La danse de Daniel Linehan fait irrésistiblement penser à l’écriture de Gertrude Stein. Comme son illustre aînée, ce jeune chorégraphe américain fait danser sans restriction corps et langage, mots et mouvements pour inventer une écriture spatiale où la fantaisie le dispute à la subtilité. Les trois pièces présentées résument bien son parcours, de ses débuts à New York, où il danse chez Miguel Gutierrez, à sa formation à l’école P.A.R.T.S. d’Anne Teresa De Keersmaeker.
Dans son premier solo, Digested Noise (2004), il accompagne sa danse de paroles, grondements et glapissements divers. The Sun Came (2006) plonge cinq danseurs dans une atmosphère d’après cataclysme : contraints, leurs mouvements répondent à la situation par une succession d’états d’intensité variables – féroce, manipulatrice, mélodramatique. Enfin, Being Together without any Voice (2010) interroge les liens au sein d’une humanité qui hésite entre la force de l’habitude et l’élan vers la liberté au moyen de gestes figurant aussi bien un travail privé d’utilité qu’un jeu sans finalité.
Fabienne Arvers
31, rue des Abbesses 75018 Paris