Résumé
Deux personnages Danny et Roberta se provoquent, se matent, se matent, se déchirent, s'embrassent, se cognent. Ils sont à vif. Ils ont du mal à trouver les mots pour s'exprimer. Ils passent de la confrontation à l'amour. Le style est fort, cru, violent. Ce sont des apaches, c'est à dire des voyous dans le style apaches parisiens qui hantaient les cafés à paris vers la fin du 19ème siècle. Mais là, on est dans le Bronx, aujourd'hui.
Regard du metteur en scène
"Danny et la grande bleue" est une histoire d'amour. C'est aussi une danse. Une danse Apache à Paris. Comme la Capuera au Brésil. Comme l'amour passion, elle est violente et dangereuse, lyrique et romantique. A penser qu'il existe un lendemain.
Danny et Roberta : Violents et cassés, incapables de s'exprimer, avec des mots qui se bousculent dans la bouche, dangereux et vulnérables. Ils sont au bout du rouleau. C'est la fin. La route s'arrête. Y' a un mur.
Danny refuse de croire le chemin continue, peut-être, de l'autre côté du mur. Y' a rien, après. Y' a rien que le monde où il vit. Un monde de désespoir. Un monde coupé des autres. Il essaie de remonter le courant, un courant qui le ramène sans cesse en arrière, épuisé par l'effort de vivre avec les autres. Le courant le tire en arrière. Il va tomber. Il va se laisser emporter. Et là, il entre dans ce bar.
Roberta porte son péché. Elle doit payer. Elle le sait. Mais personnes ne la punira. Parce que personne ne sait. Sauf lui. Le poids est trop grand. La conséquence de son acte est énorme. Elle doit le dire, à quelqu'un, à n'importe qui. Elle se noie dans sa tête, dans ses pensées. Elle a abandonné. Elle entre dans un bar. Une dernière chance. Un dernier effort, désespérée.
Moi c'est Danny. On est tous des Danny, quelque part. Dépassés par la vie. Désespérés, troublés, cherchant mieux. En lutte contre la solitude que la ville nous impose. Révoltés par l'impossibilités de communiquer. Certains ont de la chance d'échapper à ça. Pour d'autres, c'est leur quotidien.
Moi c'est Roberta. On est tous des Roberta. Souvent. On voudrait être pardonné pour quelque chose qu'on a fait par réaction, sans réfléchir, sans penser qu'il y avait peut-être une autre solution. On cherche à s'en sortir. On s'accroche à l'espoir. On s'accroche à ce bout de bois pris dans les tourbillons.
Shanley écrit sur ces gens là. Il ne se place pas au dessus d'eux. Il écrit comme ils sont, une partie de nous mêmes. De gens qui sont autour de nous, dans le métro, dans le bus, où dans le café, à la tables d'à côté. Cachés dans leurs costards, leurs jeans, leurs fringues déglingués, Danny et Doberta, qu'ils soient du "Bronx" ou de la "Cité", d'un palace ou d'un squatt, nous côtoient tous les jours. Même si le regard de Shanley peut paraître cynique et nihiliste, il nous laisse avec de l'espoir, une fenêtre vers autre chose. Comme dit Danny à la fin de la pièce:
"Moi, toi, ce que t'as fait. On n'a pas fait ce qui nous est arrivé. Ca nous est arrivé, point. C'est pour ça que tu dis non, Roberta. Parce que tu penses qu'on ne peut rien faire... Mais on peut. On peut décider d'un mariage, et le mariage arrivera, comme on l'a voulu. La seule surprise, ça sera qu'on le savait à l'avance."
John Pepper
Paris, Mars 2000
2, passage du Bureau 75011 Paris