La pièce de Sophie Jabès s’ouvre sur un monologue de Camille Claudel au seuil de sa mort, de Camille Claudel à l’asile de Montdevergues. Elle est à l’image de la vieille Clotho qu’elle avait sculptée des années auparavant et comme elle, Camille déroule le fil de ses pensées, le fil de sa vie mais dans un grand désordre et un délire paranoïaque.
Le deuxième tableau nous projette dans l’atelier de Camille Claudel, quelques jours avant son internement. Elle s’apprête à détruire ses dernières créations, enfermée dans une solitude destructrice où elle devient la proie de délires psychotiques et obsessionnels sombrant peu à peu dans la folie. Elle réclame vengeance et maudit celui qui les a abandonnés elle et ses enfants, telle Médée.
Dans le troisième tableau, on retrouve la jeune Camille Claudel. Elle est l’élève de M. Rodin, elle est heureuse.Elle semble déterminée dans son amour, sûre de son talent, prête à se mesurer au « Maître » et à se donner à lui. Puis on entend au loin, un Chœur qui pleure et plaint les malheurs des trois Camille, un Messager qui annonce des morts successives, et voilà qu’elles se rencontrent, qu’elles se reconnaissent, qu’elles se causent. De ces tentatives désespérées surgit le faible espoir d’échapper à leur destin. Pourtant chacune d’elle accomplira le sien
Je m’attacherai tout particulièrement à faire résonner ce chant à trois voix, à le mettre en mouvement afin que les comédiennes s’emparent de cette matière comme Camille s’appropriait la glaise, le marbre ou l’onyx.
Projections mentales : Projection de parties filmées / Apparition d'un enfant Messager aux allures de « Petite Châtelaine » / Plan serré sur ses œuvres majeures – symbole de ce qui a survécu à l’artiste, à sa propre fureur destructrice, à son isolement forcé, à son renoncement à créer / Contrepoint au texte et à l’image : Musique et univers sonore / Évocation des tourments et névroses de Camille Claudel / Miroir de toutes ses passions et inspirations ; l'amour pour Rodin, l'amitié et la complicité artistique avec Claude Debussy, le Japon.. / Un tissu de résonances / Scénographie : Un espace symbolisant aussi bien les ateliers successifs que Camille Claudel a occupés que sa chambre d’internement / Sol en bois en forme d’îlot évoquant la solitude dans laquelle elle a été plongée, et puis, un banc, un socle, une chaise, éléments que l’on retrouve dans ses sculptures.
Camille Internée : Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Où est mon petit Paul ?
Camille Statuaire se dirige vers elle et la prend dans ses bras.
Camille, Statuaire : Je t’attendais. Tu es celle que j’attendais. Tu as froid. Viens, je vais te réchauffer. D’où viens-tu ?
Camille Internée : Je suis morte. Qu’y-a-t-il sous ces draps ?
Camille, Statuaire : Mes enfants. Tous mes enfants. Ceux qui me restent. Ceux que je n’ai pas tués. Je travaille. Je travaille toute la journée. Je recommence sans fin. Comme la vague qui va bientôt m’emporter.
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