Depuis sa création, La Compagnie de la Mauvaise Graine défend les écritures contemporaines et les poètes de notre temps en “propageant son désir de théâtre” et en cherchant notamment à approcher les “nouveaux destinataires du Théâtre” si chers à Pasolini : ceux pour qui l’acte d’aller au théâtre n’est pas naturel.
Trois poètes, trois voix du vingtième siècle, trois hommes persécutés par leurs contemporains qui n’ont jamais cessé de croire en l’être humain, voilà ce que nous donne à entendre ce rendez vous poétique et théâtral.
Ce sont trois vents de Méditerranée qui soufflent à travers ces trois langues : trois chants sur l’humanité, trois appels pour nous retrouver et dépasser nos peurs, nos haines, nos inerties.
En réunissant dans un même lieu Nazim Hikmet, le turc, Pier Paolo Pasolini, l’italien et Yannis Ritsos le grec, la compagnie de la Mauvaise Graine propose de conjuguer lucidité politique et espoir « avec les armes de la poésie. »
Jeudi 16 novembre à 19h
Victoire de Pier Paolo Pasolini
Il neige dans la nuit de Nâzim Hikmet
Vendredi 17 à 20h30
Le Retour d’Iphigénie de Yannis Ritsos
Il neige dans la nuitde Nâzim Hikmet
Samedi 18 novembre à 19h (navette)
Victoire de Pier Paolo Pasolini
Le Retour d’Iphigénie de Yannis Ritsos
Il neige dans la nuit de Nâzim Hikmet
Victoire
C'est un des poèmes issus du recueil Poésie en forme de rose écrit en 1964. C'est l'époque la plus cinématographique de Pasolini (qui vient alors d'achever L'Evangile selon Saint Matthieu). Déboussolé par l'échec d'une conciliation entre ses valeurs chrétiennes et marxistes, profondément marqué par la répression de 1956 en Hongrie puis par la fin du pontificat de Jean XXIII, Pasolini est en proie à un certain désarroi idéologique et cherche un sens à son engagement.
Quarante ans plus tard, la force sidérante de ce long poème résonne de manière presque intacte et nous invite à réfléchir sur cette « vacuité de la pensée » qui semble tant marquer notre début de XXIe siècle.
Le Retour d’Iphigénie
Le poète grec Yannis Ritsos a été assigné à résidence sur l'île de Samos durant la dictature des colonels. Il imagine le retour d'Oreste et d'Iphigénie dans la maison familiale d'Argos, matrice originelle et théâtre des premiers crimes. À la lumière d'une lampe à pétrole, Iphigénie, voix de femme qui dépose le masque de prêtresse d'Artémis, fait entendre un adieu émouvant à la figure tragique qu'elle incarne.
Il neige dans la nuit
Le 18 mai 1925 à Moscou, un étudiant turc de “l'Université communiste des peuples de l'Orient” porte en triomphe avec ses camarades leur professeur de marxisme-léninisme, celui qu'ils nomment l'homme d'acier, leur maître et chef : Staline. Le 13 décembre 1961 le même étudiant turc crache un poème de mépris sur les bottes, la pipe, la moustache d'un homme qu'il juge “de plâtre et de papier mâché” : Staline.
D'arrestation en contumace, de condamnation en amnistie, Nâzim Hikmet aura totalisé 56 ans de prison. “Être aux côtés des misérables, des paysans d'Anatolie, c'était simple, disait Nâzim. Être communiste, ce ne l'était pas tellement.”
C'est un parcours d'engagement et de combats qui caractérise sa poésie. Pétrie de souffrances et d'oppressions, elle transcende toujours la douleur et l'apitoiement pour traquer l'humain et la vie dans ses moindres recoins. Elle célèbre une envie de justice et de fraternité comme rarement un poète l'a fait.
A partir d'un montage de poèmes extraits du recueil Il neige dans la nuit.
1-5, place de la Libération 93150 Le Blanc-Mesnil