Présentation
Trois programmes en alternance
Calendrier
Le répertoire 1
Le répertoire 2
Le répertoire 3
Distribution
L'Ecole d'Opéra de Pékin
Une sensibilisation à la Chine
Il faudrait parler d'abord de notre relation aux grands théâtres d'Asie : au Kabuki, au Kathakali, à l'Opéra de Pékin, à tant d'autres. Chacun de ces théâtres cohabite dans notre mémoire comme un alignement de Bouddha géants dans une grande salle obscure. Une salle que l'on visite tous les dix, douze ans, en parlant à voix basse comme on le fait dans un temple. Ces grands Bouddha Théâtres sont forcément millénaires et sacrés. Les acteurs, forcément dieu vivant ou "trésor national vivant", sont les prêtres d'un culte dont le cérémonial est immuable.
Nous sommes plus visiteurs que spectateurs de ces théâtres de l'autre bout du monde. Nous n'assistons pas à une représentation, nous faisons une excursion. Le Kathakali a environ cinq cents ans, Molière et le Kabuki sont contemporains et l'Opéra de Pékin a à peine deux cents ans, une vraie jeunesse. L'âge compte bien peu en vérité. Ce qui importe, pour ne parler que de ces trois arts majeurs, c'est leur constante évolution, qu'ils sont populaires et que les acteurs en sont les maîtres, dans toute leur liberté d'acteurs. C'est par là que nous commencerons, pour qu'un art comme l'opéra de Pékin existe à nos yeux pour ce qu'il est et non par son exotisme. Pour qu'il nous soit plus familier, moins intimidant. Et la clé, pour ça, c'est l'acteur. L'acteur au bout du monde, si l'on veut. Avec tout ce qu'il a de différent mais aussi de proche, de si proche. Sun Wukong le Roi des singes, pourrait être un cousin d'Arlequin. C'est une chance inestimable de pouvoir assister à l'apprentissage de l'acteur dans une école de théâtre chinoise. C'est, véritablement, remonter aux sources de l'art théâtral, à la naissance de l'acteur. Pouvoir assister aux cours collectifs et individuels.
En chinois, "opéra de Pékin" se dit jingju. Le terme ne désigne pas un lieu mais un genre de spectacle devenu si populaire qu'il s'est hissé au rang d'art national. Fondé dans la capitale en 1790, il opère une synthèse originale de divers styles du théâtre chinois lequel, d’après les historiens, remonte à la dynastie des Yuan (1276-1368).
C'est l'occasion rêvée de dévoiler l'art de l'opéra de Pékin. Montrer le visage avant que le maquillage ne le dissimule, montrer le corps avant que le costume ne l'enveloppe. Assister à la transmission du savoir entre le maître et l'apprenti comédien, ce n’est possible que dans une école, et le regard que nous poserons ensuite sur le répertoire, avec masques, costumes et maquillages n'est plus du tout le même. C'est l'acteur que nous regardons. Si proche. Quelque chose s'est ouvert en nous. Nous n'allons pas devenir des experts en théâtre chinois mais notre regard en sera différent.
Il y a sept ou huit ans de cela, Tamasaburô, le très grand acteur de Kabuki effectua un voyage en Chine. Il était à la recherche d'acteurs jouant le rôle de l'onnagata, le personnage féminin dans le Kabuki. Sa quête est restée vaine, des acteurs de la trempe de Mei Lanfang n'existaient plus. Parmi tous les spectacles d'opéra de Pékin, de Kunqu ou d'autres théâtres chinois, c'est cette école qui le passionna. L'école fut invitée à Yokohama deux ou trois ans plus tard et la chaîne NHK réalisa un programme pour l'occasion. Tamasaburô est donc un peu à l'origine de cette aventure chinoise d'aujourd'hui, lui et d'autres, comme Thomas Erdos en France et Akihiro Miwa au Japon. Il ne s'agit pas de faire une démonstration d'école, avec acrobaties et arts martiaux. Lorsque ce projet est arrivé jusqu'à moi, je me suis demandé comment, en travaillant avec un élève, on pouvait révéler un acteur. Je me suis dit que la solution serait peut-être de mettre le professeur sur le plateau, que tout serait dans le regard échangé entre le maître et l'élève. J'ai pensé à Kantor, sur le plateau avec ses acteurs. Qu'au bout du compte, il reste le théâtre.
Patrick Sommier
Dans chacun d'entre eux, la première partie sera consacrée au travail d'acteur, individuel et collectif. Après une courte pause, la deuxième partie sera consacrée à des extraits du grand répertoire, en conditions de représentations (masques, costumes, maquillages). Certaines scènes seront montrées à la fois en répétition et en représentation.
Au total, une douzaine de scènes du répertoire seront représentées dans l'ensemble des programmes. En voici une liste partielle - le programme définitif n'étant pas encore établi.
« La rencontre avec le théâtre de Mei Langfang a été pour moi une rencontre à la fois bouleversante et vivifiante pour le grand art du Théâtre "Théâtre avec un T majuscule" il nous fait voir non seulement le mouvement mais l'action adéquate... Je remercie Maître Mei Langfang de me donner l'occasion de voir, encore une fois dans ma vie, un des plus grands acteurs. »
Stanislavski
Répertoire 1 : vendredi 7 janvier, mercredi 12 janvier, samedi 15 janvier, jeudi 20 janvier, dimanche 23 janvier, 25 janvier, 28 janvier, 2 février, 5 février
Répertoire 2 : 8 janvier, 13 janvier, 16 janvier, 18 janvier, 21 janvier, 26 janvier, 29 janvier, 3 février, 6 février
Répertoire 3 : 9 janvier, 11 janvier, 14 janvier, 19 janvier, 22 janvier, 27 janvier, 30 janvier, 1 février, 4 février
1 - Arrêter le cheval (Dangma)
L'histoire est tirée du roman classique chinois Les généraux de la famille Yang. YANG Bajie, la huitième fille de la famille Yang rencontre par hasard JIAO Guangpu au pays du Nord. Après un quiproquo finalement résolu, ils rentrent ensemble dans le Sud. C'est une pièce classique, qui nous présente les rôles typiques de femme guerrière (wudan) et de bouffon guerrier (wuchou), de beaux combats, diverses techniques de représentation (à cheval, la chaise) et des acrobaties...
Personnages : YANG Bajie, JIAO Guangpu.
2 - Le village de la famille Hu (Hujiazhuang)
L'épisode est tiré du roman classique Les bords de l'eau. La commandant HU Sanniang dirige la bataille contre les troupes du Mont Liang et capture leur général WANG Ying. Cette pièce est très représentative du rôle de femme guerrière. Le chant et la danse se combinent avec des techniques élaborées de sauts, de plume, d'armes... Le rôle est très exigeant pour l'actrice.
Personnages : HU Sanniang, WANG Ying, Le messager, Dadu, Les femmes soldats.
3 - L'Hégémon dit adieu à sa concubine (Bawang bie Ji)
Célèbre pièce de MEI Lanfang. Le royaume Chu et le royaume Han se font la guerre. Au moment de la défaite de Chu, la belle et tendre concubine YU Ji ne veut pas compromettre l'hégémon XIANG Yu, et se tue après une dernière danse d'épée et les chants d'adieu.
Les costumes, la coiffure et la chorégraphie de YU Ji ont tous été conçus par Mei
Lanfang.
Personnages : YU Ji, XIANG Yu, Les femmes soldats, Les soldats
4 - Le Roi des singes - Tapage au palais du dragon (Nao longgong)
L'épisode est tiré du roman classique Le voyage vers l'Occident dont le personnage principal SUN Wukong, le Roi des singes, est l'un des plus influents de la mythologie classique chinoise. Cette scène raconte sa visite au palais du dragon, qui se trouve au fond de la mer, pour emprunter une arme. Le malin Roi des singes vaincra le roi dragon et ses troupes marines et obtiendra son arme préférée - l'aiguille magique qui fixe la mer.
Personnages : Le Roi des singes, Le roi dragon, Le prince dragon, La princesse dragon, Le général crevette, Le général tortue, Les singes, Les soldats marins.
1 - SHI Qian vole le coq (SHI Qian tou ji)
Cette pièce s'inspire d'un passage du grand roman classique Les Bords de l'eau où les bandits de la montagne de Liang attaquent le village de Zhu. A la faveur de la nuit, Shi Qian s'introduit dans la petite boutique de la famille Zhu, il y vole un poulet qu'il dévore au grand dam du propriétaire de la boutique qui se réveille pour se défendre. La particularité de ce programme est la manière de représenter sur scène Shi Qian mangeant le poulet, une technique unique qui a été baptisée "Manger le feu". Cette technique, consistant à introduire dans la bouche du papier en feu en recrachant des fumées de toutes sortes, illustre bien les prouesses techniques dont sont capables les artistes de l’opéra de Pékin. Cet extrait se caractérise aussi par l'humour et l'esprit dont font preuve Shi Qian et l'Aubergiste à l'occasion de leur joute.
Personnages : SHI Qian, L'aubergiste
2 - Extrait de La légende du Serpent Blanc (Baishezhuan)
Voler l'herbe d'immortalité (Dao xiancao) Ce conte de la mythologie classique chinoise relate l'histoire d'amour entre BAI Suzhen, un serpent blanc immortel, et XU Xian, un jeune homme de notre monde. Dans cet extrait, pour sauver son mari Xu qui se meurt, Bai court tous les risques pour aller voler l'herbe d'immortalité qui est surveillée étroitement par le servant grue et le servant cerf. Différentes techniques sont présentées dans cet épisode, combats d'épées et acrobaties.
Personnages : BAI Suzhen, Le servant grue, Le servant cerf, Les combattants célestes
3 - Le bracelet de jade (Shi yuzhuo)
Histoire d'amour entre une jeune fille ingénue nommée SUN Yujiao et un bel homme, FU Peng. Victime d'un coup de foudre, Fu offre en gage à Sun le bracelet de jade qu'il a reçu en héritage. Les scènes de la vie quotidienne de Sun tels que les travaux de broderie et l'élevage des poules, sont représentées de manière imaginaire, c'est-à-dire, sans accessoire. La tendresse de la jeune fille exprime aussi tout le charme de l'opéra de Pékin.
Personnages : SUN Yujiao, FU Peng
4 - HONG Kui marie sa cadette (ZHONG Kui jia mei)
Zhong Kui, personnage mythique chinois, est un grand chasseur de diables. Homme de talent, il est méconnu dans ce monde, et dans l'autre monde, toujours franc et audacieux, il est devenu chasseur de diables. Il tient sa promesse et marie sa cadette à son frère juré. La scène représente le moment où ils se dirigent vers le lieu du mariage. En deçà des techniques de soufflage de feu et d'acrobaties, la pièce recherche une beauté dans la "laideur".
Personnages : ZHONG Kui, Grand démon, Les démons.
1 - La déesse répand des fleurs (Tiannü sanghua)
C'est une pièce du répertoire du grand maître MEI Lanfang. En se promenant et en appréciant les paysages célestes bouddhiques, la déesse répand des fleurs sur la terre qui symbolisent le parfait bonheur. Les chants et la danse sont imprégnés du classicisme de l'opéra de Pékin.
Personnage : Tiannü.
2 - Sanchakou (Sanchakou)
La pièce est adaptée d'un passage du roman classique Les généraux de la famille Yang. Dans une auberge à Sanchakou, pour protéger JIAO Zan et à cause d'un malentendu, le général REN Tanghui se bat avec le patron de l'auberge LIU Lihua. Le malentendu se dissipe finalement. C'est un grand classique des pièces d'action. Sur le plateau bien éclairé, on voit une scène obscure, le combat dans le noir total, la technique dite de "l'homme de petite taille", la technique de table.
Personnages : REN Tanghui, LIU Lihua.
3 -L'éventail emprunté (Jie shan)
Episode du roman classique Voyage vers l'Occident. Le moine veut traverser le Mont des flammes avec ses disciples. Le maître envoie SUN Wukong emprunter l'éventail Bajiao chez la Princesse à l'éventail de fer pour éteindre le feu. Le Roi des singes entretient de la rancune à l'égard de la Princesse, et la tâche est rude pour lui. On voit non seulement des sauts d'une grande difficulté, mais encore des combats très spectaculaires. C'est une pièce d'action.
Personnages : Le Roi des singes SUN Wukong, La Princesse à l'éventail de fer.
4 - Le combat aux quatre portes (Sha simen)
Le grand général QIN Huaiyu, afin de sauver le roi est prêt à risquer sa vie et il se lance à corps perdu dans la bataille. Dans l'impossibilité d'obtenir des renforts, il repousse à lui seul les forces ennemies aux quatre portes de la ville. Cette pièce se particularise par une technique propre à l'opéra de Pékin pour tuer l'adversaire sur scène. Cette technique dite de la "lance fleur" donne l'impression que la lance a une vie ou une âme qui lui est propre, se jouant de l'adversaire avec une facilité déconcertante en le faisant danser dans tous les sens. Toute la supériorité du général au combat s'exprime dans ses acrobaties et sa maîtrise des arts martiaux, son courage et sa loyauté.
Personnages : QIN Huaiyu, LUO Tong, GUI Su Wen, Quatre soldats, Quatre généraux étrangers, Quatre soldats étrangers.
Avec les élèves Zhang Yulai, Song Wenli, Zhang Jiying, Cheng Rong, Wang Hao, Wang Xin, Wang Yuzhou, Wang Yu, Li Zifeng, Zhou Enxu, Guo Xiaolei, Cui Zhi, Cao Yangyang, Yu Shuai, Qin Hongpeng, Zhang Chi, Jiao Hongbao, Wang Hechao, Zhao Tan, Han Yu, Chen Chen, Ma Yanyan, Zhang Xue, Guo Mingyue, Zhang Zetong, Xu Xiuna, Lu Fang.
Avec les professeurs Meng Xianda, Yang Meifang, Lang Shichang, Teng Li, Yin Peixi, Zhong Yong, Ying Yuqiu, Huang Peilin, Tian Junling, Wang Zhimin.
Les musiciens Cai Guoying, Zhou Zhiqiang, Hu Xifang, Hu Xiaopei, Hou Xiaojun, Zhao Xuebo, Liu Hai, Xu Zhiwei, Ma Yan.
L'Ecole a été fondée par de grands maîtres de l'opéra de Pékin : WangYaoqing, Hao Shouchen et Mei Lanfang. Depuis sa création en 1952, 53 ans ont passé et des artistes célèbres tel que Hao Shouchen, Ma Lianliang, Xu Lanyuan en ont assumé la direction et y enseignaient. L'école est aujourd'hui dirigée par Sun Yumin, une grande artiste originaire de Shanghai disciple du grand maître Xun Huisheng. Cette école porte la marque d'un de ses fondateurs : Mei Langfang (1894-1961), le plus célèbre acteur d'opéra de Pékin, spécialisé dans les rôles féminins, qui a conquis le public tant chinois qu’occidental. Dans les Années Trente Mei Lanfang a été invité en tournée en Russie, au Japon et aux USA. Stanislavski, Eisenstein, Brecht, Piscator ou encore Chaplin ont dit leur admiration pour cet immense acteur.
Cest à la suite de sa rencontre avec Mei Lanfang que Brecht travailla à son étude sur la "distanciation de l'acteur dans le théâtre chinois". Certaines de ces rencontres sont immortalisées par des photographies accrochées dans le musée de l'école. Récemment, c'est Tamasaburô, le grand acteur japonais de Kabuki qui a visité puis invité l'école à Tokyo. Depuis une cinquantaine d’années, plus de trois mille étudiants ont obtenu leur diplôme dans différentes disciplines : opéra de Pékin, opéra de Kun, opéra Ping, opéra de Hebei, marionnettes, acrobatie, musique, danse, beaux-arts, costume, éclairage, son... Chaque année, 200 élèves, venant de toute la Chine, sont sélectionnés. Ils sont admis dès l'âge de six ans sur concours. "Lorsque je repère des candidats de belle allure, de taille moyenne, ni gros ni minces, intelligents et habiles à l'oreille aiguisée, à la voix large et forte, en un mot talentueux, je les prends avec enthousiasme" précise Madame Sun Yumin.
L'école accueille au total 850 élèves. Ils apprennent leur spécialité tout en suivant des cours de culture générale, d'anglais et d'informatique. Après leur formation, ils intègrent des troupes et instituts artistiques dans toute la Chine. L'école est connue dans tout le pays, y compris à Taiwan, Hong-Kong et Macao. Elle s’est rendue en Corée, au Japon et en Russie et elle a participé à la cérémonie des Jeux Olympiques d'Athènes. Quelques élèves ont défilé dans le cadre des cérémonies de clôture de l'Année de la Chine en France. C'est la première fois que leur travail est présenté sur une scène française.
De génération en génération, la Chine fascine et fait rêver. Elle est à la fois lointaine et proche. Plus proche aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a encore trente ans de cela. La venue de l'école d'opéra de Pékin avec ses vingt-six jeunes élèves et ses professeurs est l'occasion de sensibiliser les jeunes de l'Ile-de-France et plus particulièrement de la Seine-Saint-Denis à la Chine, de découvrir ce pays et sa culture à travers une de ses plus prestigieuses écoles.
L'après-midi, l'école poursuit ses classes dans les salles de la MC93. Un parcours est proposé aux jeunes d'Ile-de-France. Il se compose de films sur Pékin et l'opéra de Pékin, de conférences données par Pascale Wei-Guinot (interprète-traductrice de chinois spécialisée dans les arts du spectacle vivant et le cinéma) et Lisa Bresner (sinologue spécialisée dans l'enseignement du chinois aux enfants - sous-réserve), d'une exposition de masques et costumes, de démonstrations de l'école et de rencontres avec les jeunes chinois.
Par delà son aspect proprement culturel, ce projet est également pédagogique. La démarche est avant tout celle d'une ouverture à un monde extérieur, ici la Chine, pays à la fois très différent et très proche. Le parcours proposé permettra aussi aux jeunes d'Ile-de-France de constater que la culture mondiale d'aujourd'hui n'est pas unique mais multiple et que, contrairement à bien des idées reçues, ce qui les unit aux jeunes chinois est aussi important que ce qui les sépare.
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)