Une femme ne peut pas pratiquer un sport dit viril sans attirer la méfiance. Judith Depaule a mené son enquête auprès de deux équipes de rugby à XV à Bobigny et à Soisy-sous-Montmorency.
Elle a interviewé, filmé, suivi les joueuses dans leurs entraînements, leurs matchs, leur vie. Images, mots, gestes, jeu (auquel le public peut participer) s’affrontent sur quelques mètres carrés de gazon et dans le corps d’une comédienne, interprète de toutes ces sportives…
« J’ai souhaité recréer une équipe de rugby à XV fabriquée de toutes pièces, à partir de joueuses issues de 2 clubs : un club de troisième division et un club classé dans le top 10 dont certaines joueuses évoluent en équipe de France. Ce choix se veut le plus représentatif possible de l’état du rugby féminin aujourd’hui et tente de couvrir le spectre le plus large possible sans limitation d’âge ou de niveau. Cette équipe regroupe des joueuses en activité : aussi bien des très jeunes et des débutantes comme d’autres en fin de « carrière », aussi bien des joueuses de troisième division que des joueuses de l’équipe de France. Chacune de ces joueuses a été interviewée sur son rapport à ce sport, à son corps et à sa féminité. Elle a été filmée en situation rugbystique (préparation, échauffement, entraînement…) et dans sa vie privée.
Qui dit sport collectif, implique la participation et l’implication, ne serait-ce qu’en images de l’ensemble du club dont chaque joueuse « sélectionnée » fait partie. Ces 15 portraits sont à la fois présents en image et restitués en paroles par une interprète unique, Johanna Korthals Altes, qui décline tour à tour 15 identités et celle du collectif. La comédienne reprend à son compte la gestuelle rugbystique. L’ensemble du spectacle est contruit sur une gestuelle empruntée au rugby, décline des considérations sur l’histoire du rugby féminin, relate le rapport que ces femmes entretiennent avec la violence et leur fémininté, les donne à voir en situation d’entraînement ou de match.
La scénographie du spectacle s’organise autour de 3 éléments :
- des figurines représentants 15 joueuses de rugby en situation ;
- un « terrain de jeu » figuré par un rectangle de gazon synthétique, tel qu’on en retrouve sur les terrains de sport et par un en-but ;
- une projection vidéo grand format cadrée par l’en-but, et des tours d’écran LCD petit format de part et d’autre de celui-ci, permettant d’opposer des images de nature, de valeur et de dynamique différentes.
Certaines images ont été retravaillées en postproduction (animation, compositing) ou filmées avec des partis pris particuliers (caméra embarquée, ralentis, gros plans, angles de vues inattendus), afin de sublimer leur aspect documentaire et de les faire basculer dans un champ onirique. La musique se nourrit de sons produits par les joueuses durant leur pratique, retravaillés à l’ordinateur et agrémentés d’autres sources, formant une composition organique qui rythme l’ensemble du spectacle. Certaines parties sont jouées en direct, en dialogue avec le jeu scénique de la comédienne. En partenariat avec la marque Ultra Petita, ligne de vêtements sportifs consacrés notamment à la pratique du rugby féminin, une tenue a été créée en hommage à cette équipe improbable. »
Judith Depaule
63, rue Victor Hugo 93100 Montreuil