Un an après la chute des tours, un Palestinien peut-il, un 11 septembre 2002, traverser un aéroport sans être suspecté, dévisagé ? Un homme tente l’expérience. Il prend le vol Paris - Tel Aviv. À l’aéroport, il cherche sa place et son rôle dans un monde qui reflète de lui des images dont il ne veut pas, guerrier vengeur ou terroriste. Dans une société en morceaux, il va tenter de jouer le jeu jusqu’au bout, sans perdre son sang-froid. Issu du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Mounir Margoum interprète ce comédien seul en scène. Autour de lui, un drap, une doudoune, un tabouret. Son projet, unique et acharné : garder son calme. Il passe le temps à inventer des petits mondes parfaits, des moments heureux. Il observe ses contemporains, compte par exemple les mille manières qu’ils ont de cracher au sol. Cracher des mollards comme on lâche des bombes, des pierres.
Le texte de Taher Najib, d’abord écrit en hébreu pour les israéliens, traduit par l’auteur lui-même en arabe, est pour la première fois mis en scène en France par Laurent Fréchuret en 2011. Son personnage se débat avec ses conflits intérieurs comme il affronte toutes sortes d’hostilités, quand jamais il ne lui est permis d’être qui il a envie d’être. Laurent Fréchuret dirigeait Laurence Vielle dans Sainte dans l’incendie, solo vu au Rond-Point en 2013. Il expose une humanité désarmée, met en lumière les paradoxes du passeport israélo-palestinien. « Le rire est un bon vieux couteau inusable », dit le metteur en scène. Le rire est salutaire dans ce chant, pièce en colère et furieusement drôle. Satire déformée en poème, manifeste lyrique, À portée de crachat fait de la salive une essence à brûler les questions des identités malmenées.
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