Présentation
Cinq questions à... Bernard Lavilliers par Marc Cassivi
Poète et baroudeur, métallo et aventurier, artiste et voyou, autant d'étiquettes qu'on a collées à Bernard Lavillier fier de n'avoir jamais "été dans le moule", de n'avoir pas été "récupéré".
"Mes chansons viennent de la vallée de la Fensch en Lorraine. A l'époque, je faisais deux cents concerts par an dans les MJC. J'ai chanté dans les cinémas, les restos, j'ai fait la manche. C'est le public qui m'a imposé aux médias". Bernard Lavillier
Bernard Lavilliers, dit-on, a frayé avec les serpents en Amazonie, les soldats en Bosnie et les femmes, de tous horizons. Surtout, cet aventurier égotiste de 54 ans a exploré la chanson française, sous toutes ses coutures. Une liaison forte de 30 ans de caresses, destinées à un public enivré d'ambiances créées par ce chanteur musclé, mythomane macho pour certains, légende vivante pour bien d'autres. Ce soir, au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts, l'homme de Sertao et de San Salvador nous promet les classiques d'un répertoire touffu, rassemblé récemment sur Histoires, un disque double de 33 chansons comme un album souvenir témoin de sa carrière. Monsieur Lavilliers s'est plié volontiers à nos questions sans prétention.
Bernard Lavilliers, pourquoi chantez-vous?
"Si j'étais Blaise Cendrars, je vous dirais Parce que... C'est ce que Cendrars a répondu lorsqu'on lui
a demandé pourquoi il écrivait. Ça fait partie vraiment de ma biologie. Je ne peux pas vous
expliquer, c'est mystérieux."
Si vous étiez une chanteuse, qui seriez-vous?
"C'est une question que je me suis posée souvent... Je pense que si j'avais été une chanteuse, j'aurais
été Barbara. J'adorais les chansons de Barbara. Elle pouvait chanter les mêmes pendant 20 ans, ce
qu'elle a fait d'ailleurs. J'étais à tous les spectacles parce que je lui trouvais une dimension, une
élégance, un mystère et à la fois un côté extrêmement anarchiste. En plus, elle chantait des thèmes
de femme qu'aucune femme avant elle n'avait chantés."
Quels sont les trois disques que vous apporteriez sur une île déserte?
"J'emporterais Les Gymnopédies d'Érik Satie, l'Ascenseur pour l'échafaud de Miles Davis et
l'album des Doors où il y a Riders On The Storm (n.d.l.r. L.A. Woman). Évidemment, si on y
passait une heure, ça pourrait changer, mais spontanément, voilà."
Votre plus grand fantasme?
(Rires) "Vous savez que ça évolue avec le temps ça! J'en ai comme tous les artistes, comme tous les
hommes. Je crois que je les ai réalisés pratiquement tous. Le plus grand fantasme pour moi, c'est
de rencontrer une femme extraordinaire une nuit, de passer la nuit avec elle et de disparaître le
lendemain."
Lisez-vous la critique? Est-ce qu'elle vous affecte?
"Je lis la critique et je la respecte, même si, évidemment, c'est pas trop agréable de se faire tailler un
costard. Mais j'estime qu'ils font leur boulot et qu'on a besoin des critiques comme les critiques ont
besoin de nous. On est dans le même bateau. À partir du moment où un critique se déplace pour
voir mon spectacle, il a le droit d'écrire ce qu'il en pense. Et en plus il me fait quand même
"l'honneur" de venir au spectacle, donc de parler de moi."
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