Chanté en allemand (sous-titrage en français). Prix des Théâtres du Monde 2003.
La Mort et Arlequin (la Vie) se désespèrent d’une époque qui ne les respecte plus. Furieuse, la Mort brise sa faux : les hommes ne pourront plus mourir. L'Empereur d'Atlantis annonce à ses sujets qu'ils lui doivent l'immortalité et déclenche une guerre totale, les vouant à une souffrance sans fin. La Mort propose de délivrer le peuple si l'Empereur consent à mourir le premier.
Der Kaiser von Atlantis fut conçu durant la Seconde Guerre mondiale derrière les barbelés du camp tchèque de Theresienstadt (Terezin) par Viktor Ullman, un compositeur juif élève d'Arnold Schoenberg. Les nazis y avaient rassemblé un nombre élevé de musiciens, permettant la création d'une vie musicale de très haute qualité. Vitrine « idéale », objet d'un film de propagande censé défendre et illustrer le bon traitement de la population juive, Theresienstadt fut le lieu d'une effervescence artistique véritablement phénoménale. Situé dans une contrée légendaire, Der Kaiser von Atlantis doit être entendu dans son rapport avec l'actualité. Le livret de Petr Kien ne cesse de faire en effet allusion aux événements du régime hitlérien sous le couvert d'un conte de fée et du rêve.
Mi-opéra mi-cabaret, Der Kaiser von Atlantis vise à l'essentiel. Une musique grinçante s'articule sur de
nombreux récitatifs; le style oscille entre Mahler et Weill en passant par la polyphonie et le jazz,
soulignant avec fluidité un livret qui tient à la fois du conte philosophique, du pamphlet surréaliste et
du théâtre de tréteaux. Calqué sur le modèle des formations de l'École de Vienne, l'effectif réuni par
Ullmann, et dicté par les circonstances, réclame treize instruments, dont trois claviers (piano, orgue,
clavecin) et quelques instruments inhabituels (banjo, saxophone).
L'oeuvre fut longuement répétée au camp de concentration mais interdite juste avant sa création. Viktor Ullman et Petr Kien meurent dans les chambres à gaz d'Auschwitz, le 18 octobre 1944.
L'Empereur d'Atlantis ou Le Refus de mourir (1943), drame en un acte Viktor Ullman. Livret de Petr Kien.
Création : Amsterdam, Bellevue-Theater, le 16 décembre 1975
Distribution
L'empereur Overall : Luciano Garay, baryton
La mort : Hernàn Iturralde, basse
Le héraut : Gui Gallardo, baryton
Arlequin : Enrique Folger, ténor
Une jeune fille : Laura Rizzo, soprano
Le tambour : Alejandra Malvino, mezzo-soprano
Un soldat : Gabriel Centeno, ténor
Ensemble Instrumental de l’Opéra de Chambre du Teatro Colon (Buenos-Aires)
Direction musicale : Guillermo Brizzio
Décors et costumes : Gaston Joubert
Lumières : Ruben Conde
5, rue Favart 75002 Paris
Entrée du Public Place Boiëldieu