Deux pièces, un même motif : le parasite.
Dans La Dame, Roquefavour, un jeune artiste plein de dettes, décide de s’offrir, lui et ses meubles, en gage à Fontenage, son créancier stupide : il s’installe ainsi confortablement chez le bourgeois et gagne un logement sans avoir à rembourser sa dette. Dans Un Mouton, Falingard, un pseudo-domestique, se fait engager chez Fougallas, mais non pour le servir : il profite du logis du maître pour mener de macabres expérimentations animales...
Aussi, ce théâtre-là, résolument comique, est-il d’abord théâtre de l’acteur. Il oblige à explorer un art du corps dans tous ses états : corps-marionnette, agité, agissant et agi, joué par des forces obscures. Corps déchaîné, bondissant ou prédateur et destructeur... Les désirs, conscients ou non, parasitent les personnages qui ne maîtrisent plus rien. L’homme de Labiche ne croit plus guère dans la morale, la civilisation, la science ou le progrès. Comme un animal, il obéit à ses pulsions : dans le salon bourgeois s’opère un curieux retour à l’état de nature... On rit beaucoup en regardant ces pièces, mais c’est d’un rire plus profond qu’on ne croit. Cruauté de Labiche, modernité de Labiche : l’homme est d’abord un animal.
Jean Boillot et Olivier Chapuis
15, route de Manom 57103 Thionville