Lars Norén est un poète, metteur en scène, dramaturge et auteur suédois né le 9 avril 1944 à Stockholm en Suède et mort le 26 janvier 2021 dans la même ville.
Poète
Romancier
Auteur dramatique
Directeur de théâtre
En quelques dates
« Le public et les acteurs doivent respirer ensemble, écouter ensemble. Dire les choses en même temps. Je préfère un théâtre où le public se penche en avant pour écouter à celui qui se penche en arrière parce que c’est trop fort ». Lars Norén, Septembre 2002
Comme beaucoup d’écrivains scandinaves, Lars Norén, né en 1944, a commencé par écrire des poèmes. Son premier recueil (1963) porte un titre romantique Lilas, neige. Le deuxième, Résidus verbaux d’une splendeur passagère, écrit l’année suivante, fait entendre un autre son. Il est composé de poèmes éclatés, presque convulsivement maintenus ensemble à tel point que l’on a de la peine à les distinguer les uns des autres. Les images les plus inattendues s’affrontent, reviennent et se confondent dans le dégoût et le désespoir, mais sont aussi présentes la révolte et une farouche volonté de vivre.
A vingt ans, c’est l’hôpital psychiatrique, diagnostic : schizophrénie, traitement : hibernation et chocs électriques. Il ne cesse pas pour autant d’écrire.
Après Salomé, les sphinxes (1968), composé de réflexions, de poèmes et de textes en prose où se retrouvent certains accents de ses premiers recueils, vient Revolver (1969) où surgissent les thèmes politiques. Dans Poèmes solitaires (1972), il s’agit de la vie quotidienne, solitaire et paradoxalement commune, absurde, détestable et merveilleuse. La forme se fait plus simple, plus fermement organisée, la parole est aussi plus abondante mais en même temps plus laconique, les images plus brèves acquièrent une nouvelle autorité. Les recueils de poèmes de Norén se suivent pratiquement tous les ans, le tout aboutissant à un émouvant poème d’amour, Le cœur dans le cœur (1980).
Entre temps, Lars Norén s’est également essayé au roman, en publiant en 1970 Les apiculteurs. C’est l’image fiévreuse, amère et allègre, d’une jeunesse qui vit de petits vols, de filles, de drogue et de surveillance policière et sociale. Ce devait être le premier volet d’une trilogie.
Le deuxième Au ciel souterrain (1972) n’en est pas la suite mais un autre versant : au centre du livre, la relation homosexuelle entre deux garçons dont le plus dominateur vit également avec une fille qui se prostitue pour lui. Si l’écriture reste alerte et réaliste, comme dans le premier roman, la vision est obsessionnelle.
Le troisième volet de la trilogie n’a jamais vu le jour.
En 1973, Lars Norén débuta comme auteur dramatique, avec Le lécheur de souverain, commande du théâtre Dramaten de Stockholm. Ce fut un échec, certainement douloureux pour l’auteur déjà très apprécié par toute une génération qui se retrouvait en lui. Peut-être avait-il tort de situer l’action au XVe-XVIe siècle, dans une Europe mi-italienne, mi-allemande et d’essayer d’en endosser les oripeaux. Peut-être ses visions et ses provocations, souvent assez crues, n’arrivaient-elles pas à passer la rampe. Pourtant lors de sa reprise à la fin des années 80, elle devint un succès à scandale.
Quoiqu’il en fût, Lars Norén revint quelques années plus tard au théâtre avec des pièces contemporaines, ancrées dans son autobiographie et soumises à l’éclairage particulier qu’il pouvait y apporter.
La première pièce de cette veine, La force de tuer, est signée en 1978 ainsi que Acte sans pitié. Elles furent publiées en 1980 avec une troisième pièce Oreste, jusqu’à présent son dernier retour à un monde mythique et historique.
Délaissant, du moins en apparence, poésies et romans, Lars Norén n’écrit plus que pour le théâtre, la radio ou la télévision, et sa production est abondante.
Les pièces se suivent, procédant par légers décalages et présentant souvent, en apparence, des conflits identiques sous des éclairages un peu différents. Tout est à la fois indispensable et inéluctable et l’on atteint une sorte de « temps réel » mais d’un niveau supérieur, d’une intensité jamais relâchée, où chaque mot compte, apportant sa nuance et sa blessure. Ou alors, on pourrait dire que pour Lars Norén le temps n’existe pas.
Nouveau tournant dans l’œuvre de Norén (certains journalistes écrivirent même que ce fut un tournant pour le théâtre suédois) : Catégorie 3.1 (1997), épopée théâtrale traitant du côté sombre de notre société. Ce fut l’une des productions théâtrales les plus discutées dans la Suède des années 90, et fut également tournée pour la télévision suédoise. Norén sort des étroits cercles familiaux pour aller dans les rues de Stockholm où l’on trouve les plus démunis, ces voix qui ne sont jamais entendues dans la Suède moderne.
Le théâtre de Norén devient « sociologique » : est abordée la tragédie des sociétés contemporaines, des bas-fonds et de la grande misère des métropoles occidentales.
Ce dialogue familier et agressif, tour à tour insinuant et brutal, ce dialogue de tous les jours, Norén en avait déjà capté dans ses romans, les tonalités « réalistes » - vocabulaire et rythme.
Ici dans ses pièces, les premiers pas psychologiques aboutissent rapidement à un état visionnaire. Par ses allusions, ses pièges et ses attaques soudaines, ce langage est fait pour se retrouver en nous, dans notre parler quotidien, exprimé ou subconscient, et nous impliquer dans ce monde envoûtant que nous ne connaissons que trop bien : l’enfer.
Lars Norén est directeur artistique du Riks Drama au Riksteatern depuis 1999. Le Riksteatern est le théâtre national itinérant suédois, il produit uniquement des spectacles en tournée. Il présente différents spectacles de théâtre (classique, moderne, pour enfants, pour un public de sourds et de muets etc.), de danse, musicaux. Le Riks Drama est l’une des « troupes » du Riksteatern.
Note : les titres entre parenthèses, traduits mot à mot, ne sont pas édités en France.
1944 : naissance dans une famille d’hôteliers restaurateurs suédois.
1962 : premiers recueils de poésie Fuga puis Schizopoesie
1963 : premiers poèmes Syrener, Snö (Lilas, neige) inspirés du surréalisme
1964 : internement en hôpital psychiatrique
1965 : Introduction n°2 à Schizz (poésie)
1968 : Stupor, Nobody Knows when you’re down and out (poésie, collage d’images violentes de politique internationale mêlant les thèmes de mort et de culpabilité)
passage du surréalisme à la poésie concrète. Salome, Sfinxerna (Salomé, les Sphinxes)
1969 : Revolver, premiers poèmes politiques
1970 : Vietnam Biafra (poésie). Biskötarna (Les Apiculteurs), premier roman
En Hungersaga (Une saga de la faim) pièce télévisée
1971 : Amala, Kamala, pièce télévisée
1972 : Solitära dikter (Poèmes solitaires), changement de thème : la vie quotidienne
Viltspeglar (Miroirs sauvages, poésie)
I den underjordiska himlen (Au ciel souterrain), second roman
Box ett (boite n°1, pièce radiophonique)
1973 : Roi Moi et autres poèmes, illustration poétique des dessins de Carl Frederik Hill, peintre décédé en hôpital psychiatrique
Le lécheur de souverain pièce historique
1974 : Dagliga och nattliga dikter (Poèmes du jour et de la nuit)
1975 : Dagbok (Journal août-octobre 1975, poésie)
1976 : Nattarbete (Travail de nuit, poésie)
1977 : Dräneringen (Le drainage, pièce radiophonique)
1978 : Order (Ordres), recueil de « poèmes de mort impitoyable », comme l’écrira la critique
La force de tuer.
Akt utan nad (Acte sans pitié, pièce radiophonique)
1979 : Murlod (poésie)
Den ofullbordade stjärnan (Etoile inachevée, poésie)
Il abandonne la poésie pour le drame, Oreste
Depressionen (Dépression, pièce radiophonique)
1980 : Hjärta i hjärta (Cœur dans le cœur, dernier poème)
1981 : En fruktansvärd lycka (Un terrible bonheur)
Munich-Athènes
Le sourire des mondes souterrains
1982 : Le chaos est voisin de Dieu.
Démons
Natten är dagens mor (La nuit est Mère du jour)
1983 : När dom brände fjärilar pa Lilla Scenen (Quand ils brûlèrent les papillons sur la petite scène, pièce radiophonique)
La veillée
Hämndaria (Aria de la vengeance, pièce radiophonique)
1984 : Claudio (Mantegna portofolio)
Stillheten (Calme)
Lauréat du Prix de la critique
1985 : Komedianterna (Les Comédiens)
1986 : Tidens blommor (Les fleurs du temps)
Vilstolen (La chaise longue)
1987 : Automne et hiver
Endagsvarelser (Etres d’un jour)
1988 : Hebriana
Bobby Fisher vit à Pasadena
Embrasser les ombres
1989 : Scanning och Konsekvens* (Action ou vérité) qui est le début de l’écriture des « Pièces de mort » (De döda pjäserna : 14 pièces écrites de 1989 à 1995 où Norén explore le monde capitaliste de ces dernières années et l’image collective que nous avons de nous-mêmes, particulièrement celle résultant de circonstances extérieures comme l’effondrement de l’état providence)
Sommar (Eté)
1990 : Sa enkel är kärleken* (L’amour est si facile)
Chinnon*
1991 : Den sista kvartetten* (Le dernier quatuor)
Löven i Vallombrosa* (Les feuilles tombent sur Vallombrosa)
Lost and found*
Tiden är vart hem (Le temps est notre demeure)
1992 : Morire di-*
Sterblich*
Première mise en scène La Danse de mort de Strinberg au Théâtre Dramaten (commande)
1993 : Skalv i fjärran* (Tremblement au loin)
1994 : Roumains*
Sang*
Ett sorts Hades* (Un genre de Hadès)
Clinique*
Trio till tidens ände (pièce radiophonique)
1996 : De saknade (Les Absents)
1997 : Catégorie 3.1, premier volet de la trilogie Morire di clase.
1999 : Norén devient le directeur artistique du Riks Drama au Riksteatern
7-3 (pièce montée au Riks Drama avec 3 prisonniers et un acteur professionnel
Under
2000 : Nouvelle trilogie sur la mort dont le premier volet est November, Crée à Oslo
Skuggpojkarna (Les garçons de l’ombre), deuxième volet de Morire di clase, mise en scène de Vibeke Bjelke
Norén adapte et met en scène Si c’est un homme de Primo Levi
Création de Catégorie 3.1 mise en scène de Jean-Louis Martinelli, au TNS à Strasbourg
2001 : Acte et Kommer och försvinner (Venir et disparaître) sont crées au RiksDrama mais la mise en scène n’est pas de Norén
Norén met en scène La Mouette de Tchékhov, prix de la critique du meilleur spectacle étranger en 2002
2002 : Tyst Musik (Musique silencieuse) mise en scène de Lennart Hjulström
Norén écrit et met en scène Stilla vatten (Eaux calmes, 2ème pièce de la nouvelle trilogie) au Deutsches Theatre à Berlin
Detaljer (Détails, 3èmè pièce) est créée à Coppenhague dans une mise en scène de Billie August
Norén traduit en suédois Quelqu’un va venir de Jon Fosse
2003 : Création de Kyla (Froid) mise en scène de Norén
Création de Démons à Mexico
Création de Sang au Royal Court à Londres, mise en scène de James MacDonald
Le réalisateur Kristian Petri adapte November et Détails pour en faire un film. Sortie de Détails prévue fin 2003
Création de Vinterfövaring (Emballage d’hiver) au Théâtre National d’Oslo
Création de Guerre écrit et mis en scène par Norén
2004 : Lars Norén réalise une version de Kyla pour la télévision suédoise. A-F, Genom, Namnlös 1 inackorderad ex-fånge, Namnlös 2 kvinnor i sommarstuga, Namnlös 3 Sandra, Ren, Som en frånvaro. Terminal (1) 3, Terminal (2) 7 Sönderfallande, Terminal 4, Terminal 8.
2005 : Kärlek, Kârlek – fel titel !. Terminal 11. En juin, Guerre est montée au Habima Theatre de Tel Aviv, m.e.s. Ilan Ronen.
2006 : Il met en scène au Riksteatern, Terminal 3 et Terminal 7, en février. A l’occasion du festival Ibsen à Oslo, il met en scène Le petit Eyolf.Terminal 4 et Terminal 8 sont créées le 29 novembre au Stadteater de Stockholm dans une mise en scène de Lennart Hjulström.
2007 : Lars Norén dirigera en français Anne Tismer au festival de Liège, en février
2010 Il met en scène La Fièvre de Wallace Shawn
2010 Il met en scène Pur à la Comédie Français
*pièces mortes
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