Tout public à partir de 9 ans.
Spectacle théâtral et musical
À propos de la mise en scène
Le lever de rideau de Jacques Jouet, Personnage ?
Arlequin poli par l’amour où comment un imbécile voit son intelligence s’ouvrir grâce à l’amour. La Fée, promise à l’enchanteur Merlin, a enlevé Arlequin dont elle s’est éprise pour sa beauté physique. Celui-ci, indifférent, rencontre la bergère Silvia : c’est le coup de foudre partagé. Sous l’effet de l’amour, Arlequin, jusqu’alors imbécile, devient intelligent.
Ne pouvant ignorer la force de cette inclination, La Fée, aidée de Trivelin, son domestique, utilise ses pouvoirs magiques pour diviser le jeune couple. Finalement, Trivelin trahit La Fée et sauve les amoureux.
Nous sommes ici en présence d’un objet hétérogène : un peu de féerie, de commedia dell’arte, de comédie d’intrigue à la française, de pastorale, de théâtre en musique, de chant... Tout cela constitue un mélange dramaturgique particulièrement excitant. Il s’agit pour moi de traiter complètement chacune de ces formes, sans sacrifier l’image d’ensemble, qui est à la fois une pièce et une leçon de théâtre.
L’espace de la pièce est double : d’un côté l’espace de La Fée qui est le lieu de l’artifice, de l’autre celui de La Bergère qui est le lieu de la nature. Le décor est construit à partir de cette dualité : deux panneaux mobiles et un cyclo en fond de scène ; des cubes de gazon gigognes et praticables ; un fauteuil ; un clavecin.
Concernant la musique, je tiens à ce qu’elle soit jouée en direct et non enregistrée. Il y a du clavecin, des percussions et les acteurs chantent. Le costume d'Arlequin, dans la tradition, est fait de pièces disparates, il a une existence "impure", il est un peu de Venise et un peu de Paris ; il appartient à Goldoni comme à Lesage ou Marivaux. La musique du spectacle doit rendre compte de cette diversité. J'ai donc choisi d'emprunter la musique au répertoire français et italien du XVIIe et XVIIIe siècle (François Couperin, Gaspard Leroux, Jean-Baptiste Lully, Pancrace Royer, Girolamo Frescobaldi, Tarquinio Merula). La recherche musicale a été conduite par Julie Blais et Alexis de Camboulas avec qui nous avons déjà collaboré sur notre dernière pièce La Chatte bottée.
Amour, jalousie, trahison, pouvoir… Marivaux traite ces sentiments par le rire et les pleurs, par la colère et la magie. Les personnages sont, tour à tour, libres et entravés. Ce n’est pas un spectacle tranquille : il s’y passe une multitude d’événements dans un temps court (22 scènes en 1h05) sans compter les nombreux lazzis (bouffonneries le plus souvent sans parole) que nous avons tenu à inventer avec les comédiens.
Jehanne Carillon
“Il faut parler de l’œuvre d’art dans l’œuvre d’art”, dit un personnage de Jacques Jouet. Forte de cette conviction que j’ai faite mienne, je lui ai passé commande d’un lever de rideau parlant du théâtre et qui s'inscrit dans ses Morceaux de théâtre.
Un acteur s'adresse au public, au pied de la scène. Lui-même n’est pas encore le personnage dans lequel il a été distribué. Qu’est-ce qu’un personnage ? Qu’est-ce qui différencie un personnage (de théâtre par exemple) d’un être humain à part entière, ou de cet être humain à part entière qui est aussi un comédien jouant un personnage ? Quelle est la singularité du théâtre quand on le compare avec la vie courante ?
L’acteur qui jouera Trivelin dans Arlequin poli par l’amour pose ces questions avant de s'habiller et de monter sur la scène pour que la pièce commence : “ Vous soupirez, Madame… ” Un lever de rideau demande la brièveté. Cinq minutes suffiront à celui-ci.
Jacques Jouet
14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris