Dans cette adaptation très libre et un brin iconoclaste de Sinan Bertrand, les emprunts au rock, au gospel, à la variété, à la bande dessinée, font littéralement exploser le carcan académique dans lequel est volontiers enfermé Shakespeare.
Pendant plus dune heure trente, la troupe, composée dune dizaine de jeunes comédiens allumés, remet le texte au goût du jour et à lheure de 20ème siècle finissant, avec une impertinence, une insolence et une inventivité des plus réjouissante. Résultat : dans la salle de la M.J.C, qui était comble, les rires nont cessé de fuser du début à la fin, tant la Cie Casalibus a poussé loin le sens de lhumour et de la provocation. Et pourtant dans ce mixage détonant et époustouflant, la trame de luvre shakespearienne nest jamais trahie. Entre deux éclats de rire, le public a suivi les démêlés sentimentaux des deux couples de tourtereaux, et des méfaits de la sottise et du bavardage qui sont au cur de cette comédie.
Ladaptation non servile, savère même dune grande justesse, avec ces
clins dil à la Commedia dellarte, et son côté patchwork. Tout
dabord parce que Shakespeare ne sétait pas privé lui-même demprunts
à des uvres italiennes plus anciennes. Ensuite parce que la vivacité des dialogues
et le côté farce (notamment dans les interventions des officiers municipaux) existent
bel et bien dans le texte dorigine.
Dans cette version ramassée, et dynamique, la Cie Casalibus semble avoir réussi un coup
de maître : celui de surprendre le public, de lentraîner dans un jeu irrésistible
de drôlerie, et de jouer avec une fraîcheur juvénile une pièce publiée voici
exactement 400 ans, ce qui est un bel hommage...
Dominique Bartheas
LArdennais
Av. du Docteur Mazen 83500 La Seyne-sur-mer