Après seulement deux disques mais avec près de 700 concerts à son actif, Jeanne Cherhal s’impose, à 27 ans, comme une artiste incontournable sur la scène de la chanson française. Auteur de ses textes et compositrice de ses musiques, la jeune pianiste-chanteuse, totalement autodidacte, propose un univers contrasté où cohabitent humour et sensibilité. Avec Les Monologues du vagin, elle connaît aujourd’hui sa première expérience théâtrale.
Les tenues de sa dernière tournée à peine rangées, Jeanne Cherhal enfile déjà un nouveau costume. De théâtre, cette fois-ci. Le rôle qu’elle tient dans Les Monologues du vagin, mis en scène par Isabelle Rattier, est sa première expérience de comédienne. La jeune femme prend la chose avec gourmandise et excitation. « J’avais envie de jouer Les Monologues depuis longtemps, raconte-t-elle. Le texte me parle, c’est un sujet fort et profond. Après avoir vu la pièce au festival d’Avignon, en 2002, je rêvais d’y participer. »
Aussi, dès que son agenda la laisse souffler, la chanteuse se lance dans l ’aventure avec délectation. Sa dernière tournée-marathon (200 dates) s’ achève le 2 juin dernier par un concert festif au Bataclan, à Paris, suivi d’une série de festivals d’été (Les Vieilles charrues, Solidays, le Paléofestival de Nyon, etc.). Les mois qui suivent cette tournée, plus calmes, vont lui permettre de passer provisoirement à autre chose. Très naturellement elle contacte Isabelle Rattier, et en deux coups de téléphone, la chose est entendue.
Rien d’étonnant à ce débordement d’enthousiasme : la jeune femme déteste rester passive. De plus, Jeanne est avant tout une insatiable artiste de scène. Elle vient de la meilleure école. Celle qui exige qu’on se frotte chaque soir au public. Qu’on le remue et le saisisse aux tripes sous peine qu’il ne vous fasse la peau. Depuis un peu plus de cinq ans, Jeanne enchaîne les concerts. Elle déploie, live, une énergie et une joie très communicatives. Que ce soit dans le cabaret nantais où elle a débuté en avril 2000, ou bien sur la scène de La Cigale, à Paris ; devant quelques dizaines de personnes ou des milliers de fans ; seule au piano ou accompagnée par d’autres musiciens ; en première partie de Jacques Higelin ou occupant la tête-d’affiche, elle se livre toujours avec intensité et un goût immodéré pour les gens. « J’ai connu mes émotions les plus fortes sur scène, confie-t-elle. J’y puise un équilibre et une jubilation qui me donnent le sentiment d’exister. »
Pourtant, elle est presque arrivée là par hasard. Jeanne est née en 1978, dans les alentours de Nantes. L’aînée de trois filles d’un père plombier et d’une mère institutrice, se tourne d’abord vers la danse classique. Entre 9 et 12 ans, elle ne jure que par les pointes et les entrechats. La musique entre plus tard dans sa vie, sous les traits d’un cousin pianiste qu’elle écoute jouer des heures durant. L’instrument emménage un jour à la maison. Les disques de la famille coulent alors sous ses doigts d’adolescente. Autodidacte, Jeanne s’amuse à retrouver d’oreille les Gnossiennes d’Erik Satie, mais également les chansons de Barbara, de William Sheller ou des Beatles.
Au lycée puis à la fac (qu’elle quitte une licence de philo en poche), elle chante et joue de la basse dans différents groupes de rock. Et commence à composer des chansons. D’abord pour une compagnie de théâtre amateur, puis pour elle. Un répertoire se monte progressivement. Sans échafauder de plan de carrière, elle grimpe sur scène et n’en redescend plus. Repérée en 2001 au Printemps de Bourges, elle sort un premier disque un an plus tard (enregistré en public). Le second album, Douze fois par an, paraît en 2004. Il sera récompensé par le Grand prix Charles Cros et une Victoire de la musique, en 2005. Mais aussi son album Live qu'elle Jeanne a enfanté avec la collaboration de Mathieu Bouchet.
Emerveillée par Jacques Higelin, Jean Guidoni, Ani diFranco ou Paul McCartney, elle compose des textes capables de vous tenir éveillé tard dans la nuit et des mélodies qui, au petit matin, s’agitent encore dans un recoin du cerveau. Sans être revendicatrices, ses chansons sont résolument féminines. L’ univers de Jeanne mêle des éléments personnels, parfois très intimes, à des anecdotes plus légères. Avouant son goût pour les personnages abîmés, elle se montre grave et touchante mais réussit toujours à sonner son auditoire d’un contrepoint ironique bien balancé. « Je m’attache à parler de choses et de gens qui ne vont pas bien, en essayant de ne pas le faire de façon tragique », résume cette lectrice de Stephan Zweig, Paul Auster et de la japonaise Yoko Ogawa. Les correspondances se révèlent donc multiples avec le texte plein d’humour d’Eve Ensler. « Je me sens totalement en phase avec la pièce, insiste Jeanne. Et je suis très fière et très heureuse de l’incarner sur scène. »
Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.
Théâtre de la Porte Saint-Martin, Paris
La chanteuse se lance un défi : avec pour partenaire son seul piano, construire un concert dédié au cinéma, en se plongeant dans des chansons de bandes originales emblématiques.
Théâtre du Casino d'Enghien, Enghien-les-Bains
L'Olympia, Paris
Espace 1789, Saint-Ouen
Théâtre Jean Arp, Clamart
Espace culturel André Malraux au Kremlin-Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre
Théâtre Silvia Monfort, Paris
Théâtre Suresnes - Jean Vilar, Suresnes
Malakoff scène nationale – Théâtre 71, Malakoff
Théâtre du Rond-Point, Paris