Seul véritable opéra de Purcell, Didon et Enée est une perfection : bref, brillant, empli d’émotion et d’airs passés à la postérité.
En 1689, l’Angleterre ignore encore l’opéra, cette forme hybride qui a déjà conquis l’Italie et la France… Jusqu’à ce que Henry Purcell, organiste à l’abbaye de Westminster, compose Didon et Énée sur un livret du poète Nahum Tate.
S’inspirant d’un épisode de L’Énéide de Virgile, il met en scène les amours de la souveraine de Carthage et du prince de Troie, contre lesquelles une magicienne féroce va bientôt déchaner les esprits et la foudre. Mais on y trouve aussi des éléments familiers aux Britanniques : trois sorcières tout droit sorties de Macbeth, une partie de chasse interrompue par l’orage, des marins en virée et, last but not least, une reine héroque et vertueuse…
Une oeuvre dont l’influence, continue et obstinée, va façonner la musique anglaise jusqu’à Benjamin Britten et au rock des années 60. Comment expliquer le succès toujours renouvelé de ce chef-d’oeuvre du baroque ? Par sa brièveté fulgurante, par la netteté de sa construction, par le bouleversant lamento de la reine blessée à mort ? Sans doute… Mais aussi par la volonté du compositeur de faire accéder le public à une forme nouvelle.
Un pari gagné par-delà les siècles : trois cent cinquante ans après la naissance de Purcell, Didon et Énée continue de créer de nouveaux amateurs d’opéra.
Avec l'Ensemble Les Nouveaux Caractères et le choeur AEdES.
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris