Présentation
Extrait
Personnages
Spectacle de marionnettes tout public à partir de 12 ans. Daprès Madame Ka de Noëlle Renaude.
Madame Ka a peut-être 45 ans. 50. Elle n'a pas l'air de travailler. Elle ne travaille pas. Que fait donc Madame Ka de ses journées ? Elle réfléchit. Elle cherche la conversation. Elle s'ennuie. Quant Madame Ka trouve quelqu'un avec qui bavarder, que lui dit-elle ? Elle lui parle de ses fantasmes, de ses inquiétudes, de ses problématiques existentielles, de ses caprices. Qu'est-ce que l'autre lui répond ? Rien du tout ou si peu. Les états d'âme de Madame Ka n'intéressent personne, même pas l'affreux oiseau parleur offert par ses enfants - forcément ingrats.
Alors, Madame Ka vit toute seule ? Madame Ka souffre de solitude ? Non. Madame Ka a un Monsieur Ka, une belle-mère Ka et Nougat. Elle a aussi une voisine, une belle sur Margerie, un neveu Benjamin, une famille de fruitiers, un peintre G, une multitude de rencontres. Et quand le coiffeur ose avancer qu'il faudrait ceci ou cela à Madame Ka, elle rétorque " Il me faut il me faut. Pourquoi me faudrait-il ? Je ne suis pas en train de vous dire qu'il me faut. Il ne me faut rien. J'ai tout. Un mari... Deux enfants... Un oiseau parleur qui parle... Nougat... Des nerfs à peu près solides... Une vue tout à fait excellente... ".
Posée sous notre loupe, dominatrice mais dominée à ses dépends, Madame Ka se débat de petits gestes en petites réparties : " J'ai lu quelque chose sur le beurre allégé, c'est effarant " ou encore " Il faut admettre que je dois être exceptionnelle. J'ai au moins vingt-cinq talons d'Achille "
Madame Ka incarne la mécanique de la vie telle qu'on ne l'a pas choisie mais à laquelle on se soumet avec le sourire. La mécanique du chacun pour soi. La mécanique du je suis heureux. La mécanique sournoise du destin qui se brode, des événements qui s'enchaînent, de la vie qui passe. La mécanique du langage.
Où va Madame Ka ? Elle suit ses rails. Rails que nous tentons de mettre en scène à travers ces " Certaines aventures de Madame Ka".
La marionnette intervient alors comme évidence, révélateur et signe très adapté d'une dramaturgie de la mécanique du monde dans lequel nous vivons : mécanique du quotidien et réécriture de l'intime, historique du banal et narration comique d'une femme qui crée de toute part son drame existentiel.
Le réel se mêle alors à l'absurde, au loufoque. La pièce organisée en tranches de vie de Madame Ka amène à découvrir l'autre personnage principal : la multitude d'un monde grouillant, farce et désobéissant.
A.M.K
" Mme Ka philosophe dans la cuisine passé minuit avec son neveu Benjamin."
MME KA.- Benjamin.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Il y a eu une époque de ma vie.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Où je me posais la question du monde de ce seul point de vue.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- On te mets au centre du monde pour l'observer.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Si tu y vois un intérêt bien sûr.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- N'en voyant pas l'intérêt je n'en voyais pas les contours.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Je ne soupçonnais même pas qu'il y eût des contours. On ne m'avait pas dit :
il y a des contours.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Puis.
BENJAMIN.- Oui oui.
MME KA.- Il y a eu une deuxième époque de ma vie.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Où je me suis rendu compte que du centre j'avais migré.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- J'avais migré.
BENJAMIN.- Oui oui.
MME KA.- On m'avait poussé à mon insu vers ces fameux contours.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- J'étais sur ces fameux contours comme n'importe qui.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Mme Jules ou ta grand-mère.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Et de mon exil sur les contours du monde je n'en captais pas moins le sens
qu'auparavant.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- En gros, Benjamin.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- En gros, Benjamin.
BENJAMIN.- Oui oui.
MME KA.- Je n'ai jamais capté le sens de rien du tout.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Et je me vois mal captant un jour quelque chose.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- A mon âge je ne sais toujours pas ce que c'est que faire sa place dans le monde.
BENJAMIN.- Oui.
MME KA.- Tu comprends ce que je te dis, Benjamin.
BENJAMIN.- Oui oui.(
)
Mme Ka
et
L'âme en pleurs de la mère défunte
L'ancien professeur de philosophie
Un pervers sans grâce
La simplette
La brute
Le peintre G
La poule ébouriffée
Le vendeur
Mme Jules
La lettre
M. Ka
La mère de M.KA
Margerie
La toute petite femme
L'énorme femme
Le jeune homme très blond
Carole Louis
Jean-Pascal
L'unique poème
Un très vieil homme
Le passant
La voix de synthèse
Le petit mot
L'oiseau parleur
Le crabe vert
Le pou des sables
L'ophtalmologiste
Le coiffeur
Benjamin
Le mort
Une fillette
Un barbu père probable de la fillette
Un spécialiste
Le facteur
Madame Charles
Le fruitier
La fruitière
Les jumelles des fruitiers
Vous
Les vôtres (l'une et l'un)
Le glacier
Un couple
Une jeune touriste
L'imprésario domestique
6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris