Présentation
Un mot d'Ariane Ascaride
Un mot de Jacques Sereys
Nadège a fait 37 ans de prison... Parce qu'elle n'a jamais émis la moindre parole de regret pour ses victimes mortes sous ses bombes... Elle a toujours simplement déclaré qu'elle luttait contre l'inégalité, le racisme, et l'injustice...
Mais à 3 semaines de sa sortie, elle a enfin accepté de se raconter, de raconter son histoire Elle impose à ses gardiens de choisir le journaliste Sur photo
Clovis a 37 ans... Il n'a plus d'espoir... Plus d'espoir dans son métier, dans l'amour, dans la vie... Il vient faire cette interview pour l'argent Il sortira de cette confrontation riche d'autre chose, riche de l'essentiel...
Nadège est libre dans sa prison, plus libre que Clovis... Clovis, lui, peut aider Nadège à franchir le pas vers l'extérieur, vers l'inconnu... Tous les deux, ils se découvrent en découvrant l'autre...
Une femme dans l'espace réduit d'une cellule, vierge depuis longtemps de toutes les agressions d'un monde moderne où l'artificiel le dispute à l'événementiel, pose un regard essentiel et aigu sur la vie.
Un homme qui a perdu l'espérance, se confronte un jour à cet univers, où le temps n'a plus de prise à tout ce que l'humanité peut porter en elle de grand et petit.
Il va se dérouler la rencontre violente, difficile, attentive et perturbante de deux êtres gémellaires dans leur malheur. L'un retrouvera l'espoir par l'autre.
Voilà une très belle aventure, dans laquelle Pascale et Antoine nous emmènent. Le théâtre retrouve là toute sa place : nous émouvoir et bousculer nos consciences parfois ensommeillées, à partir de la peinture d'un microcosme carcéral à dimension universelle.
Les plus beaux joyaux sont parfois dans de tous petits écrins. Pierre-Loup manipule celui-ci avec intelligence, attention et affection.
Je n'aime que les histoires humaines ; elles m'aident à avancer un pas après l'autre. Je vous remercie fort.
A la vie à la mort !
Ariane Ascaride
Un fait divers : après 37 ans d'incarcération, les portes de la prison vont s'ouvrir pour rendre sa liberté à une meurtrière qui a purgé sa peine. Partant de ce fait divers, un jeune auteur a imaginé l'intervention d'un journaliste venu interviewer la prisonnière avant sa libération.
L'idée était bonne. Encore fallait-il trouver les divers ressorts psychologiques nécessaires à la conduite d'un entretien susceptible de captiver un public.
Partir de pratiquement rien était un défi que l'auteur a tenu. Et il a réussi sa démarche. Il est parvenu à tisser entre les deux personnages un dialogue serré, pointu, intelligent, lequel, dès les premières répliques nous fait pressentir que l'auteur sait où il va et où il veut nous conduire.
Nous assistons à la découverte mutuelle de deux êtres que le hasard, plus que le destin, a mis face à face. Ils vont être forcés, par ce huis clos, de se tendre des pièges, d'échanger, de mettre à nu leur passé, leur cur, leur âme, tout ce dont ils sont constitués et dont ils n'avaient jamais pris tout à fait conscience.
La magie de ce révélateur opère. L'art dramatique bien conduit, bien maîtrisé nous fait peu à peu découvrir deux êtres humains que nous sommes incités, grâce à l'alchimie du langage, à écouter, à comprendre et enfin à aimer.
Antoine Herbez est parfait dans le rôle de Clovis, Pascale Roberts apporte au personnage de Nadège une profondeur, une malice, une lumière intérieure qui nous ont émus et séduit.
La réussite de ce spectacle est due aussi à la rigueur, à la précision avec
lesquelles Pierre-Loup Rajot, le metteur en scène, a dirigé les acteurs.
Le sobre décor de Anne Wannier sert efficacement la pièce.
Bravo à tous et bravo aussi au centre dramatique Chablais Riviera, à sa politique
audacieuse et généreuse, à son équipe courageuse et enthousiaste.
En ce qui concerne la pièce de David Brusset, je souhaite qu'elle puisse être jouée
dans de nombreux théâtres.
Jacques Sereys
6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris