Bâtir, détruire, détruire, bâtir… Tel le mythe de Sisyphe, le premier volet des Contes immoraux de la performeuse metteuse en scène Phia Ménard déploie sur scène un « village Marshall ». En carton et sur mesure. Comme on monte une série de tentes pour réfugiés.
Un « village Marshall », parce que le grand-père paternel de Phia Ménard fut l’une des nombreuses victimes des bombardements de la ville de Nantes en septembre 1943. Afin que les alliés puissent engager leurs troupes sur le sol européen, la stratégie du tapis de bombes détruisit des villes entières, ensevelissant leurs habitants. C’est en réalisant que sa famille n’honorait non pas une tombe pour le grand-père mais une fosse commune, que Phia Ménard comprit l’infamie de la bombe et l’absurdité du fameux plan Marshall : organiser une destruction et gérer la reconstruction suivant un modèle de maison préfabriquée et d’une réécriture de l’aménagement urbain.
Alors Phia Ménard construit en scène, seule, un Parthénon de carton. Étaler, tracer, couper, assembler, poser. Tout semble parfait si ce n’est ce nuage qui s’assombrit au-dessus de la scène. Alors, peut-être, un éclair, une légère brise, puis une pluie, voire des trombes d’eau ! Et la construction s’effondre malgré l’énergie déployée pour le sauver. C’est une bouillie, une mélasse dans laquelle les corps sont noyés… et il faut encore tout recommencer. Du scotch et du carton pour embrasser la matière qu’aime tant Phia Ménard dans une métaphore édifiante d’une Europe inlassablement en reconstruction.
« Sachez que vous n'en sortirez pas indemne et, peut-être, moins résigné face au désastre qui nous menace. » Télérama sortir TT
« Coutumière des performances hors du commun, la patronne de la Compagnie Non Nova orchestre une opération de construction-destruction d’un Parthénon miniature qui parvient à convaincre grâce à sa puissante charge symbolique. » Vincent Bouquet, sceneweb, 24 février 2020
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