Claire Croizé noue un dialogue d’une douce irrévérence où la musique, la danse et la parole progressent en contrepoints.
Sur un drapé d’argent se détache un paysage de montagnes. Quatre mains se mettent à jouer sur un même piano : le compositeur Matteo Fargion et sa fille Francesca réinterprètent avec une savante espièglerie les préludes du Clavier bien tempéré de Bach, avant de chanter quelques vers de Rainer Maria Rilke. Entre le poète et le compositeur baroque, Claire Croizé noue un dialogue d’une douce irrévérence où la musique, la danse et la parole progressent en contrepoints. À leur tour, danseuses et danseur s’approprient la première strophe de la deuxième Élégie de Duino. Leurs mouvements frôlent la narration, s’amusent des symboles et des images : la paume d’une main s’appose sur des yeux et voilà Tobias qui prie l’archange Raphaël de soigner son père aveugle. Les corps vibrent, se soutiennent et se guident, tour à tour expansifs, amples et vulnérables. De cette écoute mutuelle, de cette attention portée l’un à l’autre, Claire Croizé tisse une étoffe d’une épaisseur éminemment sensible.
Victor Roussel
76, rue de la Roquette 75011 Paris