L’œuvre d’Allain Leprest interprétée avec sensibilité et audace par Jean-Louis Beydon, son pianiste pendant dix ans, accompagné par le chant de Yann Denis.
C’est peut-être Leprest est la concrétisation d’un plaisir partagé. Celui d’un pianiste, Jean-Louis Beydon, fidèle et généreux, qui dialogua avec l’artiste durant une dizaine d’années, et celui d’un interprète, Yann Denis qui avec sa personnalité, souhaite offrir au public le bonheur de découvrir ou de redécouvrir les joyaux d’Allain Leprest.
C'est peut-être... Leprest.
Un piano, une voix pour partager avec sincérité ce répertoire avec le public.
La langue française offre une diversité incomparable dans le choix des mots. La signification précise de chacun d’entre eux emporte l’auteur dans un jeu de construction qui doit retranscrire avec pertinence l’émotion à partager, le paysage exploré. La métaphore, le sens détourné ne s’offrent pas à toutes les plumes, avec la même aisance, le même talent. Évoquer Allain Leprest pour les travaux pratiques, c’est toucher du coeur l’inattendu, l’irrationnel. Rien n’est plus inspirant dans la démarche de porter les mots d’un autre que sentir, tout au long des vers, une rime unique, un adjectif réinventé, un nom commun que l’écrit érige en valeur propre de la phrase, autant dire, une inspiration permanente qui nous fait découvrir une nouvelle syntaxe.
Les chansons d’Allain Leprest sont un terreau que je n’ai pas trouvé ailleurs à ce jour. Lorsque Jean-Louis Beydon, son pianiste durant plus de dix ans, me fit connaître cet artiste, mon ressenti fut à la hauteur de l’exceptionnelle aisance avec laquelle Allain jonglait sa poésie. Un sentiment renversant et émouvant qui déclencha alors mon envie de reprendre, un jour, son répertoire.
C’est chose faite aujourd’hui grâce à la collaboration de Jean-Louis Beydon, accompagnateur hors-pair et inspirateur sans limites. Nous posons notre regard sur l’oeuvre. Un oeil fidèle mais audacieux, et ce sentiment de pouvoir oser une relecture du texte avec gourmandise et générosité. Le public mérite ce festin.
Yann Denis
C’est peut-être Van Gogh le p’tit qui grave des ailes
Sur la porte des gogues, avec son opinel.
Jamais on le saura, râpé les tubes de bleu
Il fera ses choux gras dans l’épicerie d’ses vieux.
(C’est peut-être)
Le soir descend, partons d’ici, faudrait pas qu’ils nous trouvent assis.
Si on larguait nos bibelots, tout tiendrait dans un sac-à-dos.
Regarde, on tend le bras et hop, ils appellent ça l’auto-stop,
Tant pis si on n’a pas de jeans, si cette conne s’imagine
Qu’avec elle le coeur s’arrête, la retraite.
(La retraite)
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris