Résumé
Notes ... de mise en
scène
Notes ... sur la mise en scène
Le Théâtre en Pièces présente `AÏSHA librement inspiré de Roméo et Juliette de Shakespeare. Cette pièce de Christophe Bident est mise en scène par Emmanuel Ray. Elle relate l'histoire d'amour moderne entre deux individus ,Roméo et `Aïsha, entre deux religions et des cultures différentes. L'amour ne naît d'ailleurs pas d'un simple coup de foudre. Au début de la pièce Roméo aime Sarah avec qui il ne peut avoir d'enfant. Les difficultés rencontrés idéalise leur amour.
`Aïsha entre alors en scène, mais ce n'est qu'à l'avant dernier acte que Roméo lui déclare son amour. Le sentiment d'amour est présent tout au long de cette pièce mais apparaissent aussi, au fil de l'histoire, les sentiments de haine et de destruction. Le racisme est évoqué mais sous forme de dérision : Roméo, le chrétien, quitte Sarah la juive pour `Aîsha la musulmane. Autour d'eux se trouve l'intégriste chef mafieux.
Dans un décor fantastique évoluent 16 comédiens dont Mathieu Genet pour Roméo, Salima Kheloufi pour `Aïsha ou encore Antoine Marneur incarnant le chef Mafieux.
Les spectateurs ont aussi au cours de la représentation leur rôle à jouer. Ainsi le spectateurs voit, entend, peut aussi sentir. Le sens du goût et du toucher interviennent aussi puisque le spectateurs est invité à participer au mariage ...
Notes ...
de mise en scène
Notes ... sur la mise en scène
La proximité
Il est important aujourdhui, de redéfinir les raisons entraînant la nécessité de lacte théâtral. Lesthétique des années quatre-vingt a entraîné la réalité du grand écran et la mise à distance forcée du spectateur et de lacteur. Cette mise à distance appauvrit lacte de convivialité contenu pourtant depuis la genèse dans la réalité de jouer ensemble, prémice du fait théâtral. Il sagit là, peut-être, dun point en suspension de nos sociétés occidentales. Cependant, si nous concevons toujours le théâtre comme outil de révolte, en aucune façon le moule est nécessaire. Bien au contraire, nous devons reconstruire les esthétiques dans une forme anti-esthétique qui pourrait se traduire dans la négation du "politiquement correct". Tous les objets constituant cette esthétique ne devront pas servir à une fausse poésie de lespace, liée à faire croire que le spectateur peut être enclin au rêve dhypermarché, mais à une rematérialisation de lobjet lui-même permettant une position de destruction et dinterrogation voire de suspicion. La toile-écran, objet de création de multiples scénographes nous faisant croire aux mers davant les congés payés et aux ciels inspirés sortis tout droit des laboratoires danalyses, cette toile doit être prise en compte en tant quexistence propre, réalité "plastique" placée à 1,50 m du spectateur, mur de nos propres lamentations.
Il est nécessaire, à notre époque, de ne pas vouloir fabriquer du rêve mais de permettre le rêve. Le rêve nest pas extérieur mais bien contenu à lintérieur de chaque être. Ainsi, le jeu théâtral se doit de renouer avec lidée de la confrontation des différentes "bulles" ; jusquà trouer ces bulles.
Le pouvoir des sens
La construction du personnage nécessite pour lacteur un travail, dapproche, dinterrogation, de conquête des différents angles dattaque que lui fournit lexistence précédée du personnage. Aussi, lacteur vise à sinterroger sur les parcours possibles liés à ses cinq sens. La vue se place en haut gouverneur des quatre autres sens et où louïe renforce cette position. Cependant, nos plaisirs cachés sont davantage liés aux trois autres sens. Lacteur le sait, cest pour cela quil mapparaît indispensable que le théâtre, dans une recherche de complicité avec le spectateur, prône une mise en espace de lensemble des sens permettant dinvestir lacte dun plaisir tangible relégant en seconde position le jeu trop bien conçu de la distanciation effectué à notre insu par la suprématie de la vue ; celle-ci banalisant toute chose rencontrée, car trop de choses rencontrées.
Abordage ou sabordage ... du texte, dun texte,dune idée, des idées, de lacteur, des personnages, reconstruction en parallèle visant à la construction de lédifice. Deux axes importants seront traduits dans lapproche de cette mise en jeu effectuée sur le texte dAïsha.
Ma première conviction réside dans lappréciation que toute chose est contenue dans la réalité physique de laction. Celle-ci, non pas placée comme anecdote mais comme reflet dune multitude de petites actions anodines. Manger une pomme de terre au milieu des spectateurs en se posant la question de notre véritable désir ou des autres comme véritable désir amène laxe tangible des compréhensions métaphysiques même chez la personne refusant le métaphysique. Par ailleurs, lorsque le personnage se résoud à prendre une douche alors que tout lamène à se repositionner par rapport aux questions essentielles qui le font vivre, et qui pourraient le conduire au suicide, entraine une proximité du questionnement chez le spectateur. Lensemble de ces questions ne sont pas des questions qui concernent simplement "le tout", assujettit comme symbole du divin. En effet, je crois énormément à la nécessité du personnage comme catalyseur du "tout" mais dont la réalité se confond parmi la multitude. En conséquence, ce texte nous permet damener une lecture ou plutôt une histoire humaine comme il en existe un nombre certain. La force de cette histoire, construite de façon intimiste, nous entraîne vers la réalité des sphères visant à labstraction.
Le deuxième axe de lecture que nous pouvons avoir de la pièce est une lecture psychanalytique. En effet, Roméo rêve sa soeur, il rêve sa mère, son père construit un mur pour protéger le passé qui lentraîne à la reproduction systématique de ce passé et où lacte de tourner en rond conduit inévitablement à voir chaque point du cercle comme point identique au point précédent ou à venir. Sarah est lévocation du féminin emprisonné dans sa tour et qui ne peut que sculpter son existence, qui rêve dêtre autre chose que le personnage spectre quon lui impose cest à dire la mère et la soeur. Roméo aime Sarah. Cependant, il voit en Sarah sa soeur. il ne peut lui faire denfant.
En conséquence, il se doit de se résoudre à chercher ailleurs. Sarah aime Roméo jusquà accepter dêtre le spectre de sa soeur. Elle sait quelle naura jamais denfant avec Roméo. Elle pousse Roméo à faire un enfant avec une autre femme ...
62, rue Saint-Cheron 28000 Chartres