Inaugurée en 1790 pour la troupe des Variétés amusantes, la Salle Richelieu est le théâtre historique de la Comédie-Française depuis 1799.
Sans relâche de septembre à fin juillet, la Salle Richelieu propose une douzaine de spectacles, en alternance, issus des répertoires les plus variés, choisis pour naviguer au gré des styles d’œuvres, d’esthétiques et de représentations les plus divers.
Une de ses spécificités tient à la constitution du répertoire de la Comédie-Française : tout texte joué sur son plateau doit au préalable avoir été soumis au Comité de lecture afin d’être inscrit au Répertoire, qui compte aujourd’hui près de 3 000 pièces de toutes les époques.
La Salle Richelieu est le fruit des conflits et des passions qui animent la France à la fin du Siècle des lumières.
Initialement destiné à être un opéra, ce bâtiment, ayant pour ambition de ne pas rompre l’harmonie du Palais-Royal, est construit à l’initiative du duc de Chartres par l’architecte Victor Louis. Au début de la Révolution, il est investi par le théâtre des Variétés amusantes que rejoignent Talma et ses amis.
Nous sommes en 1791, la Comédie-Française a déjà 111 ans et a joué dans quatre autres théâtres...
Il faudra attendre 1799 et la réunification des troupes pour que cette salle à l’italienne s’impose définitivement comme le théâtre de la Comédie-Française.
À Paris, à la fin du XVIIe siècle, plusieurs troupes rivales se réclament de la protection royale et représentent les pièces des grands auteurs, Corneille, Racine et Molière. Après la mort de Molière, en 1673, seules subsistent la troupe du Théâtre Guénégaud, son héritière, et la troupe rivale de l'Hôtel de Bourgogne, spécialiste du genre tragique. En juillet 1680, La Thorillière, chef de troupe de cette dernière, meurt.
Louis XIV, dont la passion centralisatrice s'est exercée dans tout le royaume, enjoint aux deux dernières troupes de comédiens français établis dans Paris, celle du Théâtre de Guénégaud, héritière de la troupe de Molière et celle de l'Hôtel de Bourgogne, de jouer dorénavant ensemble. Le 25 août 1680, les comédiens réunis donnent leur première représentation commune. Le 21 octobre, une lettre de cachet, signée à Versailles, consacre la fondation d'une troupe unique, composée de vingt-sept comédiens et comédiennes choisis par le Roi pour leur excellence, dans le but de " rendre les représentations des comédies plus parfaites " .
Le 5 janvier 1681, les Comédiens-Français se lient entre eux, selon les anciennes traditions des troupes théâtrales, par un acte d'association qui ne sera jamais remis en cause. Grâce au brevet de pension qui leur est accordé en 1682, ils vont connaître les avantages d'une protection de tutelle, tout en étant désormais plus étroitement assujettis aux caprices royaux et aux interventions des gentilshommes de la Chambre.
En 1689, la troupe s'installe rue des Fossés-Saint-Germain. Le répertoire s'élargit avec les pièces des comédiens-auteurs de la troupe, l'Homme à bonnes fortunes de Baron (1686), le Chevalier à la mode de Florent Carton, sieur de Dancourt (1687). Puis elle accueille des œuvres de Jean-François Regnard : le Joueur (1696), les Folies amoureuses (1704) et surtout le Légataire universel (1708), d'Alain-René Lesage : Crispin rival de son maître (1707), Turcaret (1709) et de Prosper Jolyot de Crébillon : Rhadamiste et Zénobie (1711), toutes à succès.
Après la mort de Louis XIV, en 1715, l'avènement du Régent, avec un retour au luxe et au plaisir, contraint les Comédiens-Français à mettre en avant leur monopole face aux Comédiens italiens qui les concurrencent et au théâtre de la Foire qui prospère. Les auteurs qui allaient dominer le XVIIIe siècle sont Marivaux et Voltaire.
Aujourd'hui l'un des auteurs les plus joués, Marivaux n'obtint que peu de succès de son vivant à la Comédie-Française. Préférant le jeu des Italiens chez lesquels Arlequin poli par l'amour fit un triomphe en 1720, il ne confia aux Comédiens-Français la création que d'une dizaine de ses pièces, dont sa tragédie Annibal (1720), et parmi les comédies : la Seconde Surprise de l'amour (1727), le Legs (1736) ...
Voltaire remporte un énorme succès avec sa première tragédie, Œdipe, créée par les Comédiens-Français en 1718. Il leur confiera encore trente de ses pièces, parmi lesquelles Zaïre (1732), Sémiramis (1748), et L'Orphelin de la Chine (1755). L'intérêt de Voltaire pour l'art dramatique, ses expériences passionnées et ses succès en font l'une des figures essentielles du théâtre français du XVIIIe siècle, même si ses œuvres sont aujourd'hui toutes tombées dans l'oubli.
Les grands comédiens se succèdent, titulaires de leur emploi, et font évoluer la conception du jeu de l'acteur, devant un public connaisseur et passionné ; on se presse pour acclamer mesdemoiselles Duclos, Dangeville ou Lecouvreur, puis Clairon, Dumesnil ou Vestris, les rôles masculins étant confiés à Lekain, Brizard, Préville ou Molé...
Face à l'autorité des Premiers gentilshommes de la Chambre, chargés d'appliquer les nouveaux règlements mis en place en 1757 et 1766 par Louis XV qui a pris en charge les dettes de la société, les Comédiens s'affirment, construisent de petites loges, d'un gros rapport, et, avec l'appui de Voltaire, débarrassent la scène des banquettes réservés aux spectateurs privilégiés. La mise en scène, le décor, le costume évoluent...
Des genres nouveaux font leur apparition : la comédie larmoyante puis le drame bourgeois, issu des idées de Diderot. Sedaine en fut l'un des auteurs les plus applaudis avec le Philosophe sans le savoir (1765) et la Gageure imprévue (1768).
Ayant d'abord pensé aux Comédiens italiens, Beaumarchais confie néanmoins aux Comédiens-Français la création du Barbier de Séville qui a lieu le 23 février 1775 dans la salle des Tuileries où ils se sont installés. Les représentations sont un véritable succès. Celui-ci se reproduira sur la scène de la nouvelle salle construite pour les comédiens par les architectes de Wailly et Peyre au Faubourg-Saint-Germain, inaugurée en 1782 (actuel Odéon), avec la création triomphale et tumultueuse du Mariage de Figaro du même auteur, le 27 avril 1784, comédie annonciatrice de l'esprit révolutionnaire.
On acclame sur scène les comédiens Dugazon, Larive, Dazincourt, Fleury, et mesdemoiselles Contat et Raucourt. La Comédie-Française, à la suite des événements politiques de 1789, prend le nom de " Théâtre de la Nation " .
La Révolution accorde aux gens de théâtre les droits civils et religieux qu'on n'avait cessé de leur dénier au cours de l'Histoire, mais elle met fin à la situation privilégiée de la Comédie-Française : la pension royale est supprimée, les décrets de 1790 et 1791 abolissent le monopole qu'elle exerçait sur le répertoire français.
Durant cette période troublée, la Comédie-Française connaît tous les périls. D'abord la dissidence des comédiens " républicains " conduits par Talma, récemment entré dans la troupe et acquis aux idées révolutionnaires, qui joue avec certains de ses camarades rue de Richelieu dans le " Théâtre de la République " . Puis, en 1793, les comédiens jouant encore rive gauche, au théâtre de la Nation, sont arrêtés et condamnés à la guillotine, dont les sauve le dévouement de l'acteur amateur Labussière, employé au Comité de salut public.
Après des années d'errance, la réunion de la troupe est réalisée à l'instigation de l'écrivain François de Neufchâteau, devenu ministre de l'Intérieur, puis membre du Directoire. Le gouvernement concède à la Société des Comédiens-Français le Théâtre français de la République, rue de Richelieu, et la nouvelle Comédie-Française ouvre ses portes le 11 prairial an VII (30 mai 1799). La protection de Napoléon lui est acquise.
L'année 1804 est marquée par la signature d'un nouvel acte de société le 17 avril ; le 15 octobre 1812, l'Empereur signe à Moscou le décret qui réorganise le Théâtre-Français.
Dominés par Talma, acteur favori de Napoléon, les nouveaux sociétaires, parmi lesquels mesdemoiselles George et Duchesnois, se disputent les faveurs du public dans un répertoire classique éprouvé qui surclasse un répertoire contemporain médiocre.
Sous la direction du baron Taylor, commissaire du gouvernement, Alexandre Dumas, Alfred de Vigny, Victor Hugo imposent le nouveau genre au répertoire : le drame romantique connaît son point culminant avec la bataille d'Hernani, le 25 février 1830, tandis qu'évoluent le jeu des acteurs, la mise en scène et la conception du décor. Mademoiselle Mars est la vedette incontestée de la troupe.
Vers le milieu du XIXe siècle, la tragédie classique revient à la mode, magistralement servie par une tragédienne exceptionnelle, Rachel, dont la vie passionnée et triomphale allait se terminer à l'âge de trente-huit ans.
En 1849, le prince-président Louis Napoléon met fin à une longue période de flottement administratif et financier en créant la fonction d'Administrateur général, dépendant directement du ministère de l'Intérieur. La censure théâtrale est rétablie en 1850. Les deux premiers Administrateurs nommés, successivement Arsène Houssaye (1850-1856) et le baron Empis (1856-1859), font de la Comédie-Française la troupe ordinaire de l'empereur.
Sous l'administration d'Édouard Thierry, une troupe homogène fait triompher la comédie bourgeoise et consacre des auteurs comme Banville, Ponsard, Émile Augier. Pendant le siège de Paris, en 1870, le théâtre transforme son foyer en ambulance, tandis que le sociétaire Edmond Got organise en 1871 une tournée à Londres qui permet de renflouer la trésorerie du théâtre.
Le nouvel Administrateur, Émile Perrin (1871-1885), ancien directeur de l'Opéra, attire à la Comédie-Française le Tout-Paris. Une troupe d'élite, où brillent Sarah Bernhardt, Jeanne Samary, Mounet-Sully, les Coquelin..., joue Hugo, Dumas fils, Pailleron, Bornier, Coppée et Erckmann-Chatrian dans les mises en scène somptueuses de l'Administrateur. Par ailleurs, ce dernier inaugure le système des abonnements.
Les vingt-huit années de l'administration de Jules Claretie (1885-1913), un record de durée à ce jour, sont caractérisées par des difficultés financières, une troupe tragique plus brillante que la troupe comique avec un répertoire contemporain où domine la comédie de mœurs. En 1891, ont lieu la création mouvementée de Thermidor de Victorien Sardou, en pleine crise boulangiste, et l'entrée au répertoire d'Edmond Rostand, Jules Renard et Georges Courteline.
Après le dramatique incendie de 1900, au cours duquel la jeune pensionnaire Jane Henriot a péri, le théâtre est reconstruit, le théâtre continue...
Entre 1913 et 1936, sous les administrations d'Albert Carré, ancien directeur de l'Opéra-Comique, puis de l'auteur dramatique Émile Fabre, la Comédie-Française vit une période de transition. Pendant la guerre, elle participe aux représentations du Théâtre aux Armées, donne des galas à bénéfice et joue des œuvres à caractère patriotique.
La troupe, qui participe aux premières réalisations cinématographiques, puis radiophoniques, compte parmi ses sociétaires Julia Bartet, Cécile Sorel, Béatrix Dussanne, Marie Bell, Berthe Bovy, Albert-Lambert, Pierre Dux, André Brunot, Fernand Ledoux...
Émile Fabre parvient en vingt ans, malgré les crises financières et politiques de l'après-guerre, à accueillir une nouvelle génération d'auteurs dramatiques tout en célébrant le tricentenaire de la naissance de Molière et le centenaire du Romantisme. Son Coriolan, adapté de Shakespeare, provoque des incidents de nature politique lors de la création en 1933. Démis, puis réintégré, il partira définitivement en 1936.
Si les événements politiques rejaillissent sur la vie de la Comédie-Française, le XXe siècle est marqué par l'importance accrue de la mise en scène et l'accent mis sur le répertoire. Édouard Bourdet, nommé Administrateur de la Comédie-Française en 1936, est assisté par des metteurs en scène extérieurs, Jacques Copeau et plusieurs membres du Cartel : Louis Jouvet, Charles Dullin, Gaston Baty, porteurs d'un regard neuf sur les classiques, tandis que des auteurs contemporains français et étrangers font leur entrée en force au répertoire.
La période douloureuse de la seconde guerre mondiale est éclairée par la création de deux pièces capitales : la Reine morte de Montherlant le 8 décembre 1942, dans la mise en scène de Pierre Dux et, véritable événement, le Soulier de satin de Claudel le 27 novembre 1943, dans celle de Jean-Louis Barrault.
Un important décret accorde en 1946 à la Comédie-Française l'exploitation de l'Odéon – appelé salle Luxembourg pour le distinguer de la salle Richelieu – et provoque le départ d'un groupe de sociétaires. Ce théâtre sera à plusieurs reprises associé puis retiré à la Comédie-Française au cours des décennies suivantes.
Depuis la guerre, l'équilibre délicat des créations et des reprises, les redécouvertes, relectures de chefs-d'œuvre et les paris généreux sur des auteurs inconnus ou oubliés, l'ouverture du répertoire aux grands étrangers, tissent au jour le jour les saisons du Français.
Depuis 1946, les Administrateurs successifs de la Comédie-Française ont marqué diversement leur passage : André Obey, Pierre-Aimé Touchard, Pierre Descaves, Claude de Boisanger. Entre 1960 et 1983, on connaîtra trois administrateurs-comédiens : Maurice Escande (1960-1970) ouvre le théâtre aux acteurs nouveaux et aux metteurs en scène extérieurs ; Pierre Dux (1970-1979) continue cette politique avec l'exploitation de l'Odéon, célèbre le tricentenaire de la mort de Molière, travaille à la réforme administrative et à la rénovation du théâtre ; Jacques Toja (1979-1983) assume la responsabilité de la programmation établie pour le tricentenaire de la Comédie-Française et célèbre, en invitant de nombreuses et grandes troupes étrangères, le bicentenaire de l'Odéon en 1982.
Les représentations de la Comédie-Française sont suivies par un public de fidèles auquel s'adjoignent de nouveaux amateurs ; l'ouverture aux collectivités sous le mandat de Pierre Dux entraîne en effet une véritable explosion de la politique d'abonnements. Tous ces spectateurs apprécient et applaudissent une troupe homogène dans laquelle s'illustrent les noms de Jean Meyer, Béatrice Bretty, Véra Korène, Annie Ducaux, Gisèle Casadesus, Louis Seigner, Robert Hirsch, Jacques Charon, Jean Piat, Micheline Boudet et tant d'autres...
La décennie 1983-1993 est marquée par le mandat de quatre Administrateurs généraux. Jean-Pierre Vincent, ancien directeur du Théâtre national de Strasbourg, comédien et metteur en scène de la décentralisation, dirige la Comédie-Française de 1983 à 1986 ; Jean Le Poulain, sociétaire de la Comédie-Française, lui succède jusqu'à son décès en 1988.
Antoine Vitez, directeur du Théâtre national de Chaillot, est alors appelé aux fonctions d'Administrateur général. Il prend en charge la programmation de son prédécesseur, et y ajoute le Mariage de Figaro de Beaumarchais, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française. La saison 1989-1990 est marquée par l'entrée au répertoire de Jean-Paul Sartre, avec Huis clos, et par la création à la Comédie-Française de la Vie de Galilée de Bertolt Brecht, dans une mise en scène d'Antoine Vitez, dont ce sera le dernier spectacle. Le 30 avril 1990, ce dernier disparaît brutalement.
Jacques Lassalle, directeur du Théâtre national de Strasbourg, prend la direction du théâtre en juillet 1990. Il met en scène des œuvres de Marivaux, Goldoni (la Serva amorosa) et Molière et fait appel à des metteurs en scène étrangers. Durant son mandat, le Théâtre du Vieux-Colombier, attribué à la Comédie-Française par le ministère de la Culture, est réouvert en 1993, avec deux pièces de Nathalie Sarraute mises en scène par Jacques Lassalle lui-même. Il quitte ses fonctions en juillet 1993 après avoir monté Dom Juan de Molière avec les Comédiens-Français au Festival d'Avignon.
Jean-Pierre Miquel, metteur en scène et récent directeur du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, est nommé Administrateur général en août 1993, pour un mandat de cinq ans. L'approfondissement du répertoire classique et moderne, l'ouverture au théâtre étranger et contemporain marquent la programmation des spectacles présentés à la salle Richelieu et au Théâtre du Vieux-Colombier.
D'importants travaux de modernisation de la cage de scène et de réfection de la salle sont entrepris en 1994, pendant lesquels une grande exposition dévoilant les trésors des collections de la Comédie-Française (tableaux, sculptures, costumes, maquettes) est organisée dans les espaces publics du théâtre, ainsi que des représentations à Paris et des tournées en province.
En 1995, le 1er avril, la Comédie-Française devient un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous la tutelle du ministre de la Culture.
L'ouverture du Studio-Théâtre a lieu à l'automne 1996. Ce projet, initié par Jean-Pierre Miquel, financé à parts égales par le Ministère de la Culture et la Société des Comédiens-Français met une troisième salle à la disposition de la Comédie-Française. Située au Carrousel du Louvre, elle permet, outre les productions théâtrales, la mise en place d'une théâtrothèque et de salons littéraires, et marque une nouvelle étape, essentielle, dans l'histoire tricentenaire de ce théâtre et de sa troupe permanente.
En 2006, Muriel Mayette est nommée Administrateur. Elle est la première femme à exercer cette fonction depuis la création de la Comédie Française.
La Salle Richelieu a fermé pendant un an pour d’importants travaux de réfection technique en janvier 2012. Durant cette période, la troupe s’installe au Théâtre éphémère à quelques mètres, dans les Jardins du Palais-Royal.
En juillet 2014, Eric Ruf est nommé administrateur.
La salle est accessible aux personnes à mobilité réduite, merci de le préciser avant votre commande au 01 40 13 84 65 (pour vérification des disponibilités) ou de contacter directement la salle.
Sur l’ensemble des représentations de la Salle Richelieu, la Comédie-Française met à la disposition de tous les publics, des casques et des boucles magnétiques d’amplification qui sont à retirer gratuitement au contrôle avant le début du spectacle.
Place Colette 75001 Paris