« Dom Juan de Molière. Aborder ce texte est en soi une audace, et la fortune sourit aux audacieux. En l’occurrence, aux audacieuses ! Car j’ai choisi de l’être, assez pour proposer ce projet à un collectif amateur, ce qui est déjà un pari… Nous sommes au théâtre, nous pouvons jouer y compris avec vous, chers spectateurs. Alors, jouons, jouons à « on dirait que ... ».
On dirait qu’on jouerait Dom Juan. On dirait que Dom Juan et Sganarelle seraient des prénoms féminins. On dirait qu’on serait dans un lieu, dans un temps où les noces peuvent être célébrées entre tous les couples, sans se poser la question du genre. L’amour, le désir, le trouble, la manipulation, l’abus de pouvoir ne seraient pas une question de genre.
Oui, je sais, on demande beaucoup à votre imaginaire, mais l’imagination, comme la liberté, ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, non ? Alors, si vous acceptez de jouer à ce jeu avec nous, vous allez, comme nous, découvrir à quel point ce texte sulfureux à sa création, l’est toujours autant, peut-être plus encore, riche de tout le sens, de tous les sens qui s’ouvrent devant nos yeux « ébaubis » quand ces propos d’une intelligence, d’une lucidité et souvent d’une cruauté rare, sortent de la bouche, non d’un homme, mais d’une femme.
Alors vous voulez bien jouer avec nous ? On dirait que... Bon voyage à toutes, à tous. Bon spectacle. »
Raphaëlle Saudinos
38, boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris