Sous un chapiteau désert et les ricanements d’un chœur de Folles Divines, une tribu de clowns neurasthéniques s'essaye à la tragédie, en attendant joyeusement le déluge… Doit-on en rire ou en pleurer ? Le mieux est encore de ne pas chercher à s’y retrouver.
Le mythe d’Electre revu par Euripide, l’enfant terrible des tragiques grecs, frappe par sa modernité, sa radicale étrangeté. Sans chercher l’actualisation ni la reconstitution archéologique, cette nouvelle traduction en souligne la théâtralité ludique et musicale.
En déplaçant l’espace tragique dans le no man’s land des frontières, Euripide nous place d’emblée dans une zone mal définie, en équilibre instable entre burlesque et émotion. Le mélange des genres règne ; les artifices théâtraux sont impudiquement exhibés ; le code tragique malmené.
Pour répondre aux invitations du texte et toucher immédiatement le public contemporain, nous sommes partis d’un travail sur le clown et l’univers circassien. On trouvera peut-être bien peu sérieuse cette tragédie, ainsi débarrassée des casseroles de clichés qu’elle traîne depuis vingt-cinq siècles.
Mais quand bien même on voudrait pleurer : l’essence du tragique n’est-elle dans la chute, gag universel ? Dans la férocité du public venu rire des erreurs, des errances du comédien monté sur scène, armé de son seul dénuement ? N’est-elle pas, chaque jour, dans la folie de celui qui veut encore jouer, au lieu d’aller cueillir les fruits de la croissance ? Rions de ce joyeux bordel, où pointe l’inquiétude des lendemains qui déchantent. Le sang des Atrides coule encore. Rions.
Dans le cadre des Scènes d'été du 13 - 7ème édition.
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