(1) Faust

du 28 au 29 janvier 2005
1H30

(1) Faust

La fable de Faust prend racine dans la vie aventureuse d’un charlatan du 15e siècle, vrai savant mais faux magicien, qui réussissait à attirer, dans les villes où il passait, une foule de gens dont il exploitait la crédulité pour subvenir à ses besoins. Ce personnage devint après sa mort le sujet d’innombrables et populaires spectacles de marionnettes, puis le sujet de pièces de théâtre, d’opéras, de films

Entre théâtre et magie
La légende de Faust
Notes de mise en scène et de scénographie
Jouer à Faust !
La presse

La fable de Faust prend racine dans la vie aventureuse d’un charlatan du 15e siècle, vrai savant mais faux magicien, qui réussissait à attirer, dans les villes où il passait, une foule de gens dont il exploitait la crédulité pour subvenir à ses besoins. Ce personnage devint après sa mort le sujet d’innombrables et populaires spectacles de marionnettes, puis le sujet de pièces de théâtre, d’opéras, de films.

Mythe vivant qui nous rappelle sans cesse qu’il ne tient qu’à chacun de devenir créateur ou négateur de lui-même et des autres, avec son Dieu ou son Démon.

A la lumière de la relation Faust / Méphisto, l’intention est de traiter du thème du double, du reflet, de l’autre moi, de l’ombre et de la lumière par des procédés issus du théâtre et de l’image.

Ni les costumes ni la musique ne fixent l’action générale dans une époque en particulier, mais au contraire, nous voyageons d’époques en époques en nous jouant des anachronismes.

Faust nous parle du temps : de celui de la vie de l’homme et de celui de l’espèce humaine, de l’éternelle jeunesse, de l’immortalité du désir et de la peur de mourir sans avoir vécu.

Airy Routier nous invite, entre théâtre et magie, à visiter sa baraque de foire, à venir le voir manipuler sa propre marionnette dans une petite boîte peut-être plus vaste que le monde.

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Faust est la légende d’un célèbre magicien allemand qui, dit-on, vendit son âme au diable. La fable a pour origine un charlatan à la vie aventureuse né vers 1480 se faisant passer pour magicien qui réussissait à attirer, dans les villes où il passait, une foule de gens crédules. Au début du 17e siècle, la légende a traversé les frontières et, en Angleterre, Marlowe compose sa Tragique histoire du docteur Faust. Par la suite, et jusqu’à la fin du 18e siècle, la figure de Faust devient l’objet d’innombrables et populaires spectacles de marionnettes.

Ensuite, le génie de Gœthe sort le héros des baraques de foires et crée la plus fameuse version du personnage. Faust 1, Faust 2 : un ouvrage baroque, multiforme et gigantesque, qui compte au total près de douze mille vers et cinquante six tableaux, et dont la rédaction prit près d’une soixantaine d’années, représentation symbolique de la vie humaine et de la marche de l’espèce.

...ainsi je passe sans cesse avec transport du désir à la jouissance et, dans la jouissance, je regrette le désir !

Dans la version définitive de la première partie (Faust 1), achevée en 1808, Faust est un docteur qui a étudié toutes les sciences pour assouvir son désir ardent de savoir, mais en vain. Il se consacre alors à la magie, et aboutit au même résultat. Il est vaincu par le désespoir, quand Méphisto apparaît. Faust lui propose un pacte : si Méphisto parvient à lui procurer un moment de pur bonheur, il pourra disposer de son âme à loisir. Le pacte conclu, Méphisto, à la demande de Faust, lui offre une nouvelle jeunesse et cherche à le satisfaire par les plaisirs des sens mais sans parvenir à son but. Il lui montre alors l’image de Marguerite. Faust, touché par l’amour, semble enfin approcher du pur bonheur, mais le démon réveille en lui la sensualité et l’idylle prend fin. Faust, insatiable, part vers d’autres horizons. Marguerite, séduite et abandonnée, noie l’enfant qu’elle attendait de lui et se retrouve pour cela condamnée à l’échafaud. Faust, rongé par le remords, tente de la sortir de son cachot, mais elle refuse de le suivre. Elle lui demande d’être entier, c’est à dire de rester partager le sort funeste qui l’attend, et ceci pour le salut de son âme. Faust l’abandonne une seconde fois et repart avec Méphisto.

Après Gœthe, et jusqu’à aujourd’hui, un grand nombre d’auteurs ont repris le thème de Faust, tant en littérature, qu’en musique et qu’au cinéma. Quatre cents titres, une vingtaine d’opéras, plus de quarante films, en quatre siècles : moins qu’une obsession, un retour permanent au réel, car le mythe rappelle sans cesse qu’à chacun est donné de choisir sa vie, d’être renvoyé à son trop réel drame et de devenir, avec son dieu ou son démon, créateur ou négateur de lui-même et des autres.

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A la lumière de la relation Faust/Méphisto, l’intention est de traiter du thème du double, du reflet, de l’autre moi, de l’ombre et de la lumière par des procédés issus du théâtre et de l’image.

Le décor 
Un castelet en forme de boite carrée rappelant l’esprit des baraques de foire. Un écran en fond de boite accueille des projections d’images fixes, utilisées comme décor, dans la vieille tradition des toiles peintes. Il peut aussi être utilisé en transparence (théâtre d’ombre), ou servir de mur. Différentes ambiances peuvent être obtenues, comme celle produite par ces films où une image est utilisée comme toile de fond, (vieux Tarzan où l’on voit bien que l’actrice est en studio et fait semblant d’être dans une photo du documentaire projeté derrière elle). 

Ces projections permettent diverses variations esthétiques, mises en perspectives, points de fuite, et surtout des changements rapides de décors, de lieux ou d’époques nécessaires à l’action. L’acteur est cadré au niveau de la ceinture. “On voit l’acteur” mettre en place les artifices.

A cour et à jardin, deux étroites coulisses permettent entrées et sorties de champs. Un système d’éclairage et de son, interne à la boite, manipulable par l’acteur, permet l’autonomie totale de celui-ci.

Les costumes, la musique
Faust nous parle du temps : de celui de la vie de l’homme et de celui de l’espèce humaine, de l’éternelle jeunesse, de l’immortalité du désir et de la peur de mourir sans avoir vécu.

Ni les costumes ni la musique ne fixent l’action générale dans une époque en particulier, mais au contraire, nous voyageons d’époques en époques et nous nous jouons des anachronismes.

Chaque scène, comme autant de tableaux, porte son propre univers, de Georges Méliès à David Lynch, de Mozart à la musique électronique, du 18e siècle à nos jours. Esthétiquement, il est permis de sauter de l’expressionisme allemand à la tragédie grecque en passant par Woodstock, dans un “fracassage” ludique des trois unités.

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J’avais dix ans, c’était le soir de mon anniversaire, j’étais autorisé à veiller un peu tard, et regardais La main du Diable de Maurice Tourneur (tourné sous Vichy en 1942). J’en frémis encore. Ce qui m’avait frappé tout particulièrement dans cette adaptation du Faust, c’est que le Diable “n’avait l’air de rien”, juste un petit monsieur affable, poli et bien portant. Je compris des années après que tout le vernis de la collaboration avec l’Allemagne, et par extension ce qu’on nomme communément le mal devait être de cette facture. Que les vers vivent dans les fruits.

Méphisto est sans doute une projection mentale de Faust. Le double : il faut une sacrée force d’âme pour se regarder longtemps, sans coquetterie et profondément dans un miroir, sans chuter dans le puits sombre et sans fond de nos désirs. Pauvre Dorian Gray, pauvre Frankenstein...

Entre un Faust qui trahit une Marguerite, un séropositif qui sans prévenir son partenaire ne se protège pas, un industriel qui pour se faire construire une piscine écoule un vieux stock de sang, une démocratie éclairée qui arme une dictature ou finance un coup d’état, un homme marié qui ne porte son alliance qu’en présence de sa femme, quelle différence ? Nous ne sommes pas innocent, car nous savons. Faust n’est que trop réel, il est le double positif de ses propres illusions, il est théâtre, le théâtre, l’exposition rêvée de la réalité de nos doutes et de nos contradictions. Si un “axe du mal” existe, alors il passe par moi : je suis Faust et je suis Marguerite et je suis Méphisto, tout à la fois bourreau et victime de moi-même.

Dix ans plus tard, je découvris cette nouvelle de Borges, L’autre, où un vieil homme aveugle et serein rencontre par hasard, au bord d’un lac, le jeune voyant plein d’espoir et d’inquiétude qu’il fut, et tente de le rassurer sur son avenir, sans succès. Je fis instinctivement un pont entre ces deux histoires, celle de mon rêve et celle de cette nouvelle. Celui qui part de la rive du réel à celle de l’imaginaire, du ventre à la tête. Et c’est à ce pont que j’aimerai donner forme en montant Faust.

Comment ? En prenant effectivement ce parti radical : jouer tous les personnages à la fois, envoyer la musique, envoyer la lumière, raconter cette histoire en invoquant toute la magie du théâtre, créer un monde, claquer des doigts pour passer d’un lieu à un autre, traverser les siècles comme on passe les portes, faire disparaître des foulards, faire jaillir de la fumée, remettre Faust dans les baraques de foire et manipuler ma propre marionnette dans un petit castelet plus vaste que le monde, m’y sentir chez moi et vous faire visiter. Comme le charlatan du 15e siècle qui créa la légende : jouer à Faust.

Airy Routier

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« Plongeant sous le décor et reparaissant avec un visage et un corps à chaque fois différents, Airy Routier opère une étonnante série de volte-face, dans une sorte de champ-contre-champ d'un personnage à l'autre. Mine de rien, en deux coups de Rubix Cube, Airy Routier touche à l'art de l'acteur, la part irréductible du théâtre. » Maïa Bouteillet, Libération, 16 octobre 2003

"Une connaissance méditée du mythe, a épuré leur choix [des scènes]. Airy Routier, elfe ou histrion, raconte avec l'histoire de Faust l'ironie d'un tragique moderne." Mari-Mai Corbel, Mouvement, 02 octobre 2003

" En quelques virevoltes théâtrales, Airy Routier réussit le tour de force d'emmener son public dans des contrées pleines de doutes et de savant déséquilibres. Le texte magistral de Goethe, traduit par Gérard de Nerval, constitue le fil d'Ariane que déroule le comédien. (...) Sortent du chapeau, une ribambelle de personnages qui habitent tous nos neurones torturés par la grâce d'un glissement permanent de décors photographiques, de lumières et d'images dont le chef d'orchestre est en coulisse : Emmanuel Valette, photographe, pourvoyeur d'images, dealer d'ambiance, tel un Faust cathodique. (...) Airy Routier et la compagnie du Hérisson donnent vie à la légende et au mythe en convoquant successivement le théâtre, le cinéma, la musique, la lumière, le son, ou tradition et modernités se télescopent en un mélange au souffle vertigineux. De la haute Voltige. " Le courrier de l'Ouest, 20 novembre 2003

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14, avenue Victor Hugo 92220 Bagneux

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Théâtre Victor Hugo à Bagneux
14, avenue Victor Hugo 92220 Bagneux
Spectacle terminé depuis le samedi 29 janvier 2005

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