Au départ c’est une passion pour l’écriture. C’est la deuxième histoire de théâtre que j’écris et c’est tellement dur d’écrire, de dessiner chaque personnage, d’être en même temps dans la peau de chacun.
Alors j’ai commencé par raconter une histoire avec un seul personnage. Et puis maintenant est venu le temps de raconter une histoire avec deux personnages et ainsi de suite peut-être, pourquoi pas. A l’origine il y a un texte que j’ai écrit puis j’ai demandé à Charlotte et à Alexandre de m’aider en tant que comédien, à finir d’écrire cette histoire. Notre histoire. Leur laisser de la place dans cette écriture, les concerner et les rendre responsable. C’est comme cela que je conçois le travail de troupe. Un travail collectif périlleux, peut-être dangereux même. Mais de ce fait séduisant, excitant. Nous essayons, nous tentons. Il faut se connaître un peu pour partir dans ce genre d’aventure. Et la notion de troupe est fondamentale : nous travaillons ensemble depuis longtemps. Ce qui change juste, c’est que pour cette fois c’est moi qui vais mettre en scène.
Pour ce qui est de l’histoire je ne vais pas vous la raconter, en tout cas pas comme ça. Je vais vous en raconter une autre.
Sisyphe est un roi grec qui fut condamné à rouler sur la pente d’une montagne un énorme rocher qui redescendait chaque fois qu’il approchait du sommet. Pourquoi il fut condamné ? D’abord personne n’a la même version, et puis de toute façon ça ne change rien à l’affaire : il fut condamné et pour l’éternité.
Donc jusqu'à il n’y a pas encore si longtemps, Sisyphe continuait à pousser son bloc de pierre. Mais un jour, il se retrouve dans un ascenseur, avec son caillou. C’est la première fois qu’il monte dans un ascenseur. On lui a dit que ça pourrait lui être utile, il l’a cru. L’air interdit, il regarde autour de lui, il y a une lumière au plafond. A hauteur de la taille, en plein milieu une barre comme pour faire de la danse mais ce n’est pas possible, il y a peu de place pour faire de la danse ici. Puis derrière cette barre il y a un autre homme avec un autre caillou qui le regarde quand il le regarde. Mais continue-t-il à le regarder si lui ne le regarde plus ? Il ne sait pas. Pendant ce temps, le caillou ne fait rien, comme la plupart des cailloux. Depuis l’éternité il attend ce jour, il l’a répété des milliards de fois dans sa tête : là-haut tu ouvres la porte, tu jettes le caillou, tu refermes la porte. Et tu seras sauvé, un caillou ne peut pas ouvrir une porte. Confiant, il appuie sur le bouton du dernier étage. L’ascenseur peine à s’élever et finalement ne bouge pas. La charge est trop lourde. Que faire ! Sisyphe pour la première fois craque : « j’en ai marre de toi, depuis le temps que je m’use à te faire monter là-haut, et toi tu ne fais pas beaucoup d’effort, c’est fini entre nous, je te laisse je monte sans toi, puisque de toute façon j’ai compris, tu ne veux pas y monter là haut ! Salut je me casse ! » pour reprendre une citation de Jean Paul Sartre : le caillou c’est l’autre.
Nicolas Vallet
« Le texte, comme un patchwork de mots, de jeux de mots ou d’expression, comme un assemblage de situations incongrues ou d’émotions, est beau, et se veut dans la lignée du théâtre contemporain. On ne comprend pas tout, mais on ressent. » Un Fauteuil pour l’orchestre
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.