Pour ce programme, le Ballet de l’Opéra de Lyon met en avant la danse comme instrument de compréhension du corps à partir de ses opérations élémentaires : les poussées, les chutes, la gravité, la répétition, le rapport entre verticalité et horizontalité. A priori, rien ne rapproche Merce Cunningham du chorégraphe italien Alessandro Sciarroni, si ce n’est la même volonté d’envisager le corps humain comme potentiel infini, fonctionnant au sein d’un vaste système de signes. Dans Winterbranch, Cunningham cherche à mettre en forme le fait de tomber et de se redresser, comme l’abscisse et l’ordonnée du mouvement.
La scénographie en clair-obscur de Rauschenberg et les éclats sonores de 2 sounds – composition minimaliste de La Monte Young – donnent à l’ensemble une tonalité crépusculaire. Comme dans Folk(s), qui poussait la danse folklorique à son point d’implosion, Alessandro Sciarroni s’intéresse à la répétition en tant que limite. Issu du projet « turning », TURNING_motion sickness version, créée pour les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, cherche à s’approcher du mouvement perpétuel – au risque du vertige physique. Intrigant croisement entre les derviches tourneurs et le ballet classique, cette pièce soumet les interprètes à un effort de maîtrise et d’endurance, indissociable d’une forme de lâcher-prise et d’assentiment à l’incontrôlable.
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