Les débuts
Succès et calomnies
Les Âmes mortes ou le début de la fin
L'influence de Gogol
Le destin et l’œuvre de Gogol constituent sans doute l’un des phénomènes les plus extraordinaires de la littérature universelle. Gogol demeure en effet, selon Vladimir Nabokov, "le plus singulier poète en prose que la Russie ait jamais connu".
Nikolaï Vassiliévitch Gogol naît en 1809 à Sorotchinsky, province de Poltava, dans une famille appartenant à la petite noblesse d’Ukraine. Son père (mort en 1825) compose en amateur des comédies légères en ukrainien. Mort en 1825, il ne semble pas avoir eu une grande influence sur l'enfance de Nikolaï. Sa mère, en revanche, dévote et passionnément attachée à son fils, exerce sur lui une influence religieuse et morale dont il ne s'affranchira jamais. Elevé dans un milieu superstitieux, Gogol aura une familiarité précoce avec le diable.
Gogol fait montre très tôt d’un grand talent de mime et d’un vif intérêt pour le théâtre. En 1828, il part pour Saint-Pétersbourg, décidé à y faire carrière. Après des débuts littéraires peu convaincants et un voyage en Allemagne en 1829, Gogol revient à Saint-Pétersbourg et devient fonctionnaire, puis, de 1831 à 1835, médiocre professeur d’histoire.
En 1831, Gogol publie, sous un pseudonyme, la première partie des Veillées à la ferme de Dikan'ka, peinture de la vie villageoise, mêlée à des diableries où sorcières et lutins interviennent, d'une façon plus conventionnelle que cruelle. Mais dans d'autres récits, comme Ivan Fedorovitch Schponka et sa tante, apparaît déjà le mélange de réalisme et d'humour qui caractérisera les oeuvres de la maturité. Les Veillées, où il évoque avec humour le folklore de son pays natal, le rendront célèbre.
En 1834-1935, il publie un recueil de récits, Mirgorod, "nouvelles servant de suite aux Veillées du Hameau de Didanka ".
La même année, paraissent Arabesques, recueil d’essais et de nouvelles incluant "La Perspective Nevski", "Le Portrait" et "Le Journal d’un fou", également nommées Nouvelles de Saint-Pétersbourg. Dans "Le Journal d'un fou" dans lequel on retrouve le problème crucial de toute la littérature de Gogol : celui du diable ; mais la vraie nature du diable se révèle ici : il s'appelle humiliation, envie, il est tout ce qui écrase le petit fonctionnaire.
Il achève Le Nez, commencé en 1832, et écrit Le Révizor, et commence Le Manteau. C'est avec Le Manteau que Gogol a exercé la plus grande influence sur la littérature russe de son époque : "Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol !" s'écrie Dostoïevski.
Mais le premier grand événement de la vie publique de Gogol est la représentation, le 19 avril 1836, du Révizor qui reçoit un accueil retentissant. Les libéraux se montrent enthousiastes et félicitent l'auteur de dénoncer avec tant de force les institutions pourries qu'eux-mêmes combattent. Mais dans les cercles réactionnaires de Pétersbourg, Gogol est accusé de saper les bases mêmes de la société, et de vouloir, sous le couvert d'une simple satire s'attaquer au régime lui-même.
Gogol s'étonne d'abord, puis s'épouvante devant les réactions que provoque Le Révizor car, ainsi qu'il ne cesse de l'affirmer, il veut condamner des vices, non des institutions. Brusquement, il se sent incompris, calomnié, trahi, par tout le monde. Il prétend n'avoir voulu qu'une seule chose : chacun porte en lui un Khlestakov et le seul scandale est de ne pas le reconnaître. On peut dater de la représentation du Révizor la crise intérieure qui va bouleverser la carrière littéraire de Gogol et l'équilibre même de sa vie.
Sa première idée est de fuir ce pays qui le comprend si mal, et il part brusquement pour l'Allemagne, puis à Rome, sans même revoir ses amis Joukovski et Pouchkine.
Quand il entreprend, en 1836, d'écrire Les Âmes mortes, Gogol est loin de pressentir la portée de cette oeuvre. Il écrit à Pouchkine : "Ce sujet prend les proportions d'un grand roman qui, je crois, sera très gai."
Si les préoccupations religieuses prennent déjà une grande place dans son esprit, elles ne l'empêchent pas encore de travailler. Il remanie sans cesse Les Âmes mortes et, la première partie de son roman achevé, il rentre à Moscou, en septembre 1841, pour le faire éditer. Son inquiétude se transforme en rage quand le Comité moscovite de censure le refuse. Mais les amis du poète interviennent, et après quelques remaniements, le livre paraît sous le titre Les Aventures de Tchitchikov ou les Âmes mortes, le 9 mars 1842.
La publication des Âmes mortes coïncide dans la vie de Gogol avec le moment où celui-ci se trouble et perd pied. Il passe ses journées à étudier les Evangiles, à s'interroger sur la nécessité de rentrer au couvent, à projeter un voyage à Jérusalem.
À Rome, où il veut désormais travailler au salut de son âme en écrivant une oeuvre lumineuse (la seconde partie des Âmes mortes), il prend connaissance des jugements très divers portés sur cette oeuvre : pour certains il est un farceur, pour d'autres il est un renégat. Seuls les slavophiles qui proclament la pourriture de l'Occident s'enthousiasment pour les digressions lyriques et les tirades nationales du livre.
En 1843, à St Pétersbourg, sont publiées en quatre volumes les Œuvres de Gogol (parmi les inédits : Le Manteau, Tarass Boulba presque entièrement refait, Hyménée et Les Joueurs).
Gogol s'inquiète et s'agite. Il a beau s'appliquer, travailler, il doit reconnaître que les personnages vertueux qu'il veut maintenant dépeindre risquent beaucoup de n'être que des fantoches. De plus, des doutes lui viennent sur la manière dont il remplit sa mission. Ce sont toutes ces hésitations, toutes ces irritations, qui l'amèneront, en 1847, à publier Extraits d'une correspondance avec mes amis (demi-réels, demi-imaginaires, avec lesquels il discute et devant lesquels il se justifie sous couvert de s'accuser).
Les nombreux séjours de Gogol à l’étranger semblent être une condition de l’expression de son génie. Brillant élocuteur, habitué des cercles aristocratiques, féru de beaux-arts, Gogol est un véritable solitaire, fasciné par l’ascèse physique et intellectuelle, à la recherche permanente de sa vocation, de ses idées, de sa voie. Le contraste énorme entre sa vie rongée de doutes et sa formidable puissance créatrice demeure une énigme.
Après avoir accompli son pèlerinage à Jérusalem, qui ne l'a pas convaincu de la nécessité de renoncer à la littérature pour son salut, il passe à partir de 1849 par des états extrêmes d'exaltation et de dépression. Il note : "Le temps me fait défaut ; c'est comme si le Malin me le volait". Le 7 février 1852, alors que, démuni de toutes ressources, il habite à Moscou chez le comte Alexis Tolstoï, il brûle le manuscrit entier de la seconde partie des Âmes mortes. Épuisé par les jeûnes, il s'alite et le 20 février on décide de l'alimenter de force. Le jour même il entre en agonie et meurt le 21 au matin. Il a 43 ans. Ses dernières paroles auraient été : "Une échelle ! Vite, une échelle !".
Haut de page" Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol " Fiodor Dostoïevski
Nikolaï Gogol, écrivain, dramaturge, théoricien de l’art dramatique, styliste génial, maître du mot et de la forme, auteur de personnages immortels - comme Khlestakov, Tchitchikov, Poprichtchine, Bachmatchkine (etc.) - a eu un énorme impact sur l’évolution de la littérature et du théâtre russes.
Aucun grand écrivain russe n’a pu échapper à son influence :
Le jeune poète Nékrassov, dans ses œuvres en prose, et avant tout dans son roman La Vie et les aventures de Tikhon Trostnikov, s’affirme d’emblée comme son élève.
La manière d’écrire de Gontcharov est indéniablement proche de celle de Gogol et de son système de représentation tandis que l’influence de Gogol est également visible chez Dostoïevski, et notamment dans Les Pauvres gens et dans Le Double.
En fait, Gogol a eu une importance considérable sur toute la dramaturgie russe du XIXe, notamment au sein de l’œuvre de A.N. Ostrovski, le "Molière russe", comme on l’appelle parfois.
La prépondérance de Gogol est plus particulièrement décelable chez Tourguéniev. Les personnages de propriétaires fonciers dans de nombreuses nouvelles des Récits d’un chasseur prolongent et développent le principe de représentation gogolien, principe que l’on retrouve également dans l’œuvre théâtrale de Tourguéniev (Le Déjeuner chez le maréchal).
Le "continuateur" génial du Gogol satirique est Saltykov-Chtchédrine, auteur de Messieurs et mesdames Pompadour, Histoire d’une ville.
Tolstoï lui-même reconnaisait le "grand talent" de Gogol. Appréciant tout particulièrement le récit "La Calèche", il dit un jour de Gogol : "Il s’abandonne à son talent et il en sort des œuvres littéraires excellentes".
Tchekhov, dont les récits ("La Mort d’un fonctionnaire", etc) sont véritablement proches du principe de représentation comique de Gogol, qualifiait Gogol de "grand écrivain russe".
Gogol a eu une grande influence, non seulement sur la littérature et le théâtre russe, mais aussi sur le développement de l’opéra russe. D’après ses œuvres ont été écrits des opéras de Tchaïkovski, de Rimski-Korsakov (Une Nuit de mai), de Moussorgski (La Foire de Sorotchinsky), etc.
La publication à Paris, en 1845, des nouvelles de Gogol traduites en français par Ivan Tourguéniev et Pauline Viardot marque le début de la découverte de Gogol dans tous les pays d’Europe.
Mérimée, Alphonse Daudet et de nombreux autres écrivains français appréciaient l’oeuvre de Gogol. Le critique français Sainte-Beuve, qui avait rencontré personnellement Gogol, était enthousiasmé par ses écrits. Son autre contemporain, l’écrivain Mérimée - qui a notamment traduit Le Révizor - n’était pas moins élogieux…
Depuis lors, Gogol a été traduit et retraduit. Occupant une place solide et unique dans la littérature et la dramaturgie, et tout en restant une énigme, Gogol captive le monde entier.
Théâtre le Ranelagh, Paris
Une adaptation théâtrale du chef d’œuvre de Nikolaï Gogol sur les aspirations extraordinaires d’un petit fonctionnaire.
Théâtre le Ranelagh, Paris
Dans une province éloignée de Russie, un jeune aristocrate oisif est pris pour un Inspecteur Général de Saint-Pétersbourg (un Revizor). Le Gouverneur et les notables locaux tentent de dissimuler la gestion catastrophique de leur ville et de corrompre cet inconnu.
Théâtre Silvia Monfort, Paris
Inspiré du Journal d’un fou (1834) de Nikolaï Gogol, Loco, conte absurde et surréaliste incarné par deux comédiennes et une marionnette, traite de la frontière incertaine entre raison et folie.
Lucernaire, Paris
Une adaptation théâtrale du chef d’œuvre de Nikolaï Gogol sur les aspirations extraordinaires d’un petit fonctionnaire.
Studio Hébertot, Paris
La stupéfiante destinée d’un fonctionnaire russe qui devient roi d’Espagne !
Petit Gymnase - Studio Marie Bell, Paris
Un fonctionnaire russe du 19e siècle nous livre ses états d'âme : ses désirs, ses peurs, ses frustrations. On le suit et puis lentement tel un poison qui rentre à dose homéopathique il nous fait rentrer dans une autre dimension.
Lucernaire, Paris
Le major Kovalev a perdu son nez, qui court à travers la ville en uniforme de conseiller d’Etat. Malgré ce handicap gênant, il remue ciel et terre pour le retrouver… Ronan Rivière adapte la plus absurde des nouvelles de Nikolaï Gogol.
Théâtre Montmartre Galabru, Paris
Un fonctionnaire russe du 19e siècle nous livre ses états d'âme : ses désirs, ses peurs, ses frustrations. On le suit et puis lentement tel un poison qui rentre à dose homéopathique il nous fait rentrer dans une autre dimension.
Comédie Saint-Michel, Paris
Guichet Montparnasse, Paris
Un fonctionnaire russe du 19e siècle nous livre ses états d'âme : ses désirs, ses peurs, ses frustrations. On le suit et puis lentement tel un poison qui rentre à dose homéopathique il nous fait rentrer dans une autre dimension.
Théâtre 13 - Glacière, Paris
Le major Kovalev a perdu son nez, qui court à travers la ville en uniforme de conseiller d’Etat. Malgré ce handicap gênant, il remue ciel et terre pour le retrouver… Ronan Rivière adapte la plus absurde des nouvelles de Nikolaï Gogol.
Théo Théâtre, Paris
Un fonctionnaire russe du 19e siècle nous livre ses états d'âme : ses désirs, ses peurs, ses frustrations. On le suit et puis lentement tel un poison qui rentre à dose homéopathique il nous fait rentrer dans une autre dimension.
Théo Théâtre, Paris
Un fonctionnaire russe du 19e siècle nous livre ses états d'âme : ses désirs, ses peurs, ses frustrations. On le suit et puis lentement tel un poison qui rentre à dose homéopathique il nous fait rentrer dans une autre dimension.