À partir de 6 ans.
Une petite fille rêve dans un vieux grenier qui lui sert de chambre. Elle attend sa maman qui doit rentrer de l'usine, son papa qui est parti bien loin et n'est jamais revenu. Avec son imagination pour seule échappatoire, elle attend qu'il lui arrive quelque chose. C'est alors qu'il survient, excentrique, volubile et rigolo : le Barde.
Il faut parler comme Shakespeare. Il faut inclure Shakespeare dans notre enseignement. Pourquoi ? Parce qu’alors, les jeunes auraient du sentiment. Nous, on n’en a pas. C’est pour ça qu’on s’entre-tue facilement. On n’éprouve rien. Si on avait du sentiment, on serait moins violent (…). Shakespeare nous apprend à en avoir.
Ces quelques mots prononcés par un sans-abri devant la caméra d’Al Pacino pour son documentaire Looking for Richard résonnent encore en moi.
En effet, à l’aube du XXIème siècle, il m’apparaît plus fondamental que jamais de continuer à transmettre, aux plus jeunes générations et dès leur plus jeune âge, la puissance du verbe de Shakespeare, le plus grand poète dramatique de tous les temps par l’ampleur et la variété de son œuvre.
L’arrivée de la Tour Vagabonde, véritable théâtre élisabéthain itinérant, à Paris, nous donne ce privilège inestimable, à nous membres de la compagnie Les Mille Chandelles : présenter un spectacle qui soit une forme d’initiation à l’univers de Shakespeare.
« Le monde est une scène » nous dit-il. Autour de thèmes qui lui sont chers et dans cet édifice unique, ce « O de bois » conçu pour que l’acteur soit au plus près du spectateur, nous allons chercher à éveiller la conscience de notre jeune public en remontant à la source.
À une époque où l’image sur l’écran retient toute l’attention, nous souhaitons lui suggérer qu’à travers l’imaginaire, c’est un monde sans limites qui peut s’ouvrir à lui.
La pièce de Damien Bonnel, dont nous avons crée les dialogues, Baptiste Belleudy et moi-même, nous en donne l’occasion. Elle est conçue comme une introduction à la littérature et au théâtre. Notre objectif pédagogique, résultat d’une démarche frénétique et joyeuse, est clair : proposer un spectacle vivant, interactif, ludique et poétique mais qui n’en oublie pas pour autant d’être rigolo et divertissant, ce qui est indispensable, en y mêlant gags, chansons et magie.
En plus d’apprendre à l’enfant à développer très tôt son goût pour un certain style, notre entreprise aura pour but de l’aider à mieux appréhender ses propres peurs : celles qui sont suscitées par l’absence, la solitude, le noir, l’autorité, l’autre c’est à dire l’étranger, la mort symbolisée par le masque du squelette…
Afin de tendre à l’universel, l’intrigue de notre pièce nous plonge dans une contrée lointaine et proche à la fois, un ailleurs marqué par un conflit extérieur. Nous allons y découvrir une petite fille qui cherche à tromper l’ennui dans le grenier qui lui sert de chambre.
Dans ce lieu propice à l’évasion, elle va faire une rencontre décisive, celle d’un personnage mystérieux…
Prisonnière d’un univers intolérant, égoïste et conflictuel qu’elle ne comprend pas, notre petite fille se laissera apprivoiser par ce « barde » (surnom donné à William Shakespeare) qui va la transporter dans un monde féerique et merveilleux.
Tout au long de ce voyage initiatique chargé d’incertitudes et d’interrogations, elle découvrira que c’est en soi-même qu’on doit puiser la force de trouver des réponses à ses questions.
Le reste n’est que « bla di bla di bla… »
Stéphane Peyran, metteur en scène
18 rue de l'Hôtel de Ville 75004 Paris