En route vers le Tokaïdo !

du 17 février au 30 mai 2000

En route vers le Tokaïdo !

CLASSIQUE Terminé

Le peuple japonais a toujours aimé voyager. A l’époque de Edo, il y avait une circulation ininterrompue entre les grandes villes et la province : la bougeotte s’était déjà emparée d’une grande partie de la population pour faire des Japonais ces grands amoureux des voyages que l’on connaît.

A propos de "En route vers le Tokaïdo !"
Note de mise en scène

A propos de "En route vers le Tokaïdo !"

Le peuple japonais a toujours aimé voyager. A l’époque de Edo, il y avait une circulation ininterrompue entre les grandes villes et la province : la bougeotte s’était déjà emparée d’une grande partie de la population pour faire des Japonais ces grands amoureux des voyages que l’on connaît aujourd’hui. Il parut alors de nombreux guides pratiques de voyage comportant les renseignements nécessaires aux voyageurs. Mais c’est à Jippensha IKKÛ (1765-1831) que viendra le mérite d’avoir su fondre un guide touristique dans un récit au comique truculent et d’en tirer une œuvre très drôle : "Le voyage du Tokaïdo" ou "Sur la route du Tokaïdo", route qui va de Tokyo à Kyoto en suivant la côte. Deux garçons en seront les héros, YAJI et KITA et resteront pour les Japonais l’archétype hilarant de deux gars pleins de malice et de naïveté, héros d’aventures picaresques aussi célèbres que Don Quichotte et Sancho Pança.

Ce récit fut publié pour la première fois en 1802. Pas plus que l’auteur, l’éditeur n’avait alors envisagé un tel succès pour un roman populaire. L’idée de faire trotter sur la plus célèbre voie du Japon ce couple inénarrable, obéissant aux lois incontournables du comique universel, le rendit immortel et, alors que de nos jours les voitures les plus rapides dépassent les touristes voulant faire le parcours à pied (comme de Paris à Chartres, par exemple), nos deux héros franchissent allègrement non seulement les étapes du voyage mais également celles du temps.

Et de l’ère de Edo, puis de Meiji, ils se retrouveront après avoir dépassé le XXe siècle, au printemps de l’an 2000, lançant des œillades aux jolies marchandes d’éventails regardant passer le Shinkansen, le train le plus rapide du monde, au pied du mont Fuji.

Le voyageur de l’an 2000 pourra s’arrêter dans une petite auberge de campagne où il sera accueilli exactement comme le furent les deux héros de Ikku. Car le Japon est un des rares pays qui a su faire coexister ses traditions ancestrales avec les technologies les plus sophistiquées des temps modernes.

C’est ce qui m’a donné l’idée d’en tirer un spectacle où le bon sens et l’humour sont universels et le demeurent toujours.

En France, la littérature japonaise est surtout représentée par des auteurs tels que Mishima, Kawabata, Soseki et les Français s’étonneraient bien si l’on comparait certains auteurs nippons à Goldoni et Rabelais. Jippensha Ikku a de Goldoni la fantaisie et la vivacité et de Rabelais, la truculence. Il me parait donc important de faire découvrir tout un côté de la littérature japonaise ignoré par les Européens qui mettent trop facilement l’étiquette "Zen" sur le Japon et qui ignorent que l’on peut aussi y trouver le plaisir de vivre.

Nicolas BATAILLE
Metteur en scène, acteur

Note de mise en scène

Avec le Tokaïdo, je désire présenter un spectacle dans lequel souffle réellement la vie des petites gens au Japon.

Comme l’écrit Monsieur Philippe Pons dans son étude magistrale "De Edo à Tokyo", - "l’art de faire rire au Japon est né dans le petit peuple et a été perfectionné par lui".

Je me suis donc référé aux techniques des Rakugoko, ces conteurs populaires qui ont l’art de raconter en jouant tous les personnages avec pour tous accessoires un éventail, une petite serviette de coton et des centaines d’expressions du visage qui déclenchent tous les ressorts du rire. C’est d’ailleurs en jouant un spectacle de Rakugo que l’idée m’est venue de monter le Tokaïdo avec cette technique mêlée à celle des Manzai (les Manzai, toujours au nombre de deux, dévoilent par leur comique de situations et leur style de narration les aspects surréels de la réalité quotidienne).

A ces deux techniques, viennent s’ajouter les Enka, genre de chansons propre au Japon dont les mélodies ont un caractère lancinant prononcé.

Ces trois aspects des arts de la ville "ville basse" à Tokyo, s’expriment dans de petits théâtres, les Yossé, fréquentés par le peuple comme le furent certains théâtres de notre boulevard du Crime au XIXe siècle. Mais les Yossé, eux, subsistent toujours.

Voilà pour la technique du jeu.

Pour les décors, des panneaux mobiles décorés dans le style "à plat" des estampes de Hiroshigué seront changés en cours de jeu par un Kuroko (serviteur de scène vêtu de noir et qui portera également les accessoires et les éléments de costumes aux deux comédiens - Rakugoka-manzai - qui joueront non seulement les deux héros de la pièce mais également les personnages épisodiques, aidés par le Kuroko qui ne dédaignera pas, de temps à autre, de prêter sa voix et son visage revêtu de masques divers pour compléter la distribution : 28 personnages qui évolueront autour de nos deux comparses.

Ce "Frégolisme" est d’ailleurs également une tradition dans le théâtre japonais, particulièrement dans les spectacles de Kabuki où les changements de costumes à vue sont un attrait particulier pour les spectateurs.

C’est donc à partir de toutes ces références sur les spectacles nippons que j’ai particulièrement étudiés pendant mes nombreux séjours à Tokyo, que je construis ma mise en scène et établis le jeu d’"En route vers Tokaïdo !".

Les trois comédiens ont déjà travaillé dans cette technique pour mon dernier spectacle "Yossé-Cabaret Japonais". Le décor à transformation sera imaginé par un décorateur japonais, ainsi que les costumes.

 

Nicolas BATAILLE
Metteur en scène, acteur

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Théâtre de la Huchette
23, rue de la Huchette 75005 Paris
Spectacle terminé depuis le mardi 30 mai 2000

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