Camarade Prévert !

du 14 au 24 décembre 2000

Camarade Prévert !

CLASSIQUE Terminé

Toujours poète, jamais poli, la poésie révolutionnaire de Prévert, anticlérical, antimilitariste, anticonformiste, s’offre une cure de jouvence pour le 100ème anniversaire de sa naissance.

La crosse en l'air
Le Tableau des Merveilles
Le groupe Octobre

La crosse en l'air

L'histoire
Un veilleur de nuit, une lanterne à la main se rend au Vatican pour aller dire au Pape ce qu'il a sur le cœur. Pour suivre son voyage, on voit aussi un évêque qui est saoul, un chien assis sur son cul, un catholique pratiquant, un romain avec des pièces au fond du pantalon, Quenelle de Jouvenel Bertrand et Monsieur Claude Führer le grand pétopiomane, Mussolini, des femmes à barbes imberbes, le printemps un oiseau dans sa main, un chat au secours de l'oiseau blessé. L'oiseau raconte au veilleur de nuit son vol au-dessus de l'Espagne en guerre contre le fascisme. Le veilleur partira pour l'Espagne, au secours de la révolution en danger…

Le contexte
Prévert a écrit un texte poétique, presque surréaliste, et pourtant bien ancré dans la réalité sociale contemporaine. Au moment où il écrit ce texte, dans le courant de l'année 1936, le Front populaire gouverne en France. En Espagne, où la guerre civile a éclaté, les forces de gauche sont sérieusement menacées. Dans ce conflit, les nationalistes n'ont pas la sympathie de l'artiste et, en juillet 36, il signe un télégramme adressé à la Maison du peuple de Madrid :
" Saluons fraternellement héroïques combattants pour la liberté espagnole. Espérons fermement victoire finale du peuple espagnole contre criminelle tentative des aventuriers.

Vive l'Espagne populaire, gardienne de la culture et des traditions auxquelles un indestructible attachement nous lie." La signature de Prévert figure parmi celles de Gide, Nizan, P-J. Jouve, Tzara, Picasso, Aragon...

La Crosse en l'air est un plaidoyer pour l'Espagne libre, et en même temps, développe de façon virtuose tous les sentiments qui domineront l'œuvre de l'artiste le long de sa vie : la défense des opprimés, l'anticléricalisme, l'antimilitarisme, la liberté, la révolte, et l'espoir. Comme Prévert aimait à le dire : "Il faudrait essayer ne serait-ce que pour donner l'exemple", la Crosse en l'air ravit de bonheur par l'humour, la tendresse et l'espoir qu'il dégage.

Le Pape : "Poussière tout n'est que poussière et tout retournera en poussière Tait-toi dit le veilleur tu parles comme un aspirateur" C'est sans doute le texte le plus virulent de Jacques Prévert, par les sentiments anticléricaux qui y sont exprimer.

Le Tableau des Merveilles

L'histoire
Trois comédiens saltimbanques ambulants (Chanfalla, Chirinos et un enfant volé) débarquent dans une petite ville. Ils viennent présenter leur nouveau spectacle : Le Tableau des Merveilles.

Le saltimbanque escroc persuade les notables de la ville que seul le bon chrétien peut voir les images du tableau, le juif, non. Seul la femme fidèle aura accès aux merveilles du merveilleux tableau des Merveilles, la femme adultère n'y verra que du feu ! L'inculte, le sot, l'ignorant ne voit rien… Seul l'homme lettré, l'homme de foi en est capable.

Les notables aussi cupides que stupides se laissent prendre au jeu et, alors que le cadre du Tableau reste désespérément vide, se réjouissent de voir de si belles images les confortant dans leur hypocrisie…

Pendant ce temps, l'enfant volé joue sa musique. Celle du chien pauvre, celle de la misère, celle qui rassemble le peuple… L'esprit de révolte gronde…

Sa création
Jean-Louis Barrault travaille avec le groupe Octobre fin 1935 et 1936. Ils répèteront l'adaptation de Jacques Prévert du Tableau des merveilles de Cervantès dans le grenier de Jean-Louis Barrault.

La pièce est jouée pour la première fois à la fin de janvier 36 à la maison de la culture, suivi de pièce d'autre groupe de la F.T.O.F. et d'une conversation sur le théâtre entre Louis Aragon et Jean-Louis Barrault.

Lou Tchimoukow prend le relais de la mise en scène. La pièce est reprise dans des lieux très divers, tels que la mairie de Montreuil (13 juin), le rayon Communiantes des Magasins du Louvre, aux ateliers et dépôts de la Samaritaine. Mais si la pièce est donné très souvent pendant les grèves de mai-juin 1936, c'est pour la fête du Groupe Octobre, le 1er juillet 1936, que le spectacle symbolisa l'apothéose de la troupe et de ses activités. Maurice baquet en dira plus tard : "Le Tableau des Merveilles dût au Groupe Octobre ce que le bouquet est au feu d'artifice !". Aujourd'hui encore, ce spectacle reste une farce vivante et drôle, empreint d'une conscience de classe, propre à Prévert…

Article de presse
"L'adaptation du Tableau de Merveilles, de Cervantès, par Jacques Prévert, que le groupe Octobre vient de présenter au Palais de la Mutualité, constitue dans le domaine théâtral, un événement dont on n'a pas assez souligné l'importance. Pour moi, que le théâtre attire dans ce qu'il a de plus simple, de plus contagieux, de plus immédiat et par conséquent de plus actuel, j'ai trouvé dans ce spectacle, tous les éléments retrouvés et rajeunis du jeu, de la scène, de ce vernis de sympathie où l'acteur et le spectateur échangent des balles pour le plaisir de rire et de s'émouvoir.

... A une époque où le monde va comme il peut, le théâtre doit aller comme il doit. Il est à l'avant-garde des préoccupations humaines, il signale les changements profonds. En France, on prépare enfin la révolution au théâtre. Et voilà une formule qui peut se renverser d'elle-même comme un saladier."

Roger Vitrac, écrivain.
Extrait de "La Flèche"
hebdomadaire politique de combat, 11/07/1936.

Sa publication

La pièce est dans Spectacle, deuxième recueil de Jacques Prévert, publié en juin 1951. En plus Tableau des Merveilles d'autres textes du Groupe Octobre sont publiés : La Bataille de Fontenoy, première pièce de la troupe écrite en 1932 ; Marche ou crève, hymne du groupe et Chanson des sardinières.

Cervantès : Écrivain espagnol (Alcalá de Henares, 1547 — Madrid, 1616). Né avec le Siècle d'or, Cervantès a jeté les bases du roman moderne et créé un personnage universellement connu, le grotesque et attachant Don Quichotte de la Manche, mais a aussi contribué au renouvellement du théâtre et de la poésie à travers une œuvre abondante et inventive.

FTOT : Fédération du théâtre ouvrier de France

Le groupe Octobre

"Attention camarades, attention,
Mourir pour la patrie, c'est mourir pour Renault,
Pour Renault, pour le pape, pour Chiappe,
Pour les marchants de viande, pour les marchant de canon.
Ici les enfants jouent avec la tuberculose dans le ruisseau..."

C'est l'avertissement que l'on pouvait entendre dans les rues de Paris, dans les usines en grève, au milieu des fêtes ouvrières et des manifestations populaires en 1932. Vive la Presse, écrite par Jacques Prévert, fut la première pièce jouée par le groupe Octobre.

C'est claire, la volonté du groupe n'était pas uniquement de faire du théâtre entre amis. Ils voulaient jouer de véritables pièces d'agit-prop. La monté du fascisme en Europe, le chômage, le bilan de la guerre de 14-18... mais aussi la constitution d'un front populaire et l'espoir en l'Union Soviétique motivent la troupe à chercher un auteur qui leur écrira des textes sur l'actualité. Ils demandent au directeur de L'Humanité, Paul Vaillant-Couturier, qui les oriente vers Jacques Prévert. Le groupe était formé.

"C'est le moment de faire son théâtre soi-même", avait prévenu Prévert.

De 1932 à 1936 il va écrire pour le groupe des textes, des sketchs, des chansons et des pièces de théâtre... pour chaque événement politique, à chaque circonstance. Et s'ils sont en prise avec l'actualité et ferme dans leurs engagements, les spectacles du groupe sont d'abord populaire, débordant d'extravagance, de jeux de mots, d'humour, de surréalisme et de poésie.

Prévert, bien souvent, écrivait les textes la veille afin de le présenter le lendemain aux ouvriers en grève. Chaque membre se prend au jeu, Prévert écrit et les rôles sont tenus par les acteurs du groupe.

C'est alors quatre années de camaraderie, de fraternité, d'effervescence que connaissent les gens d'Octobre, de 1932 à 1936.

"Le Tableau des Merveilles" sera leur dernière pièce. Le Front populaire élu ne répondant pas aux espérances, la guerre d'Espagne qui éclate, autant de sujets de discordes au sein du groupe : ils préfèrent se saborder avant de se fâcher.

Prévert dira plus tard : "J'ai abandonné au moment des accords Laval. C'était le moment où, dans les milieux ouvriers, il devenait de bon ton de remplacer l'Internationale par la Marseillaise. Cela ne me plaisait pas, parce que La Marseillaise je la connaissais depuis que j'étais tout petit, je l'avais vue à toutes les sauces. Et j'aimais bien l'Internationale. Alors cela s'est arrêté là."

Parmi les membres du Groupe Octobre : Jacques Prévert, Raymond Bussière, Paul Grimault, Lou Tchimoukov, Margo Capelier, Brunius, Roger Blin, Sylvia Bataille, Maurice Baquet, Marcel Duhamel, Pierre Prévert, Guy Decombe, Jean-Louis Barrault, Jeanette et Lazare Fuschmann, Suzanne Montel, Yves Allégret, Fabien Loris, Mouloudji, Jean Paul Le Chanois...

Les textes écrits et les films réalisés sous Octobre : l'avènement d'Hitler (1933), la Bataille de Fontenoy, Voyage surprise, l'affaire est dans le sac…

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Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois

Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie Restaurant
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 210 m, Stade Léo Lagrange à 560 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).

    Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

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Plan d’accès

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 24 décembre 2000

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