Note d’intention
Argument de Britannicus
Britannicus : 13 décembre 1669
Scénographie et lumières
Costumes
La compagnie Teknaï : historique et projets
Britannicus, un spectacle itinérant
Monter un classique, et par-dessus tout un texte de Racine, est un danger évident. Tout d'abord car les mises en scène de Britannicus ne manquent pas. Danger ensuite car plus le temps passe, plus l'appellation « classique » - malheureusement trop entendue au sens péjoratif du terme - prend le dessus, effrayant de plus en plus le spectateur. Aussi, comment pallier ces idées reçues qui découragent l'audience au lieu de l'exalter ?
Outre ce danger qui devient un moteur de création, monter Britannicus me permet de renouer un lien qui m’est cher avec l’Histoire. Diriger les comédiens devient un moyen d’insuffler la vie aux textes anciens (Annales de Tacite), tout en ayant conscience que l’auteur a déjà choisi les tons qu’il voulait donner à son drame. Ainsi Britannicus n’est pas une source et ne doit s’ériger en rien comme vérité historique.
Britannicus est, selon Racine, une grande pièce politique. Ici, point de dieux ou demi-dieux, mais des hommes et des femmes assoiffés de pouvoir et de vengeance ; la vertu, censée être incarnée par Britannicus, Junie ou encore Burrhus, n'est dans ce texte uniquement présente afin d'être offerte en pâture à l'horreur d'un destin inévitable et sans espoir. La mise en scène se doit donc de mettre en exergue ces intrigues incessantes. La forme itinérante m'est apparue évidente. Le spectateur ne se déplace pas par principe mais par obligation : le lieu de spectacle se transforme en un palais inquiétant, sombre, dangereux, où les bruits de portes et de pas sont omniprésents ; une obligation, car les protagonistes ne cessent de se retrancher dans leurs quartiers afin d'intriguer. Le spectateur passe à la fin de chaque acte dans un autre lieu où le complot, la discussion est déjà lancée lorsqu'il y pénètre. J'ai voulu par cela que le public soit directement lié avec l'action ; il garde ainsi en mémoire les différents endroits, et le ressort tragique est dès lors plus éclatant : lorsque Agrippine dit à Britannicus que Néron l'attend pour se réconcilier (acte IV), le spectateur peut alors réellement s'imaginer un lieu de rencontre (la salle du trône de l'acte II par exemple). Le spectateur se déplace par obligation enfin, car il est encadré par des gardes faisant le lien entre chaque salle, maintenant une atmosphère oppressante.
Enfin, le traitement du texte a son importance pour réconcilier le public avec Britannicus. Ce texte est écrit en alexandrin. Le traiter comme si c'était de la prose est, je pense, la chose la plus grave que l'on puisse faire avec ce genre d'œuvre. La beauté du texte éclate dans son rythme, ses assonances et ses allitérations. Cependant, il ne s'agissait pas non plus de faire un sort à chaque mot afin de bien faire entendre une situation évidente, car dite ! L'efficacité a donc été le maître mot de mon travail : dire le texte comme il est écrit, aller au bout de la pensée de chaque personnage. En somme suivre le rythme imposé par l'auteur, sans chercher à dissimuler l'alexandrin ni à le rendre pompeux.
Extraire de l'écriture des situations fortes et évidentes, les rendre intelligibles et cohérentes par la mise en scène, telle fut ma volonté.
Quentin Defalt
L’empereur Claude, en épousant en secondes noces sa nièce Agrippine, ne savait pas qu’il signait là son propre arrêt de mort.
Agrippine, assoiffée de pouvoir, l’empoisonne après avoir obtenu de lui l’adoption de son fils Néron, issu d’un premier lit, et la répudiation de Britannicus, fils et héritier légitime de Claude.
Le jeune Néron nommé empereur, Agrippine peut enfin tenir les rennes de l’Empire. Mais le jeune homme, ambitieux lui aussi, lassé de la tutelle maternelle et encouragé par son gouverneur Burrhus, entend s’affranchir : depuis quelques temps il refuse de donner audience à sa mère. Plus encore, il vient de faire enlever Junie, jeune princesse qu'Agrippine destinait à Britannicus, affirmant alors sa supériorité face à sa mère…
Racine compose sa pièce en 1669. Louis Racine nous apprend que Boileau lut le manuscrit et proposa ses remarques et critiques ; il engagea Racine à supprimer une scène entière, la première du troisième acte. Les sources principales sont les Annales de Tacites (les livres XI et XII sont consacrés à Claude et Agrippine ; la mort de Britannicus est racontée dans le livre XIII), la Vie des douze Césars de Suétone (livre VI) et l'Abrégé de l'Histoire romaine de Florus.
La première représentation est donnée le 13 décembre 1669 à l'hôtel de Bourgogne. Boursault en a fait le récit six mois plus tard dans les premières pages de sa nouvelle Artémise et Poliante. C'est le seul compte rendu détaillé d'une représentation de Racine. Boursault témoigne, sur un mode ironique et plaisant, du caractère vindicatif de Racine et de ses affrontements avec les autres auteurs de théâtre. On y voit notamment Corneille craignant que la pièce ne soit un succès et tout près de s'en désespérer : " Il était sept heures sonnées par tout Paris quand je sortis de l'hôtel de Bourgogne, où l'on venait de représenter pour la première fois Britannicus de M. Racine, qui ne menaçait pas moins que de mort violente tous ceux qui se mêlent d'écrire pour le théâtre. " Boursault feint ensuite d'appréhender comme les autres auteurs ce sort fatal et prend place au parterre. Corneille est dans la salle : " J'étais résolu de prier M. Corneille, que j'aperçus tout seul dans une loge, d'avoir la bonté de se précipiter vers moi, au moment que l'envie de se désespérer le voulait prendre : lorsque Agrippine, ci-devant impératrice de Rome, qui, de peur de ne pas trouver Néron, à qui elle désirait parler, l'attendait à sa porte dès quatre heures du matin, imposa le silence à tous ceux qui étaient là pour écouter, et me fit remettre ma prière à une autre fois. "
Britannicus ne fut pas joué plus de dix fois lors de la première série de représentations. C'est donc l'œuvre de Racine la moins appréciée lors de sa création. Toutefois, elle fut souvent reprise au XVIIe siècle et semble avoir gagné peu à peu les faveurs du public.
Le choix des lumières est déterminant dans la mise en scène de Britannicus. Le palais de Néron est peu sûr pour ceux qui y vivent ; il ne doit pas sembler l'être pour le spectateur. Quelques projecteurs sur pieds, deux par lieu environ, suffisent à conférer aux différents espaces des ambiances lugubres et harmonieuses.
L'un des principaux intérêts de ce spectacle réside dans le fait qu'il soit itinérant ; le décor est alors le lieu même de représentation. Quelques éléments de mobilier, un éclairage réfléchi permettent une sobriété mettant en valeur le lieu de représentation.
L'acte I prend place dans l'escalier principal des Archives Nationales, menant vers la salle des dépôts, devenue salle du trône (acte II). L'escalier est vide, froid, éclairé de façon à projeter les ombres de ceux qui l'empruntent : le fameux couloir, présent et invisible dans toutes les tragédies, d'où tous sont aperçus par les protagonistes en scène, devient alors une réalité pour le spectateur. La salle du trône, une atmosphère quelque peu différente : des étoffes, un trône imposant... L'acte III se situe dans une salle plus intime, d'où s'émane une ambiance plus chaude que tous les autres lieux. Une chambre dépouillée, avec un lit, une table, abrite l'acte IV : c'est dans cette pièce que Néron a cantonné Agrippine. Enfin, l'acte V est dans la cour de l'Hôtel de Soubise. La lumière est d'un bleu glacial, d'outre-tombe, où seule une cascade de bougies située à une extrémité, en avant-scène, semble rappeler le monde des humains. Espace à part donc, comme pour placer les protagonistes face à leurs souffrances, Agrippine face à son inévitable déchéance, Burrhus face à son inévitable perte, ses humains face à leur inévitable destin.
La volonté du metteur en scène était de recréer un univers qui ne suivrait pas obligatoirement la vérité historique. L'univers souhaité était « barbare et décadent ». Mais il était important de ne pouvoir dater le costume. Aussi, la soie, le tulle, la laine, le cuir et autres matériaux furent utilisés par Juliette Coulon et Didier Hardelet pour la création de leurs costumes. Le costume représente la déchéance de chacun, sa perdition dans un empire corrompu : le haut du corps témoigne de la puissance, de la richesse, tandis que des cuisses jusqu'aux chevilles apparaît un entrelacs de bandelettes sales et déchirées s'achevant sur des pieds nus. Enfin les maquillages soulignent la monstruosité de la pièce : une base blanche sur le visage est commune à tous, surlignée, en fonction du caractère, par des arrêtes et des cernes noires plus ou moins marquées.
- mai 1999 : Création de Teknaï - Représentation de Croisades de M. Azama après sélection du spectacle au Festival de Paris pour la jeune création artistique
- 11 juin 1999 : Croisades remporte le Prix du Jury et le Prix d'interprétation féminine du Festival de Paris pour la jeune création artistique
- septembre 1999 : Représentations de Croisades à la Salle de la Roquette (Paris) et aux arènes de Lutèce dans le cadre des Troisièmes Rencontres Théâtrales
- octobre 2000 : Tournée en Nouvelle-Calédonie avec le spectacle Contes du monde entier, en collaboration avec la Compagnie Théâtrale Francophone
- juillet 2001 : Aime comme mort de P. Barré (Théâtre 13)
- août 2001 : Réalisation du court-métrage Avec des si...
- octobre 2001 : Représentations de Britannicus de Racine à l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique de la Ville de Paris pour les professionnels
- novembre 2001 : Tournée en Nouvelle-Calédonie avec le spectacle Contes kanak, en collaboration avec la Compagnie Théâtrale Francophone
- avril 2002 : Réalisation d'un documentaire, Eurotrotters in Paris, pour le Secours Populaire Français
- juillet 2002 : Le parricide est encore très mal vu dans notre pays ! de M. Vervisch (Théâtre 13)
- octobre 2002 : Tournée en Nouvelle-Calédonie avec le spectacle Contes européens, en collaboration avec la Compagnie Théâtrale Francophone
décembre 2002 : Réalisation du court-métrage Onze vies
10 mars 2003 : Lecture publique de Jacques ou la soumission au Théâtre 13
6 mai - 20 juin 2003 : Représentations de Britannicus au Centre Historique des Archives Nationales
6 septembre 2003 : Représentation exceptionnelle de Britannicus au théâtre antique du site archéologique de Dougga (Tunisie)
NUL! Decor inexistant, costumes inadaptées, repliques et mimiques exagérées, règle de la bienséance totalement ignorée. Dès que le rideau s'ouvre (ou plutot que les lampes s'allument), on comprend que la pièce est détournée de son genre initiale, une tragédie pour être transformée en pastiche de "Melrose place". I wanna scream ! Mais, dans cette diatribe, j'aimerais malgré tout tiré un coud de chapeau à Narcisse. En effet, même si il est légèrement effeminé, sa manipulation est géniale.
NUL! Decor inexistant, costumes inadaptées, repliques et mimiques exagérées, règle de la bienséance totalement ignorée. Dès que le rideau s'ouvre (ou plutot que les lampes s'allument), on comprend que la pièce est détournée de son genre initiale, une tragédie pour être transformée en pastiche de "Melrose place". I wanna scream ! Mais, dans cette diatribe, j'aimerais malgré tout tiré un coud de chapeau à Narcisse. En effet, même si il est légèrement effeminé, sa manipulation est géniale.
60, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris