Imaginons trois personnages : un conférencier mythomane, une femme seule, une jeune fille qui lit trop de romans roses. Trois monologues glissés comme des confidences à l’oreille des spectateurs. Des mots et des histoires qui se mélangent, interfèrent et les monologues deviennent conversation. Ces passerelles de vies lancées au monde prennent une autre tournure. Entre humour et fantaisie, rires et larmes, Laurent Fréchuret a choisi trois auteurs, poètes ou saltimbanques, pour écrire une partition à trois voix entremêlées.
Une femme seule de Dario Fo, « Nobel » au rire ravageur qui, avec sa complice Franca Rame, est le seul à retrouver l’humeur des bateleurs du Pont Neuf pour parler d’aujourd’hui, de la politique, de la condition de femme au foyer. C’est dévastateur, désopilant et ça vise juste.
Dans le registre du rire, le Britannique Alan Bennett raconte avec une diabolique subtilité des petites tranches de vie ordinaire qu’il fait osciller entre le noir irrévocable et la comédie. Avec La Chance de sa vie, c’est le rire aux larmes.
Humour à froid et sourire en coin, avec le troisième larron convoqué, Serge Valletti, qui bricole du côté de la folie et de l’extravagance. Celles qui nous mènent dans un cosmos délirant, comme le héros de La Conférence de Brooklyn sur les galaxies.
Dans un petit théâtre de bois, tout à fait inhabituel, construit en triangle et conçu pour cent personnes, trois passeurs délicats et déliés racontent trois blessures à vif. Ainsi, dans cette arène ou ce ring, se partagent des histoires, nos histoires, d’amour, de solitude, de révoltes, de folie, de petits et grands bonheurs. Un mélange détonnant et désopilant.
Place Jacques Brel 78505 Sartrouville