Ba-Ta-Clan ou le Rajaïjah musical
La Presse
Quand, à l’été 2001, nous avons monté cette nouvelle production de Ba-Ta-Clan, une des originalités du projet résidait dans le fait de pouvoir donner à cet opéra une forme « transportable ».
J’ai donc réalisé une transcription pour quatre musiciens : flûte (jouant également le piccolo), contrebasse, piano et percussion. A travers cette formule, nous nous sommes efforcés de donner en « modèle réduit » une réelle sensation symphonique : Un spectre sonore aussi large que possible est présent, du plus grave des instruments (contrebasse) aux plus aigus (piccolo, xylophone) ; le piano ajoutant son caractère subtilement percussif et sa vertu d’élément unificateur.
Grâce à ce nombre restreint d’instrumentiste, le petit « orchestre » a été intégré très tôt aux séances de répétitions, y compris en ce qui concerne le travail scénique.
Tout comme, depuis quelques temps déjà, on ne peut demander à des artistes lyriques de n’être que chanteurs et non comédiens, les membres du quatuor instrumental prennent part à l’action scénique à de multiples reprises : en bruitant de manière tout à fait synchronisée - à la manière d’un film de Kung-Fu de série B - le combat entre le mandarin Kékikako et Kokoriko, le chef des conjurés ; ou encore en essayant de barrer physiquement la route au même Kékikako, lorsque celui-ci, lors de sa quarante-huitième tentative d’évasion, essaie de s’enfuir en se précipitant dans la fosse d’orchestre !
En outre, au cours de notre travail préparatoire, Pierre Letessier m’a demandé de composer ou d’arranger quelques musiques intercalaires qui apparaissent comme autant de clins d’œil à des clichés sonores faisant partie d’un inconscient collectif :
L’attentat visant Tapioca, le poisson rouge de l’empereur, est en effet souligné par des glissandi suraigus qui ne sont pas sans rappeler quelque page de Psychose de Bernard Hermann. Les tentatives répétées d’évasion de Féannichton et de Kékikako, appellent inévitablement un « mélodrame », dans l’acception de l ‘époque, au caractère Western-Sergio-Léonisant évident. Enfin, à peine le mot « Ba-Ta-Clan » est-il prononcé que (tout comme le Rajaïjah, le poison qui rend fou dans le Lotus Bleu d’Hergé), il provoque chez les musiciens un terrifiant enchaînement d’accords de 7ème diminuée digne du Grand-Guignol.
Outre le fait que, par là, le second degré apparaît de manière d’autant plus évidente, ces ajouts contemporains créent un effet de décalage assurément dans l’esprit de Jacques Offenbach et de son librettiste.
Cette production a donc été placée sous le signe de la complicité : entre le metteur en scène, moi-même et l’équipe de chanteurs ou, pendant le spectacle même, entre la « fosse » et le plateau. Cette évidente et bien visible complicité est source d’un grand plaisir chez les interprètes. Plaisir que nous avons souhaité aussi contagieux que les effets du fameux Rajaïjah !
Benjamin Levy
Tout d’abord, l’ingénieuse mise en scène de Pierre Letessier était rythmée et réglée comme une Breitling, avec des trouvailles, comme ce chanteur plongeant dans la fosse et faisant valser les partitions des musiciens, ou comme cet écran sur lequel étaient projetés les résumés d’épisodes, doublés en faux chinois.
Ensuite, la spectaculaire direction de Benjamin Lévy, à la fois chef d’orchestre et percussionniste, parfois imité par les personnages en scène.
Le jeu agréable des chanteurs, enfin, qui chose rare dans les opérettes, faisait oublier qu’ils étaient avant tout des artistes lyriques et non pas des comédiens.
Sans oublier bien sur les choristes, les jeux d’ombre chinoise, la parfaite maîtrise des musiciens, les costumes… Le parterre, composé aussi d’assez nombreux enfants, a su et pu rire à gorge déployée. Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance : la partition musicale pour orchestre a été réadaptée pour quatre musiciens par Benjamin Lévy, qui a également composé les musiques additionnelles.
Le percussionniste, qui est aujourd’hui assistant de Marc Minkowski, a su trouver le ton juste. Comme tout le reste de la troupe.
Sud Ouest Dordogne, le 8 août 2001
Le talent du metteur en scène a consisté à maintenir un rythme époustouflant relayant la musique et les mots par une gestuelle qui ne permettait pas au regard de se poser un seul instant.
Anachronismes, clins d’œil avec l’orchestre, la fête est dans les yeux du public qui reconnaît le talent de ces acteurs et musiciens, complices d’une œuvre, en leur réservant de larges ovations.
Elsa Vacquin, Olivier Hernandez mais également Olivier Naveau et Lionel Muzin que nous avions découvert sur cette même scène, affirmaient ici un peu plus un talent où le chant se réconcilie avec l’expression théâtrale.
La Voix du Nord, le 25 juillet 2001
Entre Pierre Letessier, metteur en scène et Eun-Ju Song, la costumière, c’est l’entente parfaite. Ils voient les mêmes choses et imaginent les mêmes formes. Une collaboration que l’on ressent à travers les costumes de « ba-ta-clan ». Ils se sont inspirés des tableaux de Chagall. Incroyable, cela n’a rien à voir avec le spectacle ; seulement une question de teintes. Jaune, vert, rouge, bleu ! Couleurs vives, nobles matières et finitions impeccables. « Il ne faut jamais dire que de loin , on ne verra pas » explique Eun-ju Song, « justement, c’est le petit détail qui fait tout ». L’empereur porte sur les épaules cinq épaisseurs de lourds habits, dont le fameux Akama, l’habit des rois. Et les choristes ont revêtu les tenues des conjureurs. On notera par exemple le contraste des jambes de leur pantalon, qui signifie bien le double jeu de leur personnage.
Le travail de recherche et de forme avait commencé au mois d’avril dernier, mais mardi on s’affairait encore dans les loges autour des machines à coudre. Le jour d’une première cela se passe toujours comme cela.
La jeune femme est une coréenne. Elle vient de passer huit ans à Paris où elle a préparé une thèse de doctorat ès Arts du théâtre à la Sorbonne.
L’esprit rempli et bien formé, Eun-Ju Song se sent parfaitement bien à l’aise pour la création. « Ma formation plutôt intellectuelle, me permet de partager et de comprendre beaucoup plus vite ce que peuvent souhaiter les metteurs en scène ». Avec ses doigts de fée, et des idées plein la tête, il ne lui reste plus qu’à créer. Elle repart bientôt pour la Corée, « mais je reviendrai rapidement à Paris » promet-elle.
Ses amis l’attendent.
Le Courrier de la Mayenne, le 26 juillet 2001
L'œuvre d'Offenbach, adaptée pour un quatuor de contrebasse, flûte, piano et percussions est une prouesse musicale de Benjamin Lévy, dont les mélomanes devraient apprécier la grandeur.
Le Courrier de la Mayenne du 20 juillet 2001
Si pour certains Offenbach a des cotés surréalistes, Pierre Letessier, metteur en scène, n'a pas hésiter à les accentuer. Ainsi, des messages loufoques apparaissent dans le décor, demandant au propriétaire d'une voiture gênante de bien vouloir la déplacer. Ce qui fit se lever la pianiste en plein milieu d'une action pathétique, tragique et émouvante jouée sur scène. C'est d'ailleurs cette même pianiste qui se trompe de partition après l'intervention d'un des acteurs au milieu de l'orchestre. Que l'humour soit issu du XIXème ou du XXIème siècle, cette chinoiserie musicale en un acte a fait le bonheur des amateurs de second degré .
La voix du nord du 24 août 2001
On passe une très bonne soirée en allant voir cette pièce, drôle, je dirai même délirante. Les comédiens sont très bons et savent chanter. Si on aime la musique et rire de bon coeur, c'est une pièce à conseiller. La salle du théâtre du Ranelagh est très belle, pour ceux qui ne connaissent pas.
On passe une très bonne soirée en allant voir cette pièce, drôle, je dirai même délirante. Les comédiens sont très bons et savent chanter. Si on aime la musique et rire de bon coeur, c'est une pièce à conseiller. La salle du théâtre du Ranelagh est très belle, pour ceux qui ne connaissent pas.
5, rue des Vignes 75016 Paris