Anna irradie, visage imprimé pour écran publicitaire. Mais elle n’est qu’une icône, une apparition sur papier glacé. Lui, photographe, en tombe amoureux. Amour fou. Mais il la rate, il passe à côté d’elle. Elle ne sait rien de cet amour que son image inspire. Elle chante, mélancolique : « Sous le soleil exactement ». Et le photographe se perd dans le monde des écrans et des signes virtuels. Il subit les effets de la sublimation aveugle de l’être aimé. En 1967, Serge Gainsbourg offre une vingtaine de chansons de l’album éponyme à Jean-Loup Dabadie, auteur des dialogues audacieux et vifs du téléfilm signé Pierre Koralnik. L’ovni fait fureur, l’objet devient culte. Écrite pour Anna Karina et Jean-Claude Brialy, la comédie musicale Anna se joue dans le milieu de la mode, au cœur d’une nouvelle vague tout en couleurs, et dans le monde de la pop anglaise.
Emmanuel Daumas a dirigé Michel Fau dans son premier cabaret au Rond-Point, puis a mis en scène La Pluie d’été de Duras et Candide de Voltaire à la Comédie-Française. Il confie le rôle d’Anna à Cécile de France, « si naturelle, dit-il, qu’elle peut nous rafraîchir de tous les parisianismes momifiés ». Les musiciens jouent en « live » et participent à la construction d’un monde d’« artys » branchés, jeunes loups d’un laboratoire high-tech, perdus dans la pub, où l’amour s’égare dans les yeux pixelisés des idoles. Cette Anna, en danses signées Pierre Rigal, et en chansons de Gainsbourg, célèbre l’amour au présent, le grand, le vrai, le beau. Anna vise l’idéal, pour ne plus passer à côté de l'amour absolu.
« Pari réussi pour Cécile de France qui incarne Anna. Avec une interprétation lumineuse, fraîche et enjouée, elle irradie l'adaptation théâtrale de cette comédie parlée-chantée. » Thierry Voisin, Télérama sortir, 28 août 2013
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