Au crépuscule de sa vie, Emily Dickinson poétesse américaine de la moitié du XIXème siècle, recluse dans sa maison natale du Massachusetts, se remémore les figures familiales, amicales et amoureuses qui ont marqué son existence. Ce monologue, parsemé de poèmes, tente d'éclairer le mystère de sa vie et la beauté si moderne de ses écrits, découverts et publiés après sa mort.
Dans ma pièce, la vie d’Emily se présente comme un contrat délibéré avec la Nature et l’Art, le creusement prémédité d’un accès au désir créatif.
Je considère qu’une pièce avec un personnage unique est la seule forme qui convienne au récit de l’histoire d’Emily. C’était une recluse, une individualiste invétérée. Ajouter d’autres acteurs et actrices m’a semblé inutile. J’ai décidé que seule Emily raconterait son histoire, partageant avec le public le drame de la conscience d’un poète en une relation personnelle et intime. On me demande souvent d’expliquer le processus qui m’a mené à écrire La pièce. Ce fut un effort créatif fondé sur une recherche intense et méthodique.
Pendant deux ans j’ai lu et relu les différentes biographies d’Emily, les trois volumes de lettres, et l’édition en trois volumes avec variantes de ses poèmes. Pendant cette étude, j’ai pris un grand nombre de notes, choisi des anecdotes pour leur qualité scénique, des poèmes, et des extraits de lettres. Je les ai catalogués par sujet, réorganisés de façon chronologique, et les ai entrelacés pour donner l’impression d’une conversation, mêlant mes propres mots de façon à ce que les coutures ne se voient pas, avec le rythme et la couleur des mots d’Emily. Graduellement, l’histoire d’Emily a émergé, comme si elle la racontait elle-même.
La Belle d’Amherst est une histoire d’amour avec le langage, une célébration de tout ce qui est beau et poignant dans la vie.
En fin de compte, la timide Mademoiselle Emily écrivait pour le théâtre, c’est une évidence. Chacune de ses phrases évocatoires possède une texture théâtrale. Sur scène, les façons étranges d’Emily Dickinson prennent des qualités dramatiques, elles lui donnent un champ assez vaste pour les transmuer en « divine Santé mentale ».
Ainsi, le théâtre semble un médium parfaitement approprié pour rendre la vie et l’art d’Emily, et permet à l’actrice et au public d’ « escalader les Barreaux de l’Extase ensemble. »
William Luce
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