"For anyone who's loved and lost and hopes to love again." (Pour ceux qui ont connu l'amour, l'ont perdu et espèrent aimer à nouveau). Maury Yeston
Représentations des mardis en anglais (sauf mardi 21 décembre).
Un cri d'amour déchirant
L'origine
Une femme en décembre
Entretien avec Maury Yeston
Entretien avec Isabelle Georges
Une femme, seule, la nuit… une voix, un voyage. Lorsque le rideau tombe sur d'ultimes bravos et que meurent doucement les feux de la rampe, les paillettes deviennent solitudes. Une femme se penche sur son passé, trébuche dans le présent, crie son espoir en demain. Ame romantique aux modernes blessures, elle chante, dans la nuit, un amour auquel elle ne peut renoncer.
Cette femme, vous l'avez croisée sans la voir. Peut-être dans votre propre miroir. Que l'on soit homme, que l'on soit femme, nous la vivons dans notre corps et notre âme. Nous attendons tous l'autre. Nous l'espérons, le redoutons, souffrons encore des coups au cœur qu'il nous a infligés.
En dix mélodies (plus une magnifique surprise), écrites et composées par Maury Yeston, figure emblématique de la comédie musicale américaine, en quelques pas de danse sur une scène de théâtre qui devient la vie… Isabelle Georges donne toute sa passion et son talent à ce destin de femme. En une fusion violente et passionnelle, piano et voix déchirent l'âme, enivrent, pour mieux plonger vers la lumière !
Ce visage et cette silhouette, ces mots et ces mélodies obsèdent comme le plus beau et le plus déchirant des cris d'amour.
Gilles Gressard
Chorégraphies de Lilja Hermannsottit, adaptation française de Boris Bergman.
Une coproduction de La Compagnie Comme Si - Frédérik Steenbrink, Les Affreux et Agents&Artistes.
En 1991, le célèbre Carnegie Hall commande pour son centenaire, quatorze pièces musicales à des compositeurs de renom, dont Maury Yeston. Ce dernier écrit un cycle de dix chansons, dont l’inspiration et le titre sont un hommage à Franz Schubert (1797-1828) et à son Voyage d’hiver (1827), qui est, selon Maury Yeston, « Le plus beau cycle musical qui ait jamais été écrit ».
Considéré comme une des pages les plus intimes du maître, Le Voyage d’hiver met en lumière un langage musical romantique, dans la tradition Austro-Germanique. Tout au long de Décembre, on retrouve cette touche schubertienne, cette alternance des modes majeur et mineur, transposée en un autre lieu et en un autre temps.
En 1997, Isabelle Georges est à New York et se rend au théâtre sur Broadway pour y voir Titanic. Elle est séduite par l’écriture musicale de Maury Yeston. Deux ans plus tard, on lui propose d’incarner le personnage de Kate McGowan dans la création européenne de Titanic à l’Opéra Royal de Wallonie. A cette occasion, Isabelle rencontre Maury Yeston. Leur amitié grandit, des projets se forment, Maury Yeston lui envoie des compositions et Isabelle découvre les chansons de Décembre.
Elle se promet de les interpréter un jour en France. Un jour de décembre.
L’histoire, racontée à travers dix chansons est celle, universelle, des petits riens qui déchirent le cœur.
December Snow
L’absence. Une femme marche. Ses pas s’effacent dans la neige. Elle voudrait oublier.
Where Are You Now?
Le rythme infernal d’une station de métro à l’heure de pointe. Soudain, un visage. Celui de l’être aimé ? mirage…
Please, Let’s Not Even Say Hello
Le rencontrer ? Surtout, ne pas lui parler. Se croiser et feindre de ne pas se voir. Il est encore trop tôt.
When Your Love Is New
Se souvenir des premiers moments. Le grand frisson, le cœur qui bat. Le temps suspend son vol. On n’a peur de rien quand on aime…
Bookseller In The Rain
Se sentir comme un livre fermé à l’étalage d’un bouquiniste, par un après-midi pluvieux…
My Grand Mother’s Love Letters
Remiser au grenier les vestiges du passé. Y trouver par hasard les lettres d’amour de sa grand-mère et communier avec elle…
I Am Longing
Ne plus supporter la solitude. Vouloir, à tout prix, aimer et être aimé. Mais comment ? mais par qui ?
I Had A Dream About You
Se retrouver, même si ce n’est qu’un rêve. S’évader ensemble, vers le bonheur…
By The River
Un pont. En bas, le fleuve. La tentation : se jeter pour en finir ? Vivre ? Mourir ? Vivre
What A Relief
Sécher ses larmes. Faire la paix avec soi-même. Sentir la vie renaître et vous entraîner comme un tourbillon. Enfin libérée !
En quoi December Songs est-il différent ou proche de ce que vous composez habituellement ?
Avec December Songs, je souhaitais raconter une histoire complète, simplement avec la musique et les mots, sans dialogue ou intervenant extérieur. Pour moi, c'était l'opportunité unique d'associer la magnifique composition d'un cycle de chansons, créée pendant la période romantique, avec les subtilités et les techniques modernes du théâtre musical post-Sondheim.
En quoi vous sentez-vous, personnellement, proche de December Songs ?
December Songs a toujours été une de mes œuvres favorites, une de celles dont je me suis senti le plus proche… non seulement parce que c'est un hommage à l'une de mes idoles musicales, Schubert, mais surtout parce qu'on a souvent dit que Le Voyage d'hiver ne pouvait être chanté que par un homme. J'ai donc décidé que ma composition - mon December Songs - donnerait aux femmes une égalité de traitement. Pour cette raison, mon héroïne est une femme d'aujourd'hui. À la fin de l'œuvre, elle trouve la force de guérir et d'aller de l'avant, même si elle porte toujours en elle ses blessures. Alors que le héros de Schubert plonge tragiquement dans un enfer définitif.
Pourquoi avez-vous souhaité partager ce December Songs avec Isabelle Georges ?
Lorsque j'ai rencontré Isabelle Georges, j'ai immédiatement ressenti la communion unique entre mes objectifs de compositeur et la profondeur émotionnelle de son brillant talent. Elle est une actrice mais aussi une chanteuse remarquable. Ce mariage était ce dont j'avais précisément besoin pour transmettre mon personnage, au public à travers une performance théâtrale authentique. De plus, l'idée qu'Isabelle Georges interprète December Songs en langue française me séduit beaucoup, car je suis intimement convaincu que l'amour, la perte de l'amour, la musique, tout ce qui touche au cœur est universel et dépassera toujours les barrières linguistiques.
Pourquoi Maury Yeston et pourquoi Décembre ?
J'ai rencontré Maury à Liège, alors que j'interprétais, en français, Kate McGowan, dans sa comédie musicale Titanic. Nous nous sommes revus aux États-Unis, deux ans plus tard. À cette occasion, il m'a offert le livret de December Songs. Un CD en avait été fait, pour l'unique représentation, lors du centenaire du Carnegie Hall. Je l’ai écouté en boucle et j’ai commencé à imaginer ce que j'aimerais en faire. Alors que je jouais dans le spectacle Et si on chantait, j'ai eu envie d'initier un projet plus personnel. À peu près au même moment, Maury m'a envoyé une nouvelle chanson, composée spécialement pour moi ! Je l'ai ressenti comme un signe et me suis dit : c'est le moment ! Il m’a fallu deux ans pour faire aboutir ce projet.
En quoi vous sentez-vous proche du personnage de Décembre ?
Pour moi, ce spectacle ressemble à un voyage intérieur, un cheminement initiatique. Comme tout le monde, j'ai connu la perte d'un être cher, j'ai pensé que le monde s'arrêtait, que tout était fini, qu’il serait impossible de tourner la page, que je ne m'en remettrais jamais… je suis toujours en vie, différente, mais belle et bien vivante. Décembre parle de cette fragilité, de ce chemin intérieur qu'on est amené à parcourir, consciemment ou non. J'avais envie de partager ce moment avec un public. Partager avec eux cet espoir extraordinaire qui naît de l'acceptation, du lâcher prise.
Décembre est différent de ce que vous avez fait auparavant. Le ressentez-vous comme un défi ?
Il y a plusieurs défis dans ce projet. Le premier est l’œuvre en elle-même. Elle est à cheval entre la musique classique et la comédie musicale, entre le cabaret et le théâtre… Ce qui crée un univers à part, unique. Le second défi est vis-à-vis des connaisseurs du Voyage d’hiver de Schubert. L’œuvre originale est un message sans espoir. Décembre met en scène une femme qui surmonte une épreuve. Il ne s’agit surtout pas de faire du « sous Schubert », mais de créer une œuvre nouvelle et originale ! Le troisième défi réside dans l’adaptation française. Les textes de Maury Yeston sont très poétiques, tout en restant d’une grande simplicité. C’est une œuvre allemande, revue par un américain à la sensibilité européenne. Il faut donc que l'adaptation respecte l’esprit, tout en s’adaptant à la sensibilité française. Le dernier défi consiste à choisir une forme scénique complètement épurée, au moment où la mode est aux grosses comédies musicales, aux artifices… J'ai choisi la simplicité qui sied à cette composition originale. Paradoxalement, c'est un vrai pari que de miser sur l’œuvre et l’interprète. Cela nécessite non seulement un vrai travail d’acteur et de chanteur mais aussi une mise en scène sophistiquée.
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