La Cerisaie

Paris 1e

du 21 février au 1 juin 2025 2h15

La Cerisaie

« Il faut que tout change pour que rien ne change » énonce Tancredi dans Le Guépard de Tomasi di Lampedusa, filmé par Visconti. Clément Hervieu-Léger y reconnaît la sensibilité de la communauté inventée par Tchekhov.

La Cerisaie - Photographies

  • La fin d'une ère

Acculés à la vente, Lioubov – qui vient de rentrer de Paris – et les siens n’ont pas compris l’urgence de la situation. Les habitudes, comme les souvenirs d’enfance d’une classe aristocratique que tout semblait jusque-là épargner, les ont rendus incapables de clairvoyance, et ce malgré les mises en garde du marchand Lopakhine, fils d’un ancien moujik qui rachètera finalement la propriété aux enchères.

Après avoir monté Molière et Goldoni, Frank Wedekind et Jean-Luc Lagarce, Clément Hervieu-Léger en vient à cette pièce, écho des mouvements de notre société, miroir des complexités de nos vies : « J’aime le théâtre fait de souvenirs. Ceux de l’auteur. Les nôtres. J’aime ces pièces testamentaires, non pas parce qu’elles nous obligeraient à une lecture quasi biographique, mais parce qu’elles nous interdisent de faire l’économie de nous-mêmes » dit le metteur en scène qui la porte intimement en lui depuis longtemps. C’est dans un esprit de troupe qu’il investit avec ses camarades de jeu ce théâtre qui sublime le naturel et le sensible. Qu’il s’agisse de l’amour de Lopakhine pour la cerisaie et sa propriétaire, des idéaux politiques de l’éternel étudiant Trofimov, du sérieux laborieux de la jeune Varia ou de la fidélité du vieux serviteur Firs, tous disent à la fois la nostalgie et l’avenir, l’abandon et le renouveau.

Au crépuscule d’un empire féodal, au tournant du xxe siècle, la cerisaie est un havre de beauté ; Tchekhov y cristallise les tiraillements de la fin d’une époque.

  • Note d'intention

Avant d’arriver à Tchekhov, il m’a fallu faire quelques détours, notamment chez Molière ou chez Goldoni. Comme eux, Tchekhov est un auteur qui interroge la notion même de genre : comédie, tragédie, drame… Difficile à dire. Il a beau nommer ses pièces « comédies », il est impossible de les monter comme telles. C’est exactement la même chose pour Le Misanthrope ou Une des dernières soirées de carnaval. J’aime ces pièces qui nous interdisent de nous conformer à des règles ou à des codes de jeu préétablis.

Si Tchekhov refuse de se plier à un genre, c’est que son théâtre se veut l’expression d’une vérité. Cette quête du vrai, partagée avec Goldoni et Molière, passe pour ces trois auteurs, à des époques différentes, par la question du naturel. Comment être naturel au théâtre ? Autrement dit, comment faire en sorte que les acteurs et les actrices se rapprochent le plus possible de leur personnage ? Ou inversement, car je n’ai toujours pas compris dans quel sens se fait le chemin. Est-ce l’acteur qui va vers son rôle ? Ou est-ce le rôle qui vient à lui ? C’est là le mystère de l’incarnation et je ne suis pas certain qu’il faille y chercher une réponse [...]

La Cerisaie nous raconte la fin d’une époque. Dans une Russie en plein bouleversement, après l’abolition du servage en 1861 par le Tsar Alexandre II et à la veille de la révolution de 1905, Tchekhov nous parle de cette classe aristocratique qui refuse de regarder son avenir en face mais qui se retrouve, malgré elle, confrontée à la nouvelle donne socio-politique du pays. La force de Tchekhov est d’évoquer plus que de convoquer, s’attachant à ce que Vladimir Jankélévitch définissait comme « le Je-ne-sais- quoi et le Presque-rien », ces petites choses où se nichent l’air de rien des enjeux métaphysiques bien plus grands : un mouchoir oublié, la recette des cerises à l’eau-de-vie, les accords de l’orchestre juif… Dire fait revivre. Et c’est la nostalgie qui nous submerge.

Clément Hervieu-Léger

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