J’envisage ce solo comme un monologue intérieur à la narration sans signification, un fil qui se déroule dans le temps, sans coupe ou création d’images fixes : tel un flux de conscience. À la manière du monologue intérieur de Molly clôturant Ulysse de James Joyce, j’invente chorégraphiquement et mentalement un courant de conscience, un langage qui m’est propre.
Le « je » n’est plus forcément moi-même, ni un personnage, mais il se laisse traverser par toutes les possibilités d’interprétation : il est trouble et poreux. Ce flux de conscience mental m’aide à atteindre ce que je nomme la traversée des états. Influencée par la danse butô, je cherche à vivre un état émotionnel ou corporel plutôt qu’une forme.
M’intéresse non pas la forme ou la narration d’une chorégraphie, mais le langage chorégraphique en lui-même, la naissance du geste et son déploiement dansl’espace. Je ne montre pas la danse ou un geste, mais l’offre, la déverse sur le public : nous participons ainsi à une expérience commune.
( Chorégraphie et interprétation Bleuène Madelaine Compagnie Rougeaniline )
Vertébrés est une pièce chorégraphique pour 3 danseurs conçue comme une exposition vivante de 3 corps qui se lèvent – une manifestation poétique et silencieuse à nu pour dire l’urgence du potentiel du vivant.
Elle pose cette levée des corps comme la force d’un soulèvement. Les corps ne s’appuient que sur eux-mêmes, sur leur propre structure, leurs propres tissus pour dialoguer avec la gravité. Radicalement posés dans une forme de frontalité, ils se mettent debout pour exposer leur face « creuse », pour faire l’expérience du dévoilement, de la vulnérabilité. À l’image du mouvement des Indignés, cette levée des corps se veut être une revendication douce et pacifique se démultipliant en nombre, temps et espace. Une façon de se mettre à nu pour atteindre le coeur.
Elle est à géométrie variable et a vocation à s’exporter en cherchant à s’inscrire dans des lieux et contextes différents ; ce peut être au-milieu d’un champ ou dans un musée, dans une usine désaffectée, dans un grenier, dans une salle de spectacle.
Il s’agit de peupler ces espaces par ces présences humaines déclinant de multiples densités qui se posent et s’exposent comme une force essentielle faite d’une matière sujette à une mutation permanente. Les corps forment ainsi réunis des paysages corporels en mouvement
( Chorégraphe Margot Dorléans )
habits/habits est une pièce pour un danseur, un musicien et un chronomètre. Basée sur la répétition et l’accumulation, l’objectif est d’amener le public à un sentiment d’oppression et de frustration. C’est un témoignage de l’entêtement des interprètes dans leurs tâches. Le danseur se complait dans une routine qui se complexifie au fur et à mesure de la pièce, démontrant ainsi sa ténacité et son intégrité dans la chorégraphie demandée. L’obstination de la composition musicale, dans le renouvellement d’une atmosphère sonore, contrebalance le rôle du musicien qui ne répond que sporadiquement avec son instrument.
( Chorégraphe Ashley Chen - Compagnie Kashyl )
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris