« Il faut baiser davantage, bordel ! »
Il part en guerre dans les espaces sidéraux qui se dissimulent sous les lames des parquets. Il y chasse les créatures à trois têtes. Il se débat contre le lit de la chambre à coucher, qui l’avale comme des sables mouvants. Rodrigo García crée un manifeste mélancolique contre la vie domestique, les habitudes, les passivités. Ses deux comédiens fétiches apprivoisent des cafards élevés dans des caisses de batteries éventrées. Ils exhortent les bestioles à s’acquitter des tâches ménagères. Les escargots, une tortue d’eau, une moto jaune et la sculpture d’un yorkshire géant peuplent l’univers de Daisy, nom d’une petite chienne qui traverse le plateau, et rappelle l’homme à sa condition d’animal pensant, parlant, agissant. Un quatuor à cordes de Beethoven contrebalance les paradoxes du poète, son humour et ses imprécations.
Rodrigo García se définit comme un « trouble-fête à la con ». Ancien publicitaire, nourri à la littérature et aux arts plastiques, trublion attitré du Rond-Point, des festivals d’Automne ou d’Avignon, il a créé entre autres Jardinage humain, Et balancez mes cendres sur Mickey, Fallait rester chez vous, têtes de nœud, ou dernièrement Gólgota picnic.
Il traque dans Daisy la poésie et l’aventure humaine dans les recoins de l’espace familier. Entre les quatre murs de la domesticité, des sales habitudes, il en appelle au réveil collectif. À l’insurrection contre les existences formatées. Il compose un vade-mecum sanglant, un sanglot éclatant contre l’inertie.
Avec le Quatuor Leonis.
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