Pour Boyzie Cekwana, « impossible d'échapper à l'histoire ». Cette construction complexe faite d'injustices, de zones d'ombres continuant à agir sur la réalité, on en retrouve des facettes dans chacune de ses pièces – sans cesse remuée, détournée, travaillée au corps.
À la fabrique de représentations et de significations inscrites dans le territoire répond chez lui la scène, comme lieu de décodage et de renversement des idées dominantes.
Influx controls est une loi votée pendant l'apartheid pour contrôler les flux de population, fixer des frontières arbitraires entre noirs et blancs. Même effacée, cette marque reste inscrite dans l'espace sud-africain, le langage et les corps de ses habitants.
Comment extraire cette blessure, la rendre visible, et en faire une allégorie de toutes les paroles étouffées, de tous les murs dressés, de tous les corps entravés ? Se servant de son corps comme d'un outil – support de mots et d'images contradictoires – comme d'une arme à plusieurs tranchants, capable d'extraire les strates qui composent notre vision de l'autre, Boyzie Cekwana s'attaque à la manière dont s'écrit l'identité.
Parlant d'aliénation, il expérimente sur lui-même le regard porté sur le corps noir. Exposant les mots d'ordre de l'information et de la consommation, qui font de l'individu un profil, il transforme les prismes de lecture, et construit une parole impure et libératrice.
Sa danse remet en circulation les discours simplificateurs, juxtapose les identités, disperse les cadres figés, dessine des utopies : « si toutes choses étaient égales, je serais enfin visible, et marcherais avec vous, tandis que nous renommons le monde ».
Influx Controls : I wanna be wanna be est un rituel de transformation social et subjectif, laissant résonner les échos d'une rumeur collective. Un carnaval aux accents révoltés, où le tutu peut cacher une ceinture de bombe, le costume du « bon noir » un redoutable activiste des formes. Un jeu dont les règles sont faites pour être dépassées. Un chant de devenir, qui demande simplement le droit à l'existence.
2/4, rue Alexandre Bachelet 93400 Saint-Ouen
Voiture : D111 depuis Porte de Saint-Ouen, direction Mairie de Saint-Ouen. Prendre à droite rue des Rosiers et à gauche, rue Alexandre Bachelet. Rue des Rosiers depuis Porte de Clignancourt, puis à droite, rue Alexandre Bachelet. D912 puis D410 depuis Porte de Clichy, puis à droite, rue Ernest Renan et prendre à gauche, rue Alexandre Bachelet.