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L’art de Bartabas nous propulse dans des voyages imaginaires ; ses œuvres vous empoignent par leurs étourdissantes mises en scène, parfois éblouissantes, tourbillonnantes, baroques, parfois mystérieuses, ascétiques, méditatives, proches d’un exercice spirituel, toutes porteuses d’une forte charge poétique. L’ampleur et la profondeur de sa démarche renouent avec les plus anciennes formes connues de l’activité artistique qui prennent l’animal pour sujet et moyen d’expression. Le philosophe Georges Bataille estime que l’invention de l’art « marque le passage de l’animal à l’homme ».
L’homme cessa d’être animal en donnant de l’animal et non de lui-même une image poétique qui nous fascine et nous semble souveraine. Être artiste est le moyen d’avoir accès au monde fermé de la vie animale. Il m’a toujours semblé que l’art de Bartabas rentre en résonance sensible avec ce défi. La rencontre de Bartabas avec Ko Murobushi, artiste reconnu au Japon comme l’héritier des règles de Tatsumi Hijikata, à l’origine du Butô, se présente comme une excitante aventure artistique qui examine les frontières et les passages entre deux univers sensibles et exceptionnels.
L’intense profondeur de la danse de Ko Murobushi et la force poignante du geste équestre de Bartabas nous ouvriront un continent inattendu qui nous propulsera dans un temps et un espace mythique d’une profonde et rayonnante beauté.
José Montalvo
Avec les chevaux Horizonte, Soutine, Pollock et Le Caravage.
Pour Bartabas, cette nouvelle aventure, créée pour les scènes de théâtre, est l’occasion de se confronter au langage intelligible et depoursuivre sa quête d’un « verbe à cheval ». Après les vers de Victor Segalen « poète du voyage », empruntés lors de la création d’Entraperçu au théâtre du Châtelet, Bartabas écoute la voix de Lautréamont dans les Chants de Maldoror. Cette oeuvre, « la plus radicale de la littérature occidentale » écrite et publiée par Isidore Ducasse à l’âge de 23 ans jette les bases d’un langage où « le mot trouve l’action dans une poésie d’impulsion animale ».
Une poésie active réalisée dans la violence d’un geste animalisé. Les Chants de Maldoror sont aussi un bestiaire imaginaire qui s’anime et se transforme dans nos rêves. Avec le Centaure et l’Animal, Bartabas et Ko Murobushi proclament le droit à cette métamorphose.
« Guidé par l’homme lors d’un long apprentissage que l’on nomme dressage, le cheval accède à « la connaissance » ainsi l’homme et l’animal deviennent centaure. A l’inverse, l’homme possède l’instinct animal à l’origine de sa création qu’il cherche à faire ressurgir comme une évolution à rebours, une régression vers les couches profondes de son être. »
Bartabas
C'est une forme de danse contemporaine japonaise. Né à la fin des années 50, il marque une rupture à la fois esthétique et politique avec les traditions nippones de l’époque. Littéralement « danse des ténèbres », le butô, fondé sur la conscience de l’espace et du temps,présent et passé, met la mémoire au coeur de sa recherche. Ni chorégraphie, ni langage corporel codifié, il s’agit d’un état de l’être, le passage entre le vivant et le mort, l’un donnant corps à l’autre.
« D'autres [...] se frotteront les yeux, subjugués par la beauté de l'hybride. » Libération, René Solis, le 10 décembre 2010
« Le mariage envoûtant des chevaux de Bartabas et de la danse bûto. » Le Monde, Rosita Boisseau, le 14 décembre 2010
1, Place du Trocadéro 75016 Paris