Après Iceberg, la compagnie Acid Drama a bâti le premier péplum parodique de poche.
Pendant que Jupiter et Junon se chicotent sur le Mont Olympe, Marc-Aurèle enfermé dans ses pensées pour lui-même n’accepte pas la part de sensibilité de son fils Commode, qui doit pourtant lui succéder. Il demande à son Grand Général des Armées, Maximus Decimus Meridius de le former pour en faire un homme. Un vrai ?
Après Iceberg, la compagnie Acid Drama a bâti le premier péplum parodique de poche. Et élargit les murs de la salle Marie Curie aux dimensions du Colisée.
Un théâtre politique ?
À première vue, Arène n’est pas un texte politique ; c’est avant tout une histoire que nous voulons raconter. Mais notre pièce délivre aussi une pensée, une vision du monde pour que le spectateur puisse passer des émotions brutes à une pensée critique, voire même une indignation. Nous ne faisons pas un théâtre militant, qui revendique la nécessité de porter un message, mais nous faisons des propositions ancrées dans notre époque avec l’espoir que comme disait Brecht : « Si le théâtre ne peut pas changer le monde, il peut faire prendre conscience au spectateur que lui pourrait le changer ».
Avec Arène nous ouvrons quelques pistes de réflexion :
• sur l’image que la société impose à l’homme depuis plus de 2000 ans
• sur le destin, et sur la maîtrise que l’homme peut en avoir
• sur les rapports père-fils et la paternité en général ;
• sur la montée en puissance de l’individu dans nos sociétés, au détriment du collectif.
Nous tentons d’être à l’écoute du monde et de ses soubresauts ; des modèles hérités qui nous fascinent, mais qui nous emprisonnent aussi, comme la définition de la virilité telle qu’elle est appréhendée dans l’Andreïa grecque. Cette notion repose sur trois grands aspects : esthétique (l’homme doit être athlétique, fort), le désir de mort qui est généralement associé à la puissance sexuelle (l’homme doit être capable de défier et d’affronter la mort comme de multiplier les conquêtes) et la pudeur des sentiments. En cherchant des correspondances avec notre époque, nous avons eu envie d’interroger les traits masculins, et plus largement le modèle de société virile hérité depuis l’empire Romain. La figure du gladiateur nous a semblé toute indiquée pour aborder ces thèmes. Notre idée est d’étudier le modèle masculin et ses clichés mais sans jugements. Pourquoi on s’en détacher ? Comment sortir du modèle référent et quelles en sont les conséquences ?
Arte Povera vs block-buster
Parce que nous sommes des amoureux du cinéma, nous faisons ce pari un peu fou de réinventer des films cultes au théâtre, autour d’ouvrages dont l’évocation créée d’emblée avec notre public une grammaire commune. Face à une réalité économique qui nous est rapidement apparue comme un frein à l’imagination, et parce que bien souvent nous avons remarqué que tenter de dissimuler un budget insuffisant sur un plateau de théâtre était un échec et qu’il valait mieux l’assumer pleinement, nous avons adopté une attitude proche de ce qu’on pourrait appeler l’ « arte povera ». Nous assumons une esthétique de théâtre de tréteaux et privilégions le processus dans notre mise en scène et notre scénographie, sans sacrifier pour autant l’objet fini. Nous montrons ostensiblement les ficelles dans l’esprit d’un Michel Gondry.Réinventer des blockbuster avec du carton, voilà notre défi !
Destinée / Fatum
La question de la liberté semble tarauder l’homme depuis qu’il a pris conscience de lui-même. Dès l’antiquité gréco-romaine, cette thématique est très présente, comme en atteste par exemple l’existence des Parques, ces divinités qui tissent de leurs mains le destin des hommes, ou encore le mythe d’Oedipe, qui est une réflexion sur le destin, et sur la possibilité qu’a ou non l’homme de s’y soustraire. Plus récemment, et pour ne citer que lui, Kant a fait de la question de la liberté, ou de la « cause inaugurale », une antinomie de la raison pure, c’est-à-dire une question que la raison est nécessairement amenée à se poser de son propre mouvement, mais qu’elle sera éternellement incapable de trancher.
A notre échelle, nous avons aussi voulu aborder la question de la destinée humaine, et nous faisons - comme cela était fréquent dans les récits mythologiques -,intervenir des Dieux qui, bien qu’animés de passions tout à fait terrestres, ont cependant le pouvoir d’influencer à leur guise la vie des hommes. Ces derniers ont pourtant aussi leur mot à dire et il appartient aux personnages de se montrer à la hauteur de leur destin, et d’eux-mêmes, en détournant àleur avantage les projets sournois des Dieux.
2 bis, Passage La Ruelle 75018 Paris