Ils sont des centaines, des centaines de toros. Ils me cernent. Ils veulent ma peau. Allez-vous en ! Laissez-moi ! Pitié !
Toréer, pour un torero, c'est une activité presque ordinaire. C'est son métier. C'est même son art, corrigeront certains amateurs - « aficionados », comme ils disent. Certes, mais quand il n'y a pas d'arènes ou que l'on a du mal à les localiser, toréer devient compliqué. Et ce n'est pas de pointer à l'ANPE qui arrangera la situation. Alors le torero rêve, trace des plans sur la comète, se perd en conjectures.
Surtout quand il s'agit d'un torero bulgare comme celui imaginé par Denis Baronnet dans Corrida, une pièce pas piquée des hannetons - pas même avec des banderilles. D'autant qu'à ce torero mélancolique, l'auteur accole un complice alcoolique et surtout tueur d'abattoir, au chômage depuis peu. Pour passer le temps en attendant de repérer où se trouvent les arènes, nos compères devisent, tapant le bout de gras avec un marin, harponneur de son métier. Ses arènes à lui, c'est l'océan, rêve à voix haute le torero soudain admiratif, et la baleine est son taureau. Et de s'imaginer bientôt en « rhinorero » affrontant un rhinoceros sur la corne duquel il planterait un bâton de dynamite... Il est grand temps pour notre torero que ses affaires s'arrangent. Sinon ça va saigner.
Denis Baronnet tient à remercier chaleureusement son ami Emilian Tzankovski comédien qui fut le torero bulgare originel et l'inspirateur de Corrida.
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